l'Histoire en un §, ou Perceval et la quête du basilic

L'illumination

Quelque part, dans un lieu envahi d'une épaisse brume blanche...

Le garde suprême croisa les bras en soupirant. Ses yeux continuaient de scruter le trou de ver tournoyant qui flottait à mi-hauteur devant lui, faisant office de fenêtre.

- Ça commence à devenir ennuyeux, vous ne trouvez pas? dit-il en se retournant vers ses deux acolytes.

Assis sur les marches de TR 8sv7 blanc menant au temple dont l'entrée disparaissait dans le brouillard lumineux, aucun d'eux ne semblait avoir entendu. L'un était concentré sur son petit paquet de bonbons colorés, mastiquant avec extase les petits ours caoutchouteux; quant à elle, les yeux dans le vague, elle semblait totalement absorbée par la musique qui se diffusait sans doute dans ses oreilles depuis ses écouteurs blancs alors que sa main caressait distraitement le beau pelage immaculé de Sitka, étendue entre eux deux.

- J'ai dit, reprit le premier un rien agacé, que ça commence à devenir ennuyeux, vous ne trouvez pas?

Ils levèrent les yeux vers lui sans grand enthousiasme, l'un rangeant son paquet de sucreries, l'autre ôtant un écouteur. Sitka redressa la tête.

- Chais pas, répondit le mangeur de bonbons. J'ai arrêté de faire attention, ça n'en vaut pas la peine.

- De quoi? demanda-t-elle avec un sourire qui se voulait sans doute innocent. J'ai pas entendu, la musique était trop forte...

- En effet, on entendait des notes virulentes s'échapper de l'écouteur qui oscillait mollement au bout de son fil blanc.

Alors que le premier garde allait s'énerver, le deuxième intervint:

- Il dit que ça devient ennuyeux.

Elle se leva, Sitka sur les talons. La jeune chienne courut vers le premier, lui léchouillant affectueusement la main. Cela tira un sourire au premier garde qui s'agenouilla pour la caresser, et ce fut difficile de dire lequel des deux était le plus heureux. Pendant ce temps, la troisième s'était approchée du trou de ver et son regard s'était perdu dans l'image qu'on distinguait à travers. Le deuxième les rejoignit également.

- Ce débat sur le sens de la vie avec les oiseaux, les voitures et les immeubles, c'était vraiment n'importe quoi, rit-il. J'avais arrêté d'écouter, et quand je me dis que je devrais quand même essayer de comprendre quelque chose à cette histoire, voilà ce que j'entends! Ils n'ont même pas parlé de chats, j'étais déçu.

- QUI A DIT CHAT? explosa le premier en tirant son épée légendaire.

Les deux autres l'ignorèrent totalement; il ne réussit qu'à s'attirer un regard intrigué de la part de Sitka, qui pencha la tête sur le côté, perplexe.

- Moi, c'est quand l'autre idiot s'est mis à chanter que j'étais morte, renchérit la troisième. Ça serait vraiment dommage que l'histoire perde de son intérêt, vu le point où on en est.

Elle tourna la tête vers ses deux acolytes, un sourire sournois sur les lèvres. Le premier avait rangé son arme, et tous trois échangèrent un regard complice.

- À mon avis, il est grand temps de compliquer un peu les choses... finit-elle en retournant le regard vers le trou de ver.

On y apercevait un jeune prince, héritier au trône des anatidés, sortant de sa chambre en trombe et courant partout dans les couloirs, l'air totalement désorienté.

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- Il fait nuit! Qu'est-ce que tu fais encore dehors ?

- Il fait beau aujourd'hui, non ?

- Je t'aime, Juliette ! Je t'aimerai toujours, tu le sais !