Le lendemain, le réveil sonne bien trop tôt, comme d'habitude, mais Laurine qui grogne à côté de moi ne peut que me faire sourire. Elle n'aime se lever tôt que lorsque ce sont les pleurs de sa sœur qui la réveillent. Hors, Lydia se réveille plus tard que six heure et demi. Laurine se contente donc toujours d'un baiser sur son front avant de partir et moi j'embrasse sa joue.
- Debout, murmuré-je à l'oreille de la marmotte.
Elle enfouit sa tête entre deux oreillers et je passe ma main dans ses cheveux. J'adore sa chevelure blonde, elle est si douce et soyeuse. De plus, ses cheveux sont plus longs qu'à son arrivée et j'adore. Je préfère comme ça. Je dégage sa nuque pour y déposer un baiser et sens Laurine frissonner.
Elle soupire et se tourne sur le dos puis se frotte les yeux durant de longues secondes, avant de battre des paupières et de poser ses jolis yeux bleus sur moi. Je ne résiste pas et pose mes lèvres sur les siennes ce qui me ramène automatiquement au baiser d'hier soir. Après mes aveux, j'ai eu l'impression que ce baiser avait scellé une promesse. Elle ne m'aurait jamais embrassé de la sorte si elle ne ressentait absolument rien pour moi. Je ne dis pas qu'elle m'aime, je n'en ai pas la prétention de le faire. Je pense simplement qu'elle éprouve quelque chose pour moi. Quelque chose d'assez fort pour me faire confiance.
Lorsque nous nous levons, Laurine embrasse le front de sa sœur qui dort paisiblement et je l'attends dans la cuisine pour le petit déjeuner. La journée se déroule sous le même rituel : je prépare un thé pour elle et un bol de céréales pour moi, nous mangeons en silence, elle va se préparer dans notre salle de bain, et moi dans celle de ma mère puis nous partons au moment où ma mère se réveille.
En rentrant à la maison le soir, Laurine décide de prendre la place de ma mère pour terminer de donner le bain à Lydia alors j'en profite pour parler avec ma génitrice avant de me dégonfler. Je ne passe pas par quatre chemins et me lance franchement lorsque nous entrons dans la cuisine.
- Je tiens beaucoup à Laurine, Maman.
Elle me sourit tendrement et sort une casserole qu'elle remplit d'eau.
- Je le sais et moi aussi je les aime toutes les deux. Je suis vraiment heureuse que tout se passe bien entre vous.
Je dirais même que ça se passe très, très bien entre Laurine et moi. Ça pourrait néanmoins se passer encore mieux si elle acceptait d'être ma petite amie.
- Je dors avec elle en ce moment, lui dis-je tout en sachant qu'elle doit être au courant.
- Ça aussi je le sais ! rit-elle. D'ailleurs elle fait moins de cauchemars ces derniers temps, non ?
- Oui. Et puis quand elle en fait, elle commence à s'agiter alors je peux la secouer avant que ça n'empire.
- Mais elle te réveille.
Je hausse les épaules. C'est bien le cadet de mes soucis. Je ne fais pas de cauchemars, moi, alors je me fiche d'être tiré de sommeil. Si je peux aider Laurine d'une quelconque façon, je le fais volontiers.
Ma mère sort maintenant une poêle et commence à faire chauffer la viande lorsqu'elle s'interrompt soudainement et ancre son regard dans le mien.
- Est-ce qu'il se passe quelque chose entre vous deux ?
Je soutiens ce regard pendant quelques secondes avant de baisser les yeux, avouant implicitement que c'est le cas.
- Je suis sûre que depuis la dernière fois, tu n'as pas pensé une seule fois au baby-phone qui est toujours dans ma chambre.
Je relève la tête, la bouche grande ouverte et les yeux écarquillés. Comment j'ai fait pour avoir oublié ce truc durant tout ce temps ? Je n'y pense jamais ! Merde... Ça veut dire qu'elle entend tout depuis des semaines ? Oh mon Dieu. Je tente alors de me remémorer tout ce que j'ai pu dire à Laurine ces dernières jours mais j'ignore si ma mère a pu entendre des choses bizarres. Hormis pour hier soir. Ce qui voudrait dire qu'elle sait déjà qu'il se passe un début de quelque chose entre Laurine et moi. Alors pourquoi me poser la question ?
