J'entrai dans le village et regarda autour de moi, tout avait l'air si paisible.. Quelques enfants jouaient dans la rue, sous l'œil vigilant de leurs parents tout en jugeant les passants. Quelques jeunes filles étaient aussi de sortie, gloussant et papotant à l'approche de jeunes garçons, et les personnes les plus âgés étaient assis sur un banc contemplant le ciel et regardant l'activité matinale. Je me remémora les rues pavées, la grande fontaine sur la place principale, l'Eglise catholique d'un côté, et Juive de l'autre. Cette dernière était moins opulente, plus petite et cachée des regards. Depuis l'arrivée des Allemands en France, les Juifs n'étaient pas bien vus, et je m'en apercevait rien qu'aux regards des habitants. Sous ses airs de tranquillité, le village a peur. Peur des Allemands qui peuvent arriver d'une minute à l'autre et s'installer pendant un temps indéterminé; peur des représailles que les habitants peuvent subir si l'un d'entre eux cache un résistant ou a le malheur d'abattre un des "boschs".
J'arrivai finalement devant la synagogue tenue par le Rabbin Jakob et entra. Le lieu était vide, silencieux et assez froid; le lieu pourrait paraître lugubre avec le peu de fenêtre, mais pour moi, il m'était réconfortant. "Je me souviens d'y être passé beaucoup de temps" me dis-je. Je marcha le long de l'allée, contemplant les voutes arcboutées et les colonnes de calcaires blanches. Puis apparait un homme de petite taille, d'environ 70 ans et possédant des cheveux et une longue barbe grise . Il portait un habit tout de noir vêtu et l'habituel kippa.
"Ah! bonjour Lucille, comment vas-tu ? Ta mère t'envoie me donner des petits délices à ce que je vois? Elle me gâte beaucoup trop !" s'exclama Jakob
"Ah , euh oui, haha, voici le panier" Je tendai le panier au rabbin. Ce dernier l'examina avec un grand sourire
" une douzaine d'œufs, confiture de fraise, tranche de pain, et.." Le vieil homme sortit du panier quelque choses "une bière ! ". Sur ces mots, il dévissa le bouchon et bu goulûment le liquide, puis se débarbouilla. Je le regarda avec de grands yeux et se dit "tout ça à l'air si réel, est-ce vraiment un rêve ? "
"Tu remercieras bien ta mère de ma part hein ! Allons, tu viens me rejoindre pour prier?"
Je n'eut même pas le temps de répondre que Jakob m'empoigna et me conduit à l'autel, puis s'agenouilla en direction de Jérusalem, je fit de même et le rabbin commença la récitation du psaume du Roi David.Je ne savait pas quoi dire et garda les yeux ouverts, rivés sur mes genoux. Je ne me souvenait plus du texte et me sentait gêné de prier un Dieu dont je ne croyait plus .
Puis, un bruit se fit entendre, au début c'était un bourdonnement sourd, comme si cela venait de la Terre, puis le son s'amplifia et se rapprocha. Je tourna la tête en direction d'une des fenêtres et vit des dizaines de voitures avec des soldats, des allemands au vus de leurs uniformes. Je commençai à paniquer. Si ils me voyaient dans un lieu juif qui plus est en pleine prière, les allemands vont m'envoyer dans un camp.
"Ce n'est qu'un rêve, de toute façon, tu ne pourras les échapper, c'est ton passé, tu sais ce qu'il va se passer ... Et puis, si cela vire mal, cela ne se passe que pendant ton sommeil."
Cinq soldats entrent dans la synagogue en hurlant des ordres, d'autres arrivèrent et me saisirent ainsi que la rabbin .
" Vous ne pouvez pas faire ça ! vous êtes dans un lieu sacré ! Dieu jugera vos péchés ! " cria Jakob
"On en à rien à faire de ton Dieu des Rats sale Jude, s'exprima un des allemands avec un accent assez prononcé, emporter les et mettez les dans le camion. " Puis il reprit cette fois-ci en Allemand "Je veux que vous chopiez toutes les vermines de Juifs que vous trouvez, mettez les aussi dans le camion, puis interrogez les habitants sur ce qu'ils savent des résistants et si d'autres juifs se cachent !" Sur ces paroles, un commando de nazi se divisa pour s'introduire de force chez les gens, les maltraités et leurs crier des questions en allemand.
Je sentit le camion s'agiter sur les routes sinueuses et cabossées. Je regarda autour de moi et vit d'autres habitants: des jeunes enfants avec leurs parents, des personnes âgées, ou des adultes dans leurs plus bel âge. Certains pleurer, d'autres ne disait mots et fixaient leurs chaussures. Mais ce qui était certains, c'était que tous avaient la peur au ventre . Ils savaient ce qui leurs attendait, et moi plus que quiconque .
"Ils vont nous emmener dans un de ces trains en provenance de camp. me dis-je. Je m'en souviens.. Mon dieu, comment sortir de ce fichu rêve.." Je me pinça à plusieurs reprises sans succès. " Je suis vraiment entrain de me demander si je suis entrain de rêver ou si je suis morte en plein sommeil et que je suis actuellement en enfer.." .
Après deux bonnes heures de routes, les passagers descendent du camion et s'aperçoivent qu'ils sont dans une gare. Un train à bestiaux y est garé, et à la vue de cela, une femme d'une quarantaine d'année cria et tenta de fuir, mais une balle d'un soldat vint toucher la tête de la femme et cette dernière tomba raide morte. Je regardai le spectacle avec horreur et vit une foule poussé par les Allemands entré dans un wagon. Puis ce fut le tour de mon groupe. Une fois à l'intérieur du wagon, les portes se fermèrent et tout devient noire. A peine sont-ils entrés que l'oxygène commença à diminuer et la chaleur des corps amassés fit monter la température du wagon, en plus de la chaleur de ce mois d'Août .J'essayai du mieux que je pouvait de me détacher de cet amas de corps en agitation et je me colla au mur du wagon, la bouche haletante . Puis, je sentit un soubresaut, le train commença son voyage...
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Jusqu'au bout du monde
Historická literaturaAoût 1942. 4 personnes issus de pays et de cultures différentes arrivent en enfer. Un enfer appelé Majdanek, camp d'extermination et de concentration . Ces 4 personnes, devenus désormais prisonnier se lient d'amitié et planifient de s'évader du camp...