Chapitre 2.1

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Voyage au bout du monde

Fabienne avait toujours été une femme calme et responsable. Jamais elle ne s'énervait et gérait toujours les affaires de l'hôtel de campagne que lui avait légué sa mère. Elle s'occupait du ménage, de la cuisine et de la comptabilité : elle était perfectionniste et remplissait à merveille le rôle d'hôtesse. Jamais une cliente ne s'était plainte de ses services. Néanmoins, elle stressait toujours qu'une chose ne se déroule de travers et risquerait l'arrêt cardiaque si une telle chose se déroulait.
Elle se tenait tranquillement au comptoir de son hôtel, lorsqu'elle vit arriver un jeune groupe composé d'une femme accompagnée d'un homme en tenant une autre endormie, elle le frôla.
Que faisait un homme dans ce pays, leur étant exclusivement interdit, réservé à la gente féminine, ne tolérant pas ces individus néfastes au système féminin ? Cela ne faisait pas bon ménage, et surtout, pourquoi celui-ci tenait une jeune, qui plus est endormie ? Elle se demanda si elle n'avait pas affaire à un kidnapping, acte très rare, qui n'avait pas normalement lieu dans ce coin de campagne.
Elle prit peur et leur cria, car on lui avait toujours dit qu'elle était une femme de courage :
"Que faîtes-vous, que me voulez-vous ?
- Nous désirons simplement une chambre où nous pourrions la déposer, dît la jeune fille debout, en désignant celle que tenait le garçon, comme si la situation était normale, sans aucune absurdité.
- Vous êtes bien folle mademoiselle ! Vous ne semblez pas comprendre que vous êtes accompagnée de ... D'un homme ! Que fait-il ici ... Et pourquoi vous accompagne-t-il ? demanda la femme, interloquée par cette requête et par le groupe en général, mais rassurée car elle ne sentit pas d'agressivité dans la voix de la jeune femme. Néanmoins, elle considérait toujours le groupe comme suspect.
- Je crois bien que tout ceci ne vous regarde pas, répondit-elle en sortant une carte qu'elle tendit à la femme. Cette dernière, en voyant la dîte carte, changea totalement d'attitude. Elle leur proposa même un rafraîchissement et leur tendit les clefs de la plus confortable des chambres dont elle disposait.
Ainsi, Lydie et Marien déposèrent Brume dans la chambre, composée d'un lit deux places et de deux lits simples. Ils la couchèrent sur le plus grand lit, puis décidèrent à leur tour de se coucher, suite au long voyage qu'il avait effectué.
En effet, ils avaient traversé les régions françaises durant 3 jours, alternant les transports plus ou moins rapides pour arriver dans la campagne normande, d'où ils resteraient deux à trois jours, avant de prendre un ferry en direction de Douvres, où ils pourraient enfin circuler tranquillement, sans avoir à cacher le genre de Marien par une robe et une perruque qui lui allaient ridiculement bien. En effet, des îles de toutes les tailles avaient été réquisitionnées, pour que le gouvernement puisse avoir une localisation proche de tous les continents. Ainsi, le Royaume-Uni en faisait partie, on pouvait donc y croiser des hommes et des femmes mélangés, tous travaillant pour le Gouvernement. 
Durant le voyage, en partant de la campagne bordelaise où habitait Brume, Marien se souvint de ses cours, se disant que le monde n'avait pas réellement changé depuis le début du siècle. Il y avait eu certes des améliorations, mais on avait décidé de limiter le progrès, qui faisait augmenter les émissions de CO2. Mis à part une séparation des hommes et des femmes, une énergie propre et une limitation de la consommation, le monde était semblable à son ancien lui, en version améliorée.
En parlant d'ancienne personne, Marien se sentait étrangement différent, plus le temps passait, plus il se sentait changé, et l'accoutrement dont Lydie l'avait vêtu n'y était pour rien.
Aussi, Lydie lui avait expliqué pourquoi elle était venue le chercher avec sa sœur, et il se demanda même pourquoi il l'avait suivie. Cette fille était assez mystérieuse. Elle avait son âge et travaillait pour le Gouvernement. Elle lui avait expliqué que celui-ci avait une jumelle, et qu'on les avait séparés à leur naissance, au lieu de les envoyer dans un centre où étaient regroupés les jumeaux. Il avait d'abord été sceptique, mais il la crût, car lorsqu'une fille créé des épines avec ses mains, sans aucun effort, cela ne semble pas étonnant en comparaison. Néanmoins, les jumeaux devaient être placés dans des centres dès leur naissance, pour ne pas séparer deux frères et sœurs. Elle lui avait dit :
"Les jumeaux sont des personnes spéciales, elles ont des capacités génétiques, comme les épines de rose que je créé, ou encore la déformation du temps et de l'espace qui s'est déroulée lors de la récupération de sa jumelle.
- Tu as donc une jumelle ou un jumeau, en déduit Marien.
- Bravo Genius ! s'était-elle moquée, une jumelle précisément.
- Elle dispose aussi des mêmes capacités que toi ?
- Elle maîtrise le pouvoir de séduction, on nous appelle les jumelles de la rose, tu comprends pourquoi. avait-elle dit avec un clin d'œil.
- Ah, d'accord. Ce phénomène est quand même assez particulier, entre jumeaux, on ne dispose pas des mêmes capacités ?
- Non, jamais. Des capacités autour d'un même élément, mais jamais exactement les mêmes, entre jumeaux du moins.
- Je pourrais très bien avoir la même capacité avec un des deux jumeaux d'une autre "portée".
- Oui, mais elle ne pourra jamais être exactement la même, car la capacité de créé selon les conditions de la couveuse. avait-elle conclut.
- C'est intéressant, mais assez surprenant."
Marien continua à penser à toutes les choses qu'il avait récemment découvert. Malgré la situation, Marien ne trouvait rien de très inhabituel à celle-ci, comme s'il avait su que tout ceci allait lui arriver. Il regrettait quand même d'avoir laissé son vieil ami seul, mais pensa qu'il n'aurait plus à faire des choses déplaisemment illégales pour pouvoir survivre. Il ne se soucirait plus de l'argent, il serait nourri et découvrirait bientôt sa sœur, sa jumelle. Il n'aurait plus à se soucier de croiser son père, un océan les séparant désormais. Il se demanda, quelle serait la réaction de Brume lorsqu'elle apprendrait tout cela : regretterait-elle sa maison, sa mère, qui était en passant la sienne ? Et comment était sa génitrice, le seul terme pouvant parfaitement la définir par rapport à lui. Il se douta que Brume quitterait sûrement son cocon de richesse, qui était tout à fait inhabituel dans son monde actuel. Il remarqua alors que sa sœur et lui avaient vécus dans les deux extrêmes de la populations : il avait vécu difficilement, condamné par un ancêtre criminel remontant à plusieurs générations, car celui-ci avait pu remettre en cause l'équilibre du magnifique système dans lequel ils vivaient ; Brume avait vécu dans un cadre idyllique, descendante des créateurs du Gouvernement, avec une mère théoriquement haut placée dans le système. Il était le cafard, elle le papillon. Aucun d'entre eux ne faisaient partie des milliards de fourmis, travaillant également, cette partie de la population majoritaire, si normale, mais si enviable. Il se demandait aussi quelle était la place des jumeaux dans la société, si les centres dans lesquels ils étaient regroupés ne les excluaient pas, lui et ses congénères. Mais il se dit que l'avenir lui réservait sûrement un meilleur sort que s'il était resté là d'où il venait. Sur ces pensées, il s'endormit.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 31, 2019 ⏰

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