- Oui, tu l'as oublié, rit-elle en se moquant de moi. Ne t'inquiètes pas, ça fait longtemps qu'il est éteint.
- Donc... Tu n'as rien entendu ? demandé-je aussi hésitant que soulagé.
Cette fois, ma mère fronce les sourcils.
- Qu'est-ce que je n'aurais pas dû entendre ? Ne me dis pas que vous avez...
- Non ! m'exclamé-je subitement avant de baisser la voix : il y a seulement eu quelques baisers. Rien de plus, promis.
Elle se contente de hocher la tête sans dévier son regard du mien. Elle paraît rassurée.
- Et ça dure depuis combien de temps ?
- Quelques semaines... Je me suis dit que tu devais le savoir.
- Il n'y a que ça que je dois savoir ?
Je lève les yeux au ciel et m'adosse au plan de travail en croisant les bras sur mon torse.
- Je l'aime beaucoup, Maman. Et hier je lui ai demandé si elle acceptait de devenir ma petite-amie.
- Tristan... soupire-t-elle en s'approchant de moi. Même si elle va mieux ces derniers temps, elle est encore très chamboulée à cause de ce qu'il s'est passé, alors je ne sais pas si commencer une histoire d'amour serait une bonne chose.
- Mais...
- Je n'ai pas fini, me coupe-t-elle. Je sais qu'elle est bien avec nous. Je le vois. Contrairement aux premiers jours qu'elle a passé ici, son attitude est totalement différente. Elle va un peu mieux chaque jour grâce à Lydia, mais aussi parce que tu es là pour elle mais je pense que tu devrais lui laisser encore un peu de temps.
- Pourquoi ? J'ai envie d'être avec elle et de prendre soin d'elle. Si elle accepte, bien entendu.
Ma mère pose sa main sur ma joue et me sourit tendrement.
- Tu es amoureux d'elle.
Ce n'est pas une question mais je lui confirme tout de même.
- Oui. C'est mal ?
- Non, bien sûr que non. Je pense seulement que tu devrais lui laisser du temps.
- Si elle en a besoin, je lui en laisse. Elle n'a pas répondu à ma demande, et je lui ai dit qu'elle avait tout le temps qu'elle voulait pour réfléchir. Je lui ai même dit que je ne lui en voudrai pas si elle refuse et que ça ne changera absolument rien entre nous. Je n'ai pas l'intention de la forcer ou de l'inciter à accepter. Si elle refuse... eh bien, tant pis. J'attendrai. Mais c'est à elle de décider.
Ma mère soupire puis secoue la tête. Elle est perdue et ne sait pas comment réagir, mais je sais qu'elle ne s'opposera pas à ma demande. Je le vois dans ses yeux.
- Tu sais, continué-je avec un sourire en coin, c'est elle qui fait le premier pas parfois et qui vient m'embrasser.
Ma remarque la fait rire et je m'approche pour la prendre dans mes bras.
- Je l'aime vraiment, Maman, murmuré-je.
- Je le vois aujourd'hui. Fais seulement attention à ne pas la brusquer, s'il te plaît. Je ne veux pas avoir à tout recommencer depuis le début et elle n'en aura peut-être pas la force.
Je m'écarte un peu pour être face à elle et acquiesce.
- Je ferai n'importe quoi pour qu'elle se sente bien.
- Je l'espère.
J'embrasse sa joue.
- Je t'aime Maman.
- Je t'aime aussi, et je suis contente que tu m'aies parlé, même si tu t'es lancé un peu tard !
- Je suis désolé. Je te dirai tout à partir de maintenant, promis.
- Merci. Tu sais que je n'aime pas quand tu me caches de choses. Maintenant, aide moi un peu. Le dîner ne va pas se faire tout seul !
J'éclate de rire avant de me mettre au travail. Savoir que ma mère est au courant et approuve tout de même que je puisse être en couple avec Laurine dans un avenir proche, si elle l'accepte bien entendu, me soulage bien plus que je ne l'imaginais.
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Notre Secret
RomanceSa présence m'apaise. Il me fait oublier les ténèbres dans lesquels je suis plongée depuis cette terrible soirée. Il me donne l'impression d'être de nouveau moi-même, mais cette fille-là est morte il y a plusieurs jours, et je ne peux plus être heu...