Les insectes

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Six pattes, une tête, deux mandibules. Insecte.

Petit, feuillu et vert. Buisson

Jusque là, rien de bien méchant, on imagine sans peine une quelconque bestiole répugnante, sur une petite branche insignifiante d'un petit buisson tout aussi répugnant. Vous suivez ?

Bien, maintenant les choses se compliquent.

Cette merveilleuse petite créature, que vous avez si injustement qualifiée de bestiole ignoble, est en réalité un illustre représentant de la glorieuse Société Liberatorienne des Feuillus. Une civilisation florissante au milieu du vaste monde, protégé de sa barbarie et de son sadisme pas une épaisse barrières d'épines et de feuilles rigides, les Épieux et les Pavois.

« Dehors c'est la mort », sans doute cette maxime exprimait le mieux qui soit la politique actuelle de la Société. Et comme chaque dicton populaire, elle avait une part de vérité; aucun de ceux, bien rares, qui étaient partis n'étaient jamais revenus. Seuls les plus jeunes, poussés par leur fougue et la dévorant flamme de la curiosité, endoctrinés par la Solaris, secte anarchiste désireuse de prendre le contrôle de la colonie, s'étaient jamais risqués en Dehors.

Mais pourquoi donc vouloir sortir ? La colonie disposait de tout ce dont elle avait besoin à l'intérieur de ses Feuilles : colonies de pucerons, bassins de récolte de l'eau de pluie, quelques baies et les moucherons qui allaient avec...d'un point de vue purement pratique, c'était une véritable oasis au milieu de Plantes, un petit fragment de paradis, dehors, c'est la mort, pire,c'est l'enfer.

Architecturalement, une perle bien cachée dans sa coquille. Des passerelles de brindilles rayonnant d'une imposante structure centrale constituée d'un mélange de terre séchée et d'Épieux, renforçant la structure épineuse et prodiguant une protection contre d'éventuels intrus, bien que la colonie n'ait plus essuyé d'attaques depuis bien longtemps. Cette structure centrale n'étais que la partie émergée de la colonie, des kilomètres de galeries labyrinthiques s'étandaient là dessous. Les interstices entre les Pavois faisaient danser des rayons de soleils dans la structure et faisaient scintiller les Épieux de centaines de teintes irisées. Le tout fleurissait au-dessus des fermes de champignons multicolores et de pucerons que les Feuillus avaient construit en creusant des canaux dans le sol meuble et en plantant les quelques graines qui parfois passaient les Pavois.

Mais malgré toutes ces merveilles, toujours plus nombreux étaient ceux qui voulaient sortir. Il est vrai que les solariens avaient des discours convaincants, mais ils étaient terrorisants. Ils parlaient d l'exterieur, exhortant les foules à les suivre. Pire, ils suggéraient d'écouter la voix qui parfois se réveillait en nous. Des mots forts, des mots qui font peur, des mots interdits. Les gourous de ces fanatiques allaient même jusqu'à décrire des créatures géantes, titanesques, puissantes, colorées et, plus fou encore, se déplaçant sur deux pattes. Et si vous commettiez l'imprudence de leur tendre le bout d'une antenne, ils soutiendront qu'ils produisent des sons aussi puissants que des ouragans. Mais bon,comme jamais personne n'en était jamais revenu, donc on pouvait avancer n'importe quoi sans risques de contradictions.

Parfois la Cité accueillait des étrangers, mais ils n'avaient jamais le temps de parler avant d'être promptement exécutés.

Les citoyen de la Libérale étaient organisés en classes hiérarchiques fixes, que l'on gardait de la sortie de l'oeuf à la mort. Peu importe à quel point on se démène, on restera toujours au même niveau, et si un jour on faisait mieux qu'avant, on servait alors de nourriture aux champignons, car cela signifiait qu'on tournait jusqu'ici en sous régime. Chaque individu avait une tâche unique qu'il répétait tout au long de la journée, sans discontinuer.

l'Histoire en un §, ou Perceval et la quête du basilicOù les histoires vivent. Découvrez maintenant