Chapitre 15

152 11 39
                                    




Après cette discussion assez mouvementée j'emmenai Harry dans la salle de bain pour nettoyer ses mains blessées. Pour une raison inconnue je souhaitais prendre soin de lui et l'aider à désinfecter ses plaies ouvertes. Il se laissa faire, m'observant juste tamponner ses entailles d'un coton imbibé d'alcool sans même sourciller face à la brûlure qu'il devait ressentir.

Mes joues chauffaient sous l'intensité de ses émeraudes qui analysaient le moindre de mes faits et gestes. Il me déstabilisait tant que ma cheville valide vacillait et je manquai plus d'une fois de glisser sur le carrelage en bougeant, j'accusais mon handicap pour ne pas lui montrer que lui seul me causait toute cette maladresse. Évidemment d'après le rictus qu'il arborait actuellement je devinais qu'il le savait.

  -Pourquoi as-tu fait tout ça ? parlai-je finalement en pointant les dégâts sur sa peau.

Il soupira et se retira de mon emprise, la légèreté qui habillait l'air quelques secondes plus tôt disparut et le Harry froid et distant revint vite au galop. Ses jambes se hâtèrent jusqu'en dehors de la pièce, ses poings se serraient si fort qu'ils se remirent presque à saigner. Je le suivis bien décidée à obtenir même un soupçon de ses états d'âme actuels.

  -Arrête de fuir pour une fois Harry !

Il s'arrêta, son dos face à moi tremblait et sa respiration emplissait la pièce de son bruit lourd et pesant comme s'il cherchait à se contenir une nouvelle fois, comme si le cahot qu'il avait causé en bas n'était que prémices de ce qu'il souhaitait réellement accomplir.

Je m'avançai doucement vers lui, hésitante et déterminée à la fois. J'osai attraper son poignet et forçai ses doigts à se desserrer lentement malgré la résistance qu'il y émit durant une seconde. Je les entrelaçai d'une volonté à lui prouver qu'il n'était pas seul dans sa souffrance, que je la ressentais aussi. Je me désespérais à vouloir le sortir de cette prison qui gardait au centre de ses barreaux acérés les véritables sentiments qui l'habitaient. Alors j'attendis ainsi, la paume contre la sienne dans l'espoir qu'il me dévoile ses pensées ou desseins. Je le contournai finalement sans pour autant lâcher sa main. Je n'avais jamais rencontré une personne comme lui, en totale détresse et à la recherche silencieuse d'un pilier sur lequel s'appuyer. Je supposais que son ex petite amie jouait ce rôle et lui permettait de survivre à cette vie d'enfer qu'il menait depuis je devinais le départ forcé de chez ses parents plus jeune. J'ignorais encore beaucoup de choses et même si je partais sur l'idée de le pousser à se révéler je ne souhaitais maintenant plus qu'être cette bouée de sauvetage dont il nécessitait tant.

  Non sans crainte je m'élevai sur la pointe des pieds et retirai doucement sa capuche, ses émeraudes d'abord affolées d'être découvertes se détendirent instantanément en trouvant les fonds bleus de mes iris. Mes pouces trouvèrent ses pommettes afin d'y dessiner des rotations apaisantes, m'assurant aussi que ma peau n'entrait pas en contact avec sa cicatrice pour ne pas le brusquer. Il s'abaissa pour me faciliter la tâche, son front humide trouvant le mien alors que mes doigts gagnèrent ses boucles pour y continuer leurs caresses.

  -Je l'ai tuée Gaia, il parla après quelques minutes, je suis un monstre pourquoi restes-tu ?

Je diminuai le peu de distance qui nous séparait puis d'une voix rassurante et confiante je répondis :

  -Tu n'es pas un monstre Harry. C'était un accident.

  -Tu ne sais pas à quoi tu t'exposes, j'émis un léger sursaut quand il attrapa ma hanche pour me rapprocher de lui, je ne veux pas que tu finisses comme elle, tu es, il se stoppa et replaça une de mes mèches noires derrière mon oreille, trop précieuse pour ce monde là.

Mes bras s'enroulèrent autour de son cou, nous bouches s'effleurèrent légèrement et toute ma raison s'envola quand je prononçai :

  -J'ai confiance en toi.

(Im)morality H.SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant