Chapitre 3

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  -N'oubliez pas de travailler régulièrement sur le cours de biologie fondamentale et passez un bon weekend ! lança ma professeure avec entrain, elle aussi heureuse d'arriver à ces deux jours de repos.

Pour ma part j'étais d'autant plus enthousiaste que ce soir je ne travaillais pas au restaurant, ma soirée se déroulerait donc en compagnie de mon appareil photo et d'un bon plat chinois à emporter. Je rangeai mes affaires et quittai mon école rapidement, m'engageant dans le chemin qui menait au vieux parc que j'adorais photographier.

Je pris quelques clichés de deux écureuils qui se tournaient autour, d'un vieux chêne dont le bois crépitait sous mon toucher, mais soudain une ombre attira mon regard qui dévia donc vers cette forme mystérieuse. Je brandis l'objectif en sa direction et trouvai le rendu assez énigmatique et intéressant. Je m'adonnai à la tâche de le suivre en tout discrétion, ses larges épaules se faufilant dans une rue mal éclairée et aux graffitis qui couvraient les murs. J'aimais le côté angoissant qui se dégageait de ces photos.

Je me dissimulai derrière le recoin d'un bâtiment et aperçus l'inconnu rejoindre dans cette ruelle un autre homme plus petit. Les deux échangèrent des paroles et je compris alors que je ne devrais probablement pas rester ici. Je fis demi-tour, serrant mon sac contre ma poitrine pour me protéger du vent frais d'octobre. Mais tout d'un coup, alors que je m'apprêtais à traverser la rue pour atteindre les nombreux petits commerces du quartier une poigne puissante m'attrapa le bras et vint me tirer jusque dans une allée sombre qui se terminait par une impasse. Je déglutis quand mon dos fut durement plaqué contre le mur de brique et que de longs doigts s'entourèrent autour de mon cou.

La silhouette qui se dressait devant moi était grande, élancée et musclée. Seulement un détail ne m'échappa pas : elle possédait des boucles se tassant sous une large capuche qui me ramenaient une semaine en arrière à cette fameuse soirée chez Lana.

-Harry, soufflai-je entre deux bouffées d'air, même s'il ne serrait pas ma gorge je me sentais étouffée.

-J'aime t'entendre prononcer mon prénom, il murmura lentement les lèvres proches des miennes et le rictus amusé.

-Et moi j'aimerais que tu t'écartes de moi.

Il gloussa de mon air mécontent, son pouce toujours contre mon gland tandis que son autre paume glissa le long de mon flanc causant à mon dos de se cambrer légèrement.

-Pourquoi me suivais-tu ? il compressa ma hanche et l'ombre de sa capuche le rendit tout de suite menaçant.

-Je prenais juste des photos je ne te suivais pas.

Ses yeux me dévisagèrent attentivement à la recherche du moindre indice qui prouverait que je mentais. Cependant il ne trouva rien puisque je demeurai de marbre face à son étude minutieuse, il n'allait pas me déstabiliser aussi facilement.

-Je n'aime pas les fouineuses dans ton genre, reprit-il finalement en s'écartant.

Je respirai enfin à mon espace personnel regagné.

-Pourquoi tu as quelque chose à te reprocher autre que ta vente de produits dangereux et toxiques ?

Un rire franc lui échappa tandis qu'il s'abaissa pour atteindre ma figure et me chuchoter la mine effrayante :

-Oh ma chère Gaia, il roucoula, cette vente comme tu dis n'est autre que l'activité la plus innocente que je pratique.

Je me figeai une minute à cette réponse à laquelle je ne m'attendais pas ce qui lui laissa assez de temps pour partir les mains dans les poches, sifflant un air d'une mélodie inconnue. Seulement une chose me tracassait quand je me souvins qu'au grand jamais je ne lui avais donné mon prénom.

(Im)morality H.SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant