Chapitre 5

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  Mes yeux plongés dans ma boisson, le liquide tournoyait sous l'action répétitive de ma main serrée atour du gobelet. Lana dansait autour de Harry qui fumait un joint sans vraiment lui porter attention, trop occupé à discuter avec Louis. Zayn, lui, alignait des lignes de drogue sur la table basse et alors que je l'observais faire je sentis une présence s'installer à mes côtés. Stefanie m'observait d'un œil curieux, ses longs doigts manucurés tapotant sur ses fines cuisses. Je levai un sourcil à son égard ce qui la poussa à ouvrir la bouche pour expliquer sa soudaine fixation :

-Je tenais à m'excuser pour hier soir, je n'étais pas de bonne humeur.

Je manquai de laisser échapper un petit rire, j'avais comme l'impression que de la voir heureuse s'avérait exceptionnel.

-Pas de problème, on a tous nos mauvais jours.

Même si je restais agréablement surprise par sa bonne volonté, je gardais des réserves sur ce curieux personnage.

Elle hocha la tête, dégageant quelques mèches blondes platine de sa vue avant de ne s'abandonner dans le dossier moelleux du canapé en cuir. Elle s'alluma une cigarette et me tendit le paquet que j'acceptai histoire de me détendre. Je n'en consommais pas régulièrement mais il m'arrivait de céder à la tentation. Je m'appuyai à mon tour contre le coussin, expirant un tourbillon blanchâtre hors de mes lèvres. Instinctivement mon regard se posa sur Harry qui me fixait déjà, un sourire en coin alors qu'il prenait une bouffée à son tour. Nous nous observions sans relâche, ce petit jeu du premier qui lâcherait l'autre m'amusait. Malheureusement Lana se plaça entre nous, me fusillant de ses iris brunes. Je soupirai fatiguée de sa jalousie qui n'avait pas lieu d'être, puisque je me retrouvais ici contre mon gré, et me levai afin d'étudier le grand tableau qui trônait sur l'ensemble de la pièce, accroché sur un mur blanc où les lumières jaunes se réfléchissaient. Ce dernier présentait un paysage à la Monet avec des couleurs fleuries, une verdure bien verte qui donnait presque envie de s'y étendre. Je trouvais beaucoup de similitudes entre la photographie et l'art d'un peintre : une photo gardait un souvenir dans une œuvre quasiment identique à la réalité mais dont l'auteur devait prêter attention à chaque détail afin d'obtenir le meilleur cliché possible et savoir à quel instant le prendre ; une peinture, quant à elle, exprimait la vision propre de son auteur, une vision beaucoup plus personnelle qui décrivait une réalité aperçue par une unique personne afin de la partager à d'autres.

Perdue dans mes pensées, je sursautai lorsqu'une voix prononça excitée :

-Bon les gars il est l'heure ! je me tournai vers Louis qui tenait un grand carton entre ses mains, il est l'heure de foutre le bordel, un sourire carnassier étira ses traits alors que tous exposèrent leur joie, excepté Harry qui ne répondit que d'un rictus cruel.

Zayn et les filles attrapèrent des battes de baseball, Louis se munit d'un club de golf et lança à Harry un long couteau aiguisé. Je reculai effrayée par tous ces objets qui sonnaient l'alerte chez moi, ces objets pouvaient en effet tous servir d'armes. Louis me fit signe de venir d'un coup de menton vers le carton presque vide sauf que je secouai vivement la tête.

-Je vous l'avais dit qu'elle briserait l'ambiance ! Lana râla et je ne manquai pas de la mitrailler de mes billes bleues énervées, bien qu'effrayée par ce revirement de situation.

Je sentis soudain des doigts glisser d'une douceur déconcertante sur mon flanc, créant derrière leur passage des filets électriques qui me firent vibrer de l'intérieur. Harry me détaillait la mine amusée sauf que lorsque je dérivai sur l'arme blanche qu'il tenait dans son autre main je me reculai vite.

-Qu'allez-vous faire avec tout cela ? dis-je finalement la gorge nouée.

Louis nous rejoignit, il me tendit un pied de biche et m'expliqua, Harry me dévisageant toujours l'air moqueur.

(Im)morality H.SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant