La chute de l'Olympe

Chapitre quatre

— Vous avez d'autres surprises du même genre ?

Zora marchait aux côtés d'Hadès sans quitter le dieu du regard. Il y avait quelque chose de fascinant chez lui. Peut-être était-ce dû à sa condition divine, son aura puissante et son maintien royal. Mais la tristesse qui flottait dans son regard la déstabilisa. Le prix d'une vie entière passée aux Enfers.

— Quelques-unes, avoua Hadès.

— Où allons-nous ?

— Cesse d'être aussi impatiente.

Les âmes qui étaient descendues de la barque avec Zora les suivaient sans leur prêter grande attention. Des deux côtés du sentier coulait un deuxième fleuve. Différent du Styx, son eau transparente permettait de distinguer le fond. Des pleurs s'en échappaient en continu.

— C'est quoi ce bruit ?

À l'arrêt Zora tendit l'oreille. Un drôle de bruit lui parvenait, un son à mi-chemin entre un grognement et un jappement qui résonnait dans la caverne.

— Une autre de mes surprises.

La surprise en question ne fut pas difficile à manquer. Au détour d'un virage, un monstre aussi haut qu'une montagne leur fit face.

— Cerbère, souffla Zora.

Le chien à trois têtes gardait des portes de sa taille. Deux immenses serpents décoraient l'entrée, au-dessus une tête de mort les fixait de ses yeux vides. Le ton était donné.

Deux des têtes de Cerbère reniflaient tour à tour les âmes en fil indienne qui souhaitaient passer les portes. La troisième tête, celle située à gauche, se mit à aboyer si fort que le sol trembla sous les pieds de Zora.

La jeune fille n'osa pas avancer plus et Hadès se retourna vers elle.

— Cerbère ne te fera pas de mal tant que tu es avec moi.

— Si vous disparaissez d'un coup comme tout à l'heure, je vous retrouve et je vous jette...

— Aux Enfers ?

Un rictus se dessina sur les lèvres du dieu et Zora ne savait pas si elle le préférait impassible ou moqueur. Aucun des deux, probablement.

Arrivés à hauteur du chien, la tête de gauche se mit à lécher le visage d'Hadès avec enthousiasme et Zora ne put s'empêcher de pouffer.

— Ça suffit, ça suffit, pesta Hadès en repoussant le visage du chien et Zora réalisa la force qui se cachait derrière son aspect humain. Perséphone les a rendu beaucoup trop conciliant.

À la mention de sa femme, le visage d'Hadès s'illumina et un sourire bienveillant passa son visage. Une pensée traversa l'esprit de Zora.

Les dieux étaient bien plus humains qu'ils n'osaient se l'avouer.

— Cerbère est le gardien des portes des Enfers. Il laisse passer les âmes et dévore les humains qui osent s'aventurer jusqu'ici.

Les deux têtes plus féroces s'approchèrent du visage de Zora pour la flairer à son tour. Elle pouvait sentir leur souffle fétide et fut ébranler par un haut-le-cœur.

— Dis à tes dobermans de me laissez tranquille !

Quelques secondes qui semblèrent durer des heures passèrent avant qu'Hadès ne rappelle Cerbère.

Le chien les laissa franchir la porte des Enfers et ce que Zora découvrit fut encore pire que ce qu'elle imaginait.

— Bienvenue dans ton futur royaume.