Chapitre 69 : Laurine.

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Je me redresse difficilement et remarque seulement maintenant que l'inspecteur Travi n'était pas seul dans la pièce. Deux autres hommes sont là et tous trois me fixent attentivement. Je regarde à nouveau cette vitre et mon cœur se comprime encore une fois. Il est là. C'est bien lui. Jamais je ne pourrai publier ce visage.

Il est face à moi, assis sur une chaise, les avants-bras posés sur une table. Il semble regarder ses mains et paraît incroyablement détendu. Ses cheveux bruns sont plus courts, une courte barbe recouvre ses joues et lorsqu'il relève la tête et regarde la vitre, j'ai un mouvement de recul. J'ai l'impression qu'il me voit. Qu'il me fixe dans le blanc des yeux. Qu'il sait que je suis là. Mais je ne me dégonfle pas et m'approche de l'inspecteur. Des larmes silencieuses coulent encore sur mes joues.

- Je vous en prie, le supplié-je d'une voix erraillée par mes pleurs. Ne le laissez pas s'en aller. Il ne doit pas sortir d'ici.

- Est-ce que tu as déjà vu cet homme ?

- Oui.

- Quand ?

Il veut me l'entendre dire alors je m'exécute.

- C'est lui... Qui a tué ma famille.

Ces mots sont tellement difficile à prononcer mais je prends sur moi.

- Pourquoi as-tu dis le contraire mercredi ?

- Parce que j'avais peur ! m'écrié-je en pleurant de plus belle. Il me terrifie ! Chaque jour, chaque nuit, je repense à lui. Il est tout le temps dans ma tête. Je le revois, je revis ces moments. Son visage me hante. Je voulais parler mais il m'en a empêchée ce soir-là. Il m'a interdit de le faire. Et puis, Lydia est vivante. Ma sœur est encore là, alors si vous le remettez en liberté, il viendra terminer ce qu'il a commencé. Il n'y avait que moi qui devait survivre. C'était son plan. S'il apprend la vérité, il sera de retour pour Lydia, et même pour Nathalie et Tristan qui sont ma nouvelle famille à présent. J'avais peur qu'il revienne et qu'il détruise cette deuxième famille. Je vous en prie, ne le laissez pas s'en aller. Il a tué ma famille, et il en a tué deux autres en laissant un garçon dans chaque maison, comme moi. Je le sais, il me l'a dit. Il m'a tout raconté. Il m'a parlé de sa vie de ce qu'il a vécu. Je vous raconterai tout, je vous le jure. Dans les détails, mais ne le laissez jamais partir. Je vous en supplie.

Quelques secondes de silence suivent cette déclaration et Nathalie veut me prendre dans ses bras mais je la repousse. Il me faut une réponse.

- S'il vous plaît ! Vous devez me le promettre. Je peux tout vous raconter maintenant si vous voulez. Il est entré chez moi pendant qu'on était en train de dîner. J'étais à l'étage quand j'ai entendu sonner. Je m'occupais de ma sœur et...

- Il ne sortira pas, me coupe l'inspecteur en posant sa main sur mon bras. Je ferai tout pour qu'il ne fasse plus jamais de mal à personne.

Un soupir de soulagement s'échappe de mes lèvres et je me blottis contre Nathalie, pendant que l'inspecteur parle à ses collègues. Un poids énorme quitte mes épaules et j'ai l'impression de respirer pour la première fois depuis des mois.

- Je suis très fière de toi, ma chérie, murmure-t-elle avant d'embrasser mon front.

Je sais qu'elle le pense et ça fait beaucoup de bien d'entendre ces mots.

- Laurine ? m'appelle l'inspecteur.

- Oui ? réponds-je en me tournant vers lui.

- Tu peux rentrer chez toi. Tu en as fait beaucoup aujourd'hui alors repose toi ce week-end. Si tu es prête à parler, on pourra se revoir lundi.

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