Chapitre 1

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Je courais, courais à en perdre halène, les larmes me montant aux yeux. Quand je vis la forêt verte se dresser devant moi, j'accélérai. La ville était loin ainsi que sa noble académie que je venais de quitter. Je pénétrais dans le bois quand soudain j'entendis un bruit sur ma droite, je me figeai, aux aguets, ma peine et ma honte soudain oubliés.

Après plusieurs minutes de silence et d'immobilité, je me détendis persuadée d'avoir rêvé et poursuivis ma marche tendant tout de même l'oreille pour capter un éventuel bruit suspect.

Je marchai dans la forêt depuis au moins 10 minutes, elle était constituée de nombreux feuillus et de quelques conifères. C'était la plus grande du pays. Elle était aussi très dense et il était facile de si perdre, bien que l'on y trouve quelques plans d'eau et de nombreux animaux qui constituaient une réserve de nourriture et d'eau abondante. Cette forêt grimpait le flanc de la montagne, surplombant Damerel, la capitale de l'Éstana. L'Éstana était un petit pays côtier situé entre le Boreas et le Kirvahna. Il n'était pas très peuplé mais était riche et avait une importance dans le monde du commerce, avantagé par ses nombreux ports et ses routes terrestres sécurisées. Cela permettait beaucoup d'échanges de marchandises avec les pays voisins. De plus la richesse du sol et la diversité du climat permettaient de faire pousser à peu près n'importe quoi. L'Éstana possédait une des plus prestigieuses académies du continent où même les plus grands hommes politiques étaient passés étant enfant.

Il faisaient très chaud en ce mois de Jarwa, bien que la saison des sécheresses ne sois pas encore arrivé. L'année était composé de 10 mois, Jarwa, Conlet, Sunmey, Lorey, Hummo, Tonwaa, Farway, Utan, Kangola et Yovizi. Ainsi que de 5 saisons : la saison des feuilles, celle des fruits, la saison des sécheresses, celle des pluies et celle des neiges. Une saison durée deux mois et un mois, 30 jours. Une journée, 25h00 et une heure 100 minutes. Le temps aurait put paraître long mais on finissait par si habituer.

Quand j'arrivai en haut de la montagne, je m'approchai des Grandes Falaises. Un arbre biscornu se tenait là, au bord du gouffre. Je l'escaladai et m'installai confortablement entre ses branches pour contempler le soleil se coucher par delà la ville, sur la mer d'Argonne. Son reflet s'étendait jusqu'à la plage de sable blanc ou se prélassaient encore quelques personnes, profitant des derniers rayons de soleil avant de rentrer chez eux. La ville scintillait de milles feu dans le crépuscule.
Je restai ici plus de trois heures à contempler la voie lactée un fois que le tiers de lune fut levé. Je décidai finalement de rentrer chez moi, il devait être 23h00 passé.

Arrivée devant l'imposante muraille qui ceinturait la ville, je me faufilai par la petite ouverture dans le mur pour éviter les gardes qui patrouillaient autour de l'enceinte. Je courus dans les rues désertes des quartiers pauvres. Ils étaient constitués de maisons de bois et de pierre pour la plupart. Quelques une se trouvait être des échoppes dont l'enseigne trônée fièrement au dessus de la porte. Les rues étaient sales et des gens dormaient à même le sol sur les pavés noircis par les âges. Je  traversai ces avenues en évitant les quelques mendiants encore éveillé, me faufilant dans les ruelles sombre et tendant l'oreille pour entendre un bruit suspect. Les kidnappings n'étaient pas rares dans cette partie de la ville. Je courus jusqu'à atteindre les avenues centrales où se dressaient de magnifiques villas. Je ralentis, une fois sûre d'être hors de danger. Je tournai dans un rue pour atteindre une place où se dressait une magnifique fontaine sur laquelle barbotait des sirènes de pierres. Une eau cristalline coulait du rocher où elles étaient assises.
Quand j'arrivai devant chez moi, toute essoufflée, je fis une pause pour évaluer la situation : la porte d'entrée devait être fermée mais de la lumière était allumée dans la chambre de mes parents adoptifs ce qui signifiait qu'ils étaient encore éveillés. Pour aller dans la mienne il fallait passer par le couloir principal, ce qui signifiait passer devant la leur, s'ils me voyaient je serais puni pour n'être pas rentrée manger. Je savais qu'ils n'étaient pas inquiets de ne pas me voir rentrer car je passais tout mon temps libre, seule, dans les bois ou chez ma meilleure amie et je rentrais parfois très tard. J'avais simplement l'interdiction de louper le dîner.

Je décidai donc de grimper la façade ouest jusqu'au balcon de ma chambre pour ensuite, crocheter la serrure de la porte-fenêtre. Je grimpai les cinq mètres qui me séparait de ma destination. Par chance ma mère n'avait pas eu la mauvaise idée de fermer la porte-fenêtre pendant la journée et je pus me glisser dans ma chambre en silence. Je me douchai avant de me glisser sous les draps. Demain je le sentais, allait être une grosse journée.

Le chant du loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant