Elle n'était pas triste encore une fois, je ne lisais pas non plus de l'étonnement sur son visage et sur ses traits je voyais plutôt le dégoût dans sa façon de me regarder exposer mes reproches accompagné d'une colère euphorique. Elle ragait et me foudroyait des yeux, avais-je dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? Ou en avais-je simplement trop dit?
-Ton père il est mort! Ton père il est parti et t'as abandonné! Ton père n'est plus et t'en as jamais eu non plus!
Les larmes brillaient dans ses yeux, malgré toute la colère qu'elle dégageait et montrait. Elle criait, hurlait et se montrait forte. Elle pleurait et alors que je croyais que cela ne se produirait jamais devant moi, là tout de suite j'étais exposée à la scène.
- Alors je t'interdit de faire allusion à ce père comme tu dis.
En fait je ne faisais pas allusion à ce père je crois que dire que je parlais de lui était le terme approprié, c'est ce que je faisais et c'est aussi ce qu'il aurait fallu qu'elle fasse du moins c'est ce que je voulais. Au lieu de ça elle était totalement hors d'elle et s'était dangeureusement rapproché de moi, je n'aurais peut être pas dû après tout. Il fallait peut être mieux que ça reste seulement dans mon imagination.
Peut-etre bien....
-Ce père que tu essais d'enterrer figure toi que je l'ai vu, je lui ai parlé. Qu'elle genre de mère es-tu pour me cacher mes origines, dit moi.
- Je n'ai rien à me reprocher, absolument rien. Je t'ai élevé toute seule je te rappelle. Je suis une bonne mère à ce que je sache et ce n'est pas toi qui va me dire le contraire. Qu'est ce que tu sais de moi ou de ma vie?hein dit moi plutôt ce que tu sais de ce père dont tu parles?
Bonne mère on n'avait peut-être des des définitions opposées pour désigner le même terme, on n'avait peut être pas vraiment compris le sens du mot ou bien je me trompais, bonne mère, j'ai toujours pensé que les bonnes mères étaient ces genres de femmes courageuses et fortes qui sont toujours là pour rassurer leurs enfants, ces genres de femmes qui même lorsqu'elles avaient envies de pleurer se retenaient devant tout le monde, ces genres de femmes qui avaient beaucoup d'occupations mais qui trouvaient toujours ce moment de la journée pour dire à ses enfants qu'elles les aimaient, ces femmes qui jouaient à la fois le rôle de sœur, de mère, de confidente et de meilleure amie. Je me trompais peut-être... ou bien alors c'est tout juste que je n'ai jamais pu parler de ma mère en ces termes, je n'ai jamais pu la désigner comme une bonne mère,
peut-être parce qu'elle n'en était pas une.- Bonne mère pour qui dit moi, pour Evan ou pour l'enfant que tu portes en ce moment!?
La réponse elle me l'a donné, sur la joue droite plus exactement avec ce petit quelque chose en plus qu'on avait l'habitude de recevoir à la maternelle, la récompense pour la meilleure question. Je me suis souvent demandée ce que ressentait les gens qui se repprochaient silencieusement une chose précise, je me suis demandée comment ils faisaient pour ne jamais cesser de se faire du mal et je n'ai jamais trouvé une réponse plus concrète que la résistance et le courage mais aussi je dirais l'espoir. L'espoir qu'un jour ou l'autre ça s'arrêtera. Je me suis aussi demandée ce que ça faisait de se faire violemment giflé alors qu'on avait raison sur un certain point,par faute peut être d'avoir un peu trop de raison. je ne l'ai pas su sur le coup et je crois que j'aurais peut-être dû restée dans l'ignorance et y mourir au passage.
- J'ai donc raison après tout... je te déteste!
Dispute, j'appelerais plutôt ce qui vient de se passer exposer de chimie, c'est dans ce cours que je n'ai jamais pu arriver à comprendre quelque chose, et c'est aussi dans ce cours que j'ai appris ce que C'était que le psychique ou la biochimie, tout ça pour dire que je n'avais rien compris à ce qui venait de se passer.
