Chapitre 64 : Tristan.

5.8K 542 19
                                    

« Un adolescent de seize ans a été retrouvé seul chez lui, entourés des quatre corps inanimés des membres de sa famille. Ses parents de quarante-quatre ans, sa sœur aînée âgée de vingt-trois ans et son petit frère de dix ans, ont tous été poignardés. Le jeune garçon, quant à lui, est indemne. »

Cet article date de treize ans. Quelques minutes plus tard, je trouve le nom de cet adolescent. Charly Basto. Il a un compte Facebook où il y a quelques photos de lui. Mécanicien dans un petit garage, il vit à une centaine de kilomètres d'ici, soit à environ cinquante kilomètres de l'ancienne maison de Laurine.

C'est lui. C'est forcément lui. Il n'a pas été le seul à subir cela dans cette période. Il y a eu un autre garçon huit mois après Charly Basto. Andy Portez. Même scénario : retrouvé seul au milieu des cadavres de ses parents et de ses deux sœurs. Une plus âgée que lui, l'autre plus jeune. Il était âgé de dix-sept ans mais s'est tué quelques jours après l'assassinat de sa famille.

Une autre jeune fille, Yasmine Nouta, trois mois avant les meurtres de la famille Basto, est toujours en vie. Mais Laurine m'a parlé d'un homme. Et il ne reste plus que ce Charly, qui a aujourd'hui vingt-neuf ans.

Selon les enquêteurs, le meurtrier de la famille de ma petite-amie doit avoir entre trente et cinquante ans et est un homme fort. Ce sont les seuls éléments qu'ils ont pu tirer de son assaut. J'ai vu ses photos et il a l'air d'être fort. J'ignore comment c'est possible mais les flics n'ont trouvé aucunes empreintes chez Laurine. Cette ordure ne doit pas avoir de casier judiciaire pour ne pas avoir été retrouvé.

De plus, Maman m'a dit qu'il y avait eu deux autres cas identiques à celui de ma copine l'année dernière, quelques mois avant elle. Mêmes situations, mêmes absences de preuves.

Comment ne pas se rendre compte que tout cela est lié ? Les flics ont probablement compris que tout était en lien, non ? Pourquoi ne pas avoir enfermé le tueur alors ? Peut-être ne le soupçonnent-ils pas. Avec ce que m'a dit Laurine hier soir, c'est plus qu'évident que le tueur a lui aussi subit la même chose qu'elle.

« Il est comme moi pourtant. »

S'il est comme elle, c'est qu'il lui est arrivé la même chose. Sauf que lui a choisi de reproduire ces actes terribles sur d'autres familles. Ce mec est cinglé ! Il sait pourtant le mal que ça fait de subir un tel assaut ! Mais ce qui est surprenant c'est que sur le papier, il est irréprochable. Il faut néanmoins avouer que je n'ai pas accès à beaucoup d'informations.

La sonnerie du réveil me provoque pratiquement un arrêt cardiaque et l'interruption immédiate de mes recherches. Je referme l'ordinateur au moment où Laurine éteint mon téléphone.

- Bonjour... marmonne-t-elle en s'étirant puis se frottant le visage.

- Salut !

Mon énergie dans un simple mot lui fait froncer les sourcils.

- Ça fait longtemps que tu es levé ?

- Non, pas tellement.

Je me lève de la chaise pour m'approcher d'elle et me penche pour l'embrasser.

- T'inquiète pas, je t'ai attendue pour aller à la douche.

Ma remarque la fait rire et dissipe ses doutes.

- Vas-y en premier, chuchote-t-elle en m'embrassant encore.

Je retire la couverture et la porte dans mes bras.

- Non, tu viens avec moi.

- Arrête ! s'écrit-elle en riant.

- Chut, tu vas réveiller Lydia et Maman.

Elle passe ses bras autour de mon cou et pose ses lèvres sur les miennes lorsque je nous enferme dans la salle de bain.

Elle parvient à me faire oublier mes découvertes pendant cette douche, mais très vite, je repense à tout ce que j'ai vu et entendu cette nuit. Je suis totalement absent psychologiquement toute la journée. Je continue même quelques recherches pendant les cours sur mon téléphone mais ne trouve rien de plus.

C'est décidé ; je vais parler à Maman dès ce soir. Je vais lui expliquer tout ce que j'ai trouvé sans parler de ce que Laurine m'a avoué. Jamais je ne la trahirai. Même si l'intuition qu'une trahison est omniprésente, je tente de la repousser le plus loin possible dans mon esprit.

Une fois à la maison, je ne trouve pas une seconde pour parler à ma mère. Soit elle est occupée avec Lydia, soit Laurine est là. Je parviens toutefois à avoir quelques minutes lorsque ma petite-amie part se coucher. Comme la veille, je la trouve dans la cuisine. Je ne perds pas de temps et lui montre tout ce que j'ai trouvé mais elle coupe court à mon engouement d'être tombé sur quelque chose de plausible.

- Je sais déjà tout ça. Les policiers m'ont expliqué tout ce que tu viens de trouver. Ils savent qu'il n'y a pas eu que Laurine, que ce soit l'année dernière ou il y a treize ans. Ils savent qu'il y a un lien entre tout ça. Ils pensent que c'est la même personne qui a opéré l'année dernière et il y a plus d'un dizaine d'années.

- Non c'est faux, Maman. Ça ne peut pas être le même, c'est lui, c'est obligé ! m'exclamé-je en montrant la photo de cette ordure.

- Tristan, calme-toi.

- Non, Maman. J'ai raison. C'est forcément lui !

Elle se lève et pose ses mains sur mes épaules mais je me dégage. Je n'ai pas besoin de sa condescendance.

- Tu sais que les policiers ne peuvent rien faire tant qu'elle ne parlera pas.

Mais elle a parlé ! Sauf que je ne peux rien dire...

- Laisse moi aller les voir.

- Qui ?

- Les flics !

- Pour leur montrer tout ça ?

Quand je lui confirme ce qu'elle pense, elle me dit que c'est inutile puisqu'ils savent tout ce que je sais.

- Eh bien laisse moi aller me ridiculiser alors, la défié-je en croisant les bras sur mon torse.

- C'est hors de question. Ne te mêle pas de ça.

- Mais...

- Ce n'est pas négociable ! me coupe-t-elle furieuse. Tu arrêtes tout de suite ce que tu as commencé.

- Je...

- Stop. Ça suffit maintenant. Tu venais seulement pour me parler de ça ?

Je soupire et hoche la tête. Je sais que je ne pourrai plus argumenter ; elle est bien trop déterminée. Mais moi aussi je le suis.

Elle plante un baiser sur ma joue et me souhaite une bonne nuit. Je rejoins donc Laurine, des doutes pleins la tête parce que je suis persuadé d'avoir raison.

Notre SecretOù les histoires vivent. Découvrez maintenant