Je me reveilla dans le wagon plongé dans le noir, avec pour seule lumière, les rayons de soleil qui passait par les fines fentes de l'embarcation . Tout autour de moi, les autres voyageurs étaient pressés contre les murs du train, avec l'espoir de trouver un semblant d'air exterieur afin de respirer. L'oxygène manquait, et je regrettai vite le sommeil, qui m'aidait à oublier la souffrance de mes poumons . Je regarda les corps sans vie de mes compagnons d'infortunes au sol: morts d'asphyxie, de faim, de soif et même de fatigue. Les Allemands les ont placé de telle sorte et en telle quantité, que personne ne pouvait s'assoir ou s'allonger en même temps; de ce fait, les prisonniers ont instauré un temps pour s'assoir, chacun leurs tours. Les plus vieux, les jeunes enfants et les femmes enceintes possédaient plus de temps de repos, les plus vigoureux, les jeunes adultes, eux, moins de temps. Je reprit mes esprits et me dit:
"Si je suis censé être dans un rêve, je serai censé me réveiller chez moi.. et non de nouveau dans ce wagon. Que se passe t-il ? Pourquoi je ne me réveille pas normalement bon sang?! " Je commençai à paniquer et sentit des larmes couler.
" Je ne veux pas de nouveau revivre cela, s'il vous plaît.. " Après un temps , je respira du mieux que je pouvais et réfléchit. "Cela ne peut qu'être l'œuvre de Dieu. Oui, c'est ça. Il me punit. Punit du fait de mon manque de foi, punie de l'avoir abandonnée!" Puis je m'écria haut et fort. "Mais c'est toi qui as commencé ! toi qui nous as abandonné !" .Les autres voyageurs ne m' accordèrent pas un regard, le manque d'oxygène faisait jouer des tours aux cerveaux, et les remarques bizarres et loufoques n'étonner plus. Je me sentit désespérée, j'essayai de me remémorer combien de temps le trajet avait duré dans mes souvenirs. Le résultat était vague et ne m'avançait pas plus. D'ailleurs, combien de temps était passé ? 2 heures ? 1 journée ? 1 mois ? Je n'en pouvait plus. Je devait sortir de là.
* *
Le train s'était arrêté plusieurs fois, pour acheter des provisions et renflouer les wagons de prisonniers. Les soldats allemands leurs jeter de l'eau dans les wagons en guise de breuvage et les nourrissaient à peine. Dans les fentes de wagon, j' aperçut des organisations humanitaires: la croix rouge, principalement, qui essayait de négocier avec les soldats afin de donner aux prisonniers plus de vivres. Face à l'accumulation de ces bonnes petites dames, les boches ont laissé passer quelques une de ces femmes, ces dernières se précipitant vers le wagons pour donner du pain, de la viande sechée et d'autres aliments . Les bras des détenus, amaigris, passaient entre les fentes pour récupérer un semblant de nourriture. Affamée, je fit de même et réussit à récolter un quignon de pain et deux tranches de lard. Je les engloutit d'une traite, regrettant mon geste quelques minutes après. Le train a redémarré, pour on ne sait combien de temps de voyage . Un jeune homme nommé Thierry et qui se tenait à côté de moi, m'expliqua qu'il étudiait l'Astrophysique avant d'avoir été arreté par les nazi.
"Les boches m'ont arreté sous prétexte que je suis juif" expliqua Thierry " Pourtant je ne le suis pas, je suis même pas croyant. Moi, je ne crois qu'en la science."
"Pourquoi t'on t-il arrêté alors, si tu n'es pas Juif?" demandais-je, bien que parler était une torture avec un gorge aussi sèche que le désert.
" Et bien, parce que je descend de Juifs.. Mes grands-parents sont juifs. Donc mes parents aussi, même si ils n'étaient pas si croyant que ça.."
Après un effort, je demanda à Thierry : "Peut-être que ça ne concerne pas ce que tu étudies mais, est ce que tu sais combien de temps ont a passé dans ce four ?"
Thierry soupira, lui aussi exténué et la gorge desséché .
"Peut-être une ou deux semaines ... Je ne sais pas trop où on va, peut-être en Allemagne.. Certains disent qu'on va en Pologne. Il parait que c'est là où il y a Auschwitz."
"Tu penses qu'on va à Auschwitz?" demandais-je , sachant très bien que ce n'est pas la destination.
"J'en sais rien. J'espère que non. D'après certains qui se sont échappés, c'est un véritable enfer"
"De toute les manières, ils vont nous faire subir l'enfer, peu importe où nous irons..." soupirais- je.
* *
Les portes du wagon s'ouvrirent, laissant un flot de lumière extérieur submergé les visages des détenus. Je mis ma main devant les yeux, le soleil les brûlants, puis m'accoutuma à la lumière. Je vit les soldats prendre les prisonniers de force et les sortir de force du wagon. Certains tombent et prennent des coups de matraques sous les injures des soldats, d'autres obéissent, la tête baissée. C'est ce qu'optais-je. Je sait qu'il faut obéir, ne pas faire preuve d'arrogance, être soumise. C'était la meilleure issue pour survivre, j'ai déjà survécu comme cela la première fois.
" Obéis à ce qu'ils disent." murmurais - je à Thierry " Si tu leurs montre satisfaction, ils seront plus indulgents"
"Tu dis ça comme si tu l'avais déjà expérimenté.." il fut arrêté net par un coup de matraque dans le cou .
"Fais juste ce que je te dis, ok ? Si tu veux survivre, fais moi confiance."
Thierry me jeta un coup d'œil et hocha la tête, puis nous nous avancions vers les soldats chargés d'identification .
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Jusqu'au bout du monde
Historická literaturaAoût 1942. 4 personnes issus de pays et de cultures différentes arrivent en enfer. Un enfer appelé Majdanek, camp d'extermination et de concentration . Ces 4 personnes, devenus désormais prisonnier se lient d'amitié et planifient de s'évader du camp...