Je suis donc montée dans ma chambre comme un zombie, avec simplement un sentiment lourd sur l'estomac qu'à chaque pas dans l'escalier me pressait un peu sur le sol. Je crois que sur le coup j'avais besoin de lui crier que je la détestais, j'avais besoin de la blesser et de fermer les yeux tout en me disant que j'ai marqué un point, que j'avais touché au gros lot en la voyant triste parce que j'en étais la cause. J'aurais été fière, fière de l'avoir fait mais elle s'était comme préparée pour l'attaque, elle savait très exactement ce que j'allais dire et s'était armée bien avant.
Je crois que C'était le bon moment pour le faire, pour pleurer comme je ne l'ai jamais fait auparavant, je crois que C'était le moment de hurler que je déteste ma vie, de craquer et de me laisser aller contre mon lit. Mais rien de tout cela ne m'emparra sur l'instant, l'habitude me faisait défaut gravement, je ne pleurais presque jamais, je n'étais pas non plus dépressive comme certains, je me contentais seulement de glisser dans mon lit et de passer le temps qu'il faut pour oublier ce qui me tracassais un peu. Je restais là sur ce fichu de lit de merde à contempler le plafond et à en dessiner le rebord dans mon cerveau, à regarder les petites fissures que maman ne cessait de dire qu'elle allait bientôt réparées. Je lui ai trouvé des tas de défauts à ce plafond et ils n'étaient jamais assez.
Pour une raison que j'ignore je me suis toujours très raisonnée avant de décider de rester sur le campus de la fac, au début j'ai douté, j'ai pensé à elles, Anabelle et maman, je dirais plus Anabelle mais sans le vouloir j'ai aussi pensé à elle. Je me demandais tout au fond si elles n'allaient pas me manquer, et quand j'ai pris la décision j'avais tout de suite su pourquoi et je n'ai jamais regretté une seule seconde de l'avoir fait. Ça me libérait des disputes continuelles entre ma mère et moi, ça me libérait des jugements qu'elle ne se gênait jamais de faire, de ses remarques toutes aussi stupides les unes que les autres, ça me libérait de la voir avec Evan et ensuite je pouvais aussi rentrer sans respecter un couvre feu.
Il était à présent une heure du matin, et j'avais faim. Une heure du matin... je me rend compte que je n'ai pas fermé l'œil et C'était voulu. Subitement la porte grinça alors que j'entendi sa poigne se resserer et s'ouvrir de temps en temps, quelqu'un entrait dans ma chambre. Elle était debout dans l'encadrure de la porte et tenait à la main une boite, elle pleurait. C'était la toute première fois, la première fois qu'elle avait laissé tomber son masque, la première fois qu'elle laissait quelqu'un la voir pleurer sans se retenir. J'étais étonnée, je ne sais pas si C'était le fait de la voir pleurer qui m'a plus ou moins choqué. ou simplement le fait de la voir dans ma chambre là tout près de moi.-Jess... je sais pas vraiment quoi te dire et je ne sais pas non plus par où commencer.
Je n'ai jamais pu être rancunière, pourtant un jour j'ai voulu hair Ben lorsqu'en maternelle il avait volé mes bonbons et me les avaient mis sous le nez comme un tromphé qu'il avait gagné, au départ j'étais en colère parce que ces bonbons grand-mère me les avaient à peine donner et je les collectionnaient et ensuite je me suis dit que ça n'en valait pas la peine et que ce n'était que des bonbons et je pourrais bien en avoir d'autres. Avec ma mère c'est pareil à la seule différence, j'ai hésité parce que je ne voulais plus savoir. Parce que on s'était tout dit à ce que je sache.
-Je crois qu'on s'est tout dit au dîner, maintenant je dois dormir.
- Alors tu n'as qu'à écouter... ce ne sera pas long.
Je n'avais pas trop le choix non plus elle était dans ma chambre et aussi j'étais fatiguée.
