XXV. Prendre le train en marche (Partie 1)

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Karaganos : la planète sable. Une sphère recouverte entièrement de déserts et de canyons arides. La chaleur y était intenable, en raison de l'orbite serrée autour du Feu d'Andrea, l'étoile régissant cette partie de la galaxie. Seules quatre villes co-existaient, séparées entre elles par des milliers de kilomètres. Pour permettre la survie des colons face aux températures mortelles, il avait fallu les construire chacune sous un dôme gigantesque.

La seule ressource de Karagonos, et l'unique raison pour laquelle Rombium, Byrithia et Baladys, unies sous le nom des Planètes du Coeur, s'y étaient intéressées, c'était le minerais de kimyryne. Il s'agissait d'un alliage à la fois doté d'une grande souplesse et d'une résistance remarquable à l'abrasion. Les meilleurs vaisseaux des flottes un tant soit peu puissantes avaient été fabriqués en allant puiser dans les profondeurs de Karagonos, à la recherche du moindre gramme restant de kimyryne.

Il faut bien dire que, outre son atmosphère étouffante et sa stérilité totale, la planète présentait un autre désavantage pour les colons : les karaganis eux-mêmes. Ils n'avaient pas grand chose d'humanoïde, marchant parfois sur les pattes arrières, parfois à quatre pattes. Ils n'avaient que trois doigts, munis chacun de griffes puissantes. Leurs crocs, dépassant de leur bouche en raison de leur prognathisme, n'étaient pas moins impressionnants. Leur peau était épaisse, parcheminée et de couleur jaune. Ils étaient parsemés de taches brunâtres le long du dos, et sur les articulations. Certains avaient des épines sur le crâne, mais aucun n'avait de poils. Ils étaient hargneux, brutaux, et peu soucieux de se plier aux conventions sociales que les colons avaient tenté de leur inculquer. Malgré tout, ils étaient venus vivre dans les villes construites par ces derniers. Car ils avaient un trait en commun avec les colons : la cupidité. Ils avaient donc accepté de céder une partie de leur ressources en échange des plaisirs et du confort apportés par les villes des colons.

– Je peux savoir pourquoi on a droit à un cours sur Karagonos, tout d'un coup ?, lâcha Doyle en baillant.

Brighton, qui était debout au milieu de la petite salle de conférence, frappa la table du plat de la main. Il changea l'image projetée au mur, avant de rétorquer :

– Cette planète est dangereuse ! On ne s'y risquera pas avant d'avoir étudié la situation à fond !

Le garçon fit mine de se lever de sa chaise puis, ayant croisé le regard meurtrier de Kopy, resta assis.

– Bien. Venons en à ce qui nous occupe, puisque certains ici sont incapables de se concentrer plus de cinq minutes !

La ville où Siv Njord s'était installé était la plus petite des quatre villes de Karaganos. Elle s'appelait Karides et comptait au total seulement dans les huit mille habitants. Elle avait abrité, dans le temps, la plus grande exploitation de minerai de Karagonos. C'était aussi le premier gisement à s'être épuisé. Les mineurs l'avaient donc délaissée et étaient partis vers des villes offrant de meilleurs perspectives.

Mais la fuite de la population était loin d'être le principal problème de Karides. Seize ans plus tôt, la ville avait été mise en quarantaine. Une épidémie s'était développée, et on ne pouvait y pénétrer que si l'on possédait les accréditations nécessaires et, accessoirement, une tenue de protection.

– Une quarantaine qui dure depuis seize ans ?, s'étonna Perry. On sait de quel genre d'épidémie il s'agit ?

Brighton secoua la tête.

– Secret défense. Tout ce qu'on sait, c'est que des ravitaillements arrivent régulièrement, conduits par l'armée.

Il poussa un long soupir.

Galaxy Blues - Une autre histoire de crevettes (Partie II)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant