Chapitre 6

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  Harry nous dirigea à l'extérieur de la propriété, je tentai de rattraper ses foulées rapides qui nous menèrent bientôt entre deux bâtiments, un lieu d'apparence effrayante mais je savais qu'en sa compagnie je ne risquais rien, j'osais l'espérer du moins. Il me lâcha pour se placer sur le coin de lumière qui pouvait l'éclairer, le reste de la ruelle étant très obscure. Il ne me quittait pas des yeux et nous restâmes ainsi à nous contempler durant une longue minute avant qu'il ne daigne à enfin parler :

-Tu veux savoir pourquoi j'ai fait ça ? demanda-t-il en allusion au fait qu'il avait littéralement arraché mon maquillage.

J'opinai, muette et intriguée par ce qu'il pouvait m'avouer. L'excitation coulait à flot dans mes veines, mordillant ma lèvre inférieure sous l'impatience.

Il leva les mains au niveau de sa tête et dans un geste d'une extrême lenteur abaissa la capuche qui assombrissait son visage que je pus enfin découvrir réellement. Il me dévoila un teint très légèrement bronzé, des lèvres fines mais dessinées qui demeuraient figées en une ligne droite et des iris d'un magnifique vert clair qui détaillaient la moindre de mes réactions ; elles se dissimulèrent un instant sous leur paupière qui se pressèrent fortement. Je m'approchai pour mieux l'étudier, il expira comme mal à l'aise mais ne recula pas. Il était d'une beauté sans équivoque, ses boucles éparpillées sur son crâne et tirées vers l'arrière pour ne pas gêner sa vue lui accordaient des airs moins durs et plus attendrissants. Elles semblaient douces et je me retins de ne pas les toucher de la pulpe de mes doigts.

Puis mon attention dériva sur sa mâchoire saillante avant de ne longer son menton où une petite tâche de rousseur naissait au coin gauche de sa bouche. Et puis se fut en poursuivant mon observation que je la vis : une longue cicatrice traçait sa tempe et se prolongeait jusqu'au haut de sa pommette. À l'époque le résultat devait être sanglant, elle semblait avoir été profonde et très douloureuse. Je déglutis à m'imaginer les pires scénarios possibles quand sa voix retentit de nouveau :

-On ne rigole pas avec ce genre de choses.

Je me sentis soudainement honteuse, même si je ne pouvais le deviner je regrettais d'avoir réagi de la sorte.

-C'est pour ça que tu portes toujours une capuche ? il acquiesça et s'apprêtant à la remettre j'attrapai son poignet, je ne la trouve pas si horrible.

Il s'arracha de ma prise et faufila ses doigts tremblotants dans ses cheveux, ce geste anodin semblait si précieux à voir et je me trouvais flattée qu'il me confie ce droit. J'engageai donc de nouveau la conversation, peu assurée de ce que je comptais lui demander :

-Que t'est-il arrivé ?

-C'est une partie de ma vie que j'aimerais oublier, grommela-t-il avant de ne me pousser doucement contre la façade du bâtiment, je ne sais pas pourquoi je te montre ça.

-Que me veux-tu Harry ? demandai-je en ignorant la dernière partie de sa phrase.

Sa façon d'agir avec moi me troublait un coup il m'énervait et s'en amusait et un autre il devenait sérieux et à la recherche d'une certaine proximité.

Je n'obtins malheureusement aucune réponse, il se pencha afin de frôler mon nez du sien, sa respiration se mêlant à la mienne qui s'intensifia instantanément. Ses boucles chatouillèrent mon visage quand il s'appropria mon cou, y déposant un baiser qui me rendit fébrile. Mes jambes tremblèrent sous mon poids, je tentai de me glisser sur le côté pour échapper à ce supplice exquis mais son poing se renferma autour de ma gorge. Il ne la serrait pas mais cela suffisait à me maintenir en place pendant qu'il attaquait la partie sous ma mâchoire de ses dents.

(Im)morality H.SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant