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Je regardai la belle demoiselle étendue devant moi, ses bras tendus dans une pose de salutation que j'avais apprise au cours de mes nombreux voyages à travers le monde. Ses bras longs et élégants semblaient formuler un message silencieux, empreint de respect et d'interrogation. Sa main, que je saisis délicatement, me rappela instantanément la même sensation que lorsque je l’avais transportée à l’infirmerie, la douceur de sa peau contre la mienne. Que faisait-elle allongée, nue et vulnérable, près du lac sous la lumière argentée de la lune ?

Je pris sa main avec soin, y déposant un baiser léger. La chaleur de sa peau se mêla à la mienne, et je ressentis une douce frémissante. Lorsqu'elle leva les yeux vers moi, le monde sembla s’arrêter un instant. Ses iris, d’un bleu profond et envoûtant, brillaient comme des étoiles dans la nuit, accentuant la beauté et la pureté de ses traits. Elle possédait un corps de déesse, avec des courbes délicates et une peau d'une douceur infinie. Je ne pouvais détacher mon regard de ses formes gracieuses, malgré moi. Nos regards se croisèrent, et ce fut comme un jeu silencieux où nous tentions de déchiffrer les pensées de l'autre. Ses longs cils noirs effleuraient ses yeux noisette, accentuant encore plus son regard captivant.

Elle rompit le silence, ses lèvres serrées trahissant une nervosité palpable.

— Euh... fit-elle, sa voix hésitante. Est-ce que je vous trouble ? Je sais que les femmes ne mettent pas longtemps à se mettre à mes pieds, mais je doute que vous soyez impressionnée sans un tour de charme.

— On m’a dit que vous m’aviez déposée dans une salle à l’infirmerie... je... je ne comprends rien. J’étais sur le point de me marier, puis je me retrouve ici, dans cet endroit étrange.

Elle est mariée, pensai-je. Voilà qui complique les choses, mais nous verrons ce qu'il en est.

— Ne déballez pas tout d’un coup, s'il vous plaît. Si je comprends bien, vous êtes mariée ?

— Oui... On peut dire ça.

— D’où êtes-vous ?

— D’Haïti. Je viens de Port-au-Prince.

— Très bien. Vous êtes donc consciente que vous vous trouvez au Mali ?

— Oui, et c’est justement ce que je ne comprends pas. Je suis à la limite de devenir folle. J’aimerais vraiment qu’on m’explique ce qui m’arrive, s'il vous plaît.

Je comprenais maintenant ce qui s’était passé. Sa soudaine apparition et le fait que je l’aie retrouvée nue au bord du lac confirmaient que le djinn avait encore frappé. Elle était, sans conteste, la plus belle des invitées que j’avais jamais reçues, bien qu’elle fût déjà mariée.

— En résumé, vous étiez à Port-au-Prince, prête à vous marier, et vous avez été transportée ici par le biais du djinn. Vous vous retrouvez maintenant au Mali, nue au bord d’un lac.

— Quoi ? Vous... vous m’avez trouvée nue ?

Elle semblait particulièrement mal à l’aise, bien que la nudité ne fût pas une nouveauté pour moi. Cependant, chaque corps a sa propre singularité, et le sien, avec ses courbes parfaites et sa peau satinée, était d’une beauté troublante.

— Ne vous inquiétez pas, je n’ai rien vu. N'est-ce pas, Primo ? dis-je à mon garde du corps, cherchant à apaiser la situation.

— Oui, Majesté.

— Je comprends maintenant ce qui vous arrive. C’est le djinn qui a agi.

— Djinn ? demanda-t-elle, une note d’incompréhension dans sa voix.

— Je vous explique. Au Mali, il existe des djinns, des esprits puissants, capables de transporter des invités depuis divers pays vers notre royaume pour des raisons particulières. Vous découvrirez vous-même le but de votre présence ici avant de pouvoir retourner d’où vous venez.

— Je ne peux pas rentrer tout de suite ?

— Je crains que non. La durée de votre séjour dépend de la mission confiée par le djinn. Cela peut durer un mois, un an, dix ans, ou même une vie entière.

— Non, non, ce n’est pas possible. Cela ne peut pas m’arriver à moi. Je ne suis pas militaire, ce djinn ne peut pas me faire cela. J’ai une entreprise à gérer, un mari. Il doit y avoir une erreur.

— Le djinn ne fait jamais d’erreurs.

— Donc, je suis coincée ici, dans un royaume dont je ne sais rien ?

— Tout à fait. Nous ne pouvons rien faire pour vous, mademoiselle. De toute façon, vous vivrez avec moi. Je vais faire préparer une chambre pour vous.

Elle était désespérée, mais je ne pouvais rien faire pour elle. Je comprenais que se retrouver dans un monde totalement étranger devait être déstabilisant. La seule chose que je pouvais lui offrir était de l’hébergement dans le palais, dans une chambre adjacente à la mienne. Il y avait quelque chose en elle qui m’attirait irrésistiblement, une beauté et une présence qui me poussaient à vouloir la garder près de moi.

— Primo.

— Votre Majesté.

— Faites escorter la demoiselle dans la chambre adjacente à la suite.

— Oui, Majesté.

— Il se fait tard, vous devez être fatiguée. Primo vous conduira à votre chambre.

Elle suivit Primo, et je ne perdis pas de temps à l’observer, de sa nuque délicate à la courbe envoûtante de son bas du dos. Oh mon dieu, quelle femme ! Ses courbes étaient d'une perfection rare, et je me surpris à être complètement captivé par sa silhouette élégante.

✨✨✨

Depuis ma chambre, je regardai Annabelle dormir paisiblement, sa respiration lente et régulière dans le calme de la nuit. Nous avions eu une nuit mouvementée. Il était 3 heures du matin, et je ne pouvais pas fermer l’œil. Mon esprit était préoccupé par la jeune femme dans la chambre voisine. Peut-être devrais-je aller vérifier si elle est réveillée. Mais si elle dormait encore, quelle excuse pourrais-je inventer ? Il était tard, et le djinn l’avait sûrement beaucoup perturbée. Je doutais qu’elle soit déjà éveillée.

Je me glissai hors de mon lit, traversai le couloir en douceur, et me plaçai devant sa porte. Appuyant mon oreille contre celle-ci, je n’entendis aucun bruit. Je me faufilai discrètement dans la chambre.

Elle était plongée dans un sommeil profond, enveloppée dans les draps légers. Je l’observai un moment. Ses cheveux en cascade sur l’oreiller formaient un halo autour de son visage délicat. Elle semblait si paisible, presque hors du temps. Son corps nu, sous la couverture, me fit détourner le regard par respect. Je me surpris à me demander ce qu’elle pensait réellement de cet étrange royaume dans lequel elle avait été projetée.

Je me rapprochai légèrement, hésitant. Je n’avais aucune raison valable d’être là, mais quelque chose me poussait à rester. Était-ce la magie du djinn qui continuait d’agir sur elle, ou simplement l’effet qu’elle avait sur moi ?

Je finis par me reculer, sachant qu'il valait mieux attendre son réveil pour en savoir plus.


A  La Croisée Des DestinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant