III

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Le Jour du Mariage

À l’aube de ce jour tant attendu, un coup discret retentit à la porte de ma chambre. Les masseurs étaient enfin arrivés. J’avais passé une nuit blanche, l'excitation me tenant éveillée. Il était encore tôt, mais le soleil commençait déjà à baigner la pièce d’une lumière dorée. En robe de chambre, avec un sourire nerveux aux lèvres, j’ouvris la porte.

La journée s’annonçait splendide. Le ciel était d’un bleu saphir immaculé, comme pour bénir notre union. Le jour du mariage n’est pas seulement un moment marquant pour les époux, mais aussi pour toutes les personnes impliquées. Mon cœur débordait de joie. Je me sentais sur le point de m’envoler. Allais-je vraiment me marier avec l’homme que j’aime, mon Myke ?

Les masseurs, souriants et professionnels, commencèrent leur travail avec une précision et une douceur qui me détendirent instantanément. Pendant qu'ils massaient mes épaules et mon dos, je fermai les yeux, me laissant emporter par leurs gestes experts. Leurs mains semblaient effacer toute trace de nervosité, préparant mon corps et mon esprit pour les moments qui allaient suivre.

Une heure avant la cérémonie, les maquilleuses entrèrent, portant avec elles une multitude de pinceaux et de produits. Leur présence ajoutait une touche de magie à l’espace déjà empli d’une fébrilité palpable. Elles s’affairaient autour de moi, leurs gestes précis transformant mon visage. Chaque coup de pinceau, chaque application de couleur était comme une touche d'art qui me préparait à ce moment unique.

Quand le dernier coup de pinceau fut appliqué, je me levai pour faire face au miroir. Ce reflet m'était étranger. Mes joues, habituellement ternes, étaient maintenant lumineuses. Mes yeux, d’ordinaire un peu fatigués, brillaient d’une vivacité nouvelle. En face de moi se tenait une femme que je ne reconnaissais presque pas : belle, radieuse, pleine de vie. Un sourire se dessina sur mes lèvres. Je m’imaginais déjà, entrant dans l’église, sous le regard émerveillé de Myke.

Clayde et Brunos vinrent me chercher pour m’accompagner à l’église. Brunos, d’origine haïtienne, était un homme impressionnant. Son teint ébène et sa stature imposante ajoutaient une élégance naturelle à sa présence. Ses cheveux noirs, coupés court, mettaient en valeur son visage où brillaient des yeux profonds et pleins de sagesse. En Haïti, la façon dont on se présente aux événements importants reflète l’importance que l’on accorde à ces moments. Brunos, dans son costume taillé sur mesure, incarnait cette tradition.

Clayde, ma fidèle amie, était ma demoiselle d’honneur. Malgré notre différence d’âge, elle était devenue ma complice, ma confidente. Elle avait traversé tant d’épreuves, orpheline, son parcours m’avait touchée profondément. Je me souvenais encore du jour où elle était venue postuler chez l'HAB, les yeux pleins de détermination. Notre rencontre avait changé nos vies, et elle avait pris une place particulière dans la mienne.

— Et voilà, je vais perdre ma meilleure patronne," lança Clayde, sa voix trahissant une pointe de tristesse.

— Qu’est-ce que tu racontes ? Je serai toujours ta patronne," répondis-je en riant. "Ce n’est pas parce que je me marie que je vais tout laisser entre les mains de mon époux, hein."

Brunos, avec son sourire chaleureux, ajouta :

— Vous êtes ravissante, mademoiselle Néïdza."

— Merci, Brunos."

Les mots de Brunos, empreints de respect, reflétaient la culture haïtienne qui valorise l'authenticité et la sincérité. Le compliment n'était pas seulement une marque d'appréciation, mais aussi un hommage aux traditions et à la beauté de ce jour spécial.

A  La Croisée Des DestinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant