Chapitre 58 : Laurine.

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Lorsque Tristan me rejoint dans le lit, il m'embrasse sur la tempe et s'empare de mon poignet gauche. Il joue quelques instants avec la petite chaîne, puis retourne ma main, paume face à lui. Du bout du doigt, il retrace lentement la ligne blanche que j'ai moi-même tracé il y a quelques mois.

- Je regrette, avoué-je d'une voix si basse que je me demande s'il a vraiment entendu.

- D'avoir fait ça ?

Je hoche la tête et ne dis plus rien. Tristan embrasse la peau fine de mon poignet, désormais décoré de ce bracelet doré.

- Tu l'as fait parce que tu voulais être avec tes parents, parce que tu ne savais pas que Lydia était vivante. Et tu regrettes parce que si les infirmières ne t'avaient pas arrêtée, ta sœur aurait été seule. Est-ce que j'ai raison ?

Entièrement raison. Tout est vrai. Il a deviné ce qu'il se passe dans ma tête en ce moment. Oui j'ai fait ça parce que je pensais être seule. Si on m'avait dit dès le début que Lydia était dans une chambre à quelques mètres de moi, je me serais immédiatement reprise en main. Jamais je ne me serais laissée aller, et j'aurais encore moins tenter de me tuer ! Jamais je n'aurais abandonné ma sœur. Jamais. Je regrette tellement d'avoir pris ce risque.

- Je voulais seulement mourir pour ne plus avoir mal, murmuré-je en reniflant.

Tristan capture une larme qui s'échappe avant qu'elle n'atteigne l'oreiller.

- Mais après, tu n'as plus recommencé.

Je secoue la tête.

- Parle moi, je t'en prie. Dis moi ce que tu ressentais.

C'est la première fois qu'il me demande explicitement de parler. Il ne l'a jamais fait auparavant parce qu'il me laissait toujours le temps et le choix d'ouvrir la bouche ou non. Là, c'est différent. Je vois qu'il a un réel besoin de m'entendre, alors je m'exécute d'une voix chevrotante tout en fixant le plafond.

- Je voulais seulement être avec ma famille. Quand les infirmières m'ont arrêtée, j'étais tellement en colère. Mais le lendemain et les jours qui ont suivis, je ne faisais plus rien. J'attendais. Je n'avais même pas la force de recommencer.

- Et quand tu es arrivée à la maison ? me questionne-t-il en entrecroisant nos doigts et posant nos mains liées sur mon ventre.

De ma main libre, j'essuie mes tempes humides et me frotte les yeux.

- Ici, il n'y avait personne pour me surveiller. Alors je me suis dit que je pourrais le faire.

- Mais tu ne l'as pas fait.

- J'ai failli le faire... avoué-je honteusement en tournant la tête vers mon petit-ami.

Ses yeux s'ouvrent en grand ; il est sous le choc. Je ne le laisse pas parler et lui explique en regardant à nouveau le plafond.

- Le lendemain de mon arrivée, le matin, je me sentais terriblement mal à cause de mon cauchemar de la nuit passée, mais je suis tout de même venue prendre le petit-déjeuner avec Nathalie. Puis tu es arrivé et tu discutais joyeusement avec ta mère. J'étais si jalouse, Tristan. Être témoin de ce lien familial m'a fait vraiment très mal et je ne sais pas si tu te souviens, mais je me suis rapidement échappée de la cuisine. Je suis allée dans la salle de bain avec l'intention de prendre ma douche, mais j'ai commencé à fouiller dans tous les tiroirs pour trouver quelque chose qui pourrait soulager ma douleur. Sauf que je n'ai rien trouvé. Vous aviez certainement enlevé tout ce qui était dangereux pour moi et ça m'a tellement énervée.

Je me souviens de ce jour comme si c'était hier et ça me fait mal rien que d'y repenser. J'avais été si en colère et jalouse d'être avec eux et non avec mes parents que j'avais tout fait pour trouver un objet pour m'aider. N'importe quoi. Mais il n'y avait rien.

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