- Je n'ai jamais voulu te cacher tes origines, ça n'a jamais été mon but. Ce n'est pas que l'histoire d'un simple père qui m'a mis dans cet état. Ton père j'ai pas voulu te le cacher et je ne l'ai pas non plus fait. Tiens!
J'ai été attentive et j'ai écouté mais je n'ai rien compris, je n'ai pas cerné le pourquoi de ce qu'elle m'avait dit maintenant alors qu'elle a tout fait pour que je ne l'imagine même pas.
Elle me tend la boite qui était dans ses mains lorsqu'elle était entrée dans la chambre, J'hésite entre la prendre ou simplement ne plus penser à tout ça. C'est vrai, ces histoires dates de bien avant ma naissance, je me suis peut-être fait trop de soucis sur l'affaire. Mais je la prend alors qu'elle a déjà la tête ailleurs.- Toi tu n'as pas un passé, moi j'en ai un et ta grand-mère aussi en avait un... Demain on clarifiera les choses en attendant regarde ce qu'il y a a dans cette boite.
Sur ces mots elle partait déjà et était à nouveau dans l'encadrure de la porte, j'eu soudain cette envie de lui dire merci, merci de ne pas m'avoir laisser dans l'incertitude ou du moins merci d'être venu jusque dans ma chambre et de ne pas avoir écouter son orgueil, je sais qu'en d'autre circonstances il l'aurait remporté et elle ne serait peut-être jamais venue ici et s'expliquer.
Je me suis retenue, je l'ai laissé continuer sa route sans se tourner pour regarder en arrière. C'était peut-être mieux comme ça...
La boite était grosse et dessus était inscrit ma jeunesse, Celà devrait-il m'impressionner? J'ai commencé limpidement à fouiller en faisant attention à ne rien abimer. Les lettres amarrées en bloc avaient attiré mon attention, bizarrement il y a au moins deux piles de lettres amarrées chacunes dans un coin différent de la boite. Je les ai prises, je les avaient en main en une fraction de seconde après les avoir vues.Dans l'une il n'y avait que cinq et dans l'autre pile le compte m'avait échappé. J'en ai pris une en main, là peut-être que j'allais enfin savoir la raison de toute cette mise en scène, peut-être que je ne me poserais plus de question sur mes origines paternelles.
Mars 1976.
Je n'ai jamais su trouvé les mots, je n'ai pas pu te dire à quel point je regrette tout ce qui s'est passé à cette soirée, j'ai cru qu'on allait toujours être ensemble comme tu me l'avais promis. Je me rappelle encore de ce baiser langoureux qu'on avait partagé tous les deux, pour une fois là dans tes bras j'avais tout oublié, tout mais je me suis souvenue de l'essentiel...Notre enfant Frédéric, le notre je veux dire, celui qu'on a toujours désiré avoir. Cet enfant sera né d'un amour que j'aurai connu avec toi, d'un amour que j'aurai vécu avec toi. J'ai déjà pensé au nom, je l'appelerai Jonathan Michael Adams, comme on l'avait choisi près de la cet été là où on voulait se marier et fonder une famille. C'est tellement Malheureux que la guerre te m'a enlevé, il m'a privé de toi et j'aurai voulu te le dire en face et te raconter le reste. Dit moi si tu reviendras un jour? Si tu m'aimes toujours. La guerre j'espère qu'elle finira bientôt, j'espère qu'elle me laissera te voir et te serrer à nouveau dans mes bras. Honnêtement tu me manques beaucoup, Celà ne fait que quelques mois que tu es parti mais pour moi Celà fait déjà une éternité.Reviens moi comme tu l'avais promis
Je t'aime
Shella.

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Ma Névrosé.....
Roman d'amour~Il faut que j'arrête de vivre dans le passé et que je l'oublie mais c'est plus facile à dire qu'à faire je tiens beaucoup trop à lui pour enterrer le tout de mon passé.. Cette phrase elle l'a répété encore et encore dans sa tête. Jess doit peut êt...