« Je chanterai la belle Vénus à la couronne d'or. Elle a pour empire les bords de file de Chypre, où le souffle humide du zéphyr la transporte sur une molle écume à travers les vagues mugissantes de la mer. Les Heures aux riches bandeaux la reçoivent avec allégresse et l'ornent de vêtements divins : sur son front immortel elles placent une belle couronne d'or admirablement travaillée, dans ses oreilles percées des bijoux d'orichalque, enrichis d'or pur ; elles environnent son cou délicat d'un collier d'or qui retombe sur sa blanche poitrine, admirable collier que portent les Heures elles-mêmes quand elles se rendent aux danses des dieux et dans le palais de leur père. Sa toilette achevée, elles conduisent cette déesse dans l'assemblée des immortels. Ceux-ci la saluent et lui présentent la main. Chacun d'eux désirerait conduire en sa demeure cette aimable vierge pour en faire son épouse, tant Cythérée couronnée de violettes leur semble digne d'admiration. » (Hymne V - Homère)
La déesse se prélassait dans un long fauteuil. Entourée par ses compagnes, les Charités, elles bavardaient avec entrain.
Le palais d'Aphrodite rappelait la déesse, décoré avec une grande finesse et beaucoup de soin, orné de couleurs claires comme l'écume où elle avait prit vie. Le lieu était lumineux et les nuages dansaient juste devant la déesse.
Nasha, elle, avait les yeux rivés sur le monde d'en-bas. Plusieurs mois s'étaient écoulés depuis qu'Aphrodite était venue la chercher faisant d'elle son héritière mais une question persistait dans son esprit.
— Aphrodite ? Croyez-vous toujours à l'amour ?
La déesse ne semblait pas s'attendre à de telles interrogations. Elle se leva et vint s'asseoir à côté de Nasha, à même le sol, les pieds dans le vide, le monde des mortels juste au-dessous d'elles. Elle avait pris l'apparence d'une jeune fille à peine plus âgée que Nasha, aux longs cheveux blonds tressés par des dizaines de petits coquillages aussi petit qu'un ongle. C'était là, l'apparence qu'elle revêtait le plus souvent lorsqu'elle n'était pas sur Terre où elle se changeait alors en la femme la plus belle du monde pour plaire à son interlocuteur. Tantôt brune, tantôt rousse, yeux verts, yeux ocres, fine ou plus ronde, elle savait déceler la beauté dans chaque être.
— J'ai cessé de romantiser le monde il y a bien longtemps. J'ai trop entendu les pleurs des cœurs brisés et les cris de ceux qu'on abandonne.
— À quoi bon tout ça alors ?
— C'est notre travail. Croire pour ceux qui ont abandonné. Croire en l'amour d'une mère, d'un père, d'une sœur, d'un ami, d'un amant, l'amour que l'on se porte à soi-même. Il y a tellement de formes d'amour que celui-ci ne disparaîtra jamais vraiment. Tu ne deviendrais pas simplement la déesse de l'amour, tu deviendras aussi sa protectrice. De toutes les formes d'amour.
Une autre question vint à l'esprit de la jeune apprentie.
— Vous êtes mariée à Héphaïstos.
Aphrodite hocha la tête et ne put cacher le sourire rêveur qui traversa alors son visage angélique.
— J'ai aussi entendu parler de votre histoire avec Arès.
Elle avait entendu les chuchotements et les remarques sur le lit défait de la déesse et les nombreuses visites du dieu de la guerre. Était-il sage de se mêler aussi intimement de la vie de la déesse ? Probablement pas. Nasha regretta presque immédiatement ses paroles.
— Je sais ce que disent les mortels de moi, je sais les noms qu'ils me donnent et la réputation qui me court après. Je ne laisserais pas juger par qui que ce soit. Je suis la déesse de l'amour et j'aimerais qui je veux à ma façon ou n'aimerais pas si tel est mon désir.
Les mots d'Aphrodite tournèrent longtemps dans le cœur de Nasha.
Elle pensa alors à la fille qu'elle aimait et qu'elle avait laissé sur Terre. Au garçon qu'elle avait souvent embrassé à l'ombre de son dattier préféré. À sa petite sœur et à son sourire innocent. À son grand-père et à ses histoires sans fin. À sa mère et aux hommes qui avaient essayé de lui arracher l'amour par la force.
Pour tout ceux à qui elle n'avait pas eu le temps de dire au revoir, elle se promit de protéger l'amour à tout prix. Pour eux.
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La chute de l'Olympe
FantastikLes Moires ont prophétisé la fin de l'Olympe. Les douze dieux grecs doivent descendre sur Terre pour trouver les mortels qui prendront leur place. Zora, élue d'Hadès, arrivera-t-elle à déjouer les pièges que cachent les Enfers et à trouver sa place...