Chapitre 9

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Le match étant terminé, mon père et moi rejoignîmes la sortie.
J'attachais ma ceinture et baissais la vitre, alors que mon père discutait avec un autre supporter. Pour m'occuper, je me regardais dans le rétroviseur, afin de constater les dégâts que l'adolescence afflige à mon visage. En levant les yeux, je remarquais une silhouette filer à toute vitesse sur le parking. Mais pas une silhouette humaine, non, mais ce « truc » marchait à quatre pattes, et était aussi énorme qu'un ours. Il était en train de détaler à toute vitesse en direction de la forêt. Je m'enfonçais dans mon siège, comme si cela pouvait masquer ma présence, même si ce n'est pas efficace. Je ne sais pas ce qu'est cette chose, mais elle m'effraie, ça c'est sûr ! Elle doit être à une vingtaine de mètres de moi, et se met à regarder dans ma direction. Ses yeux ne sont pas d'une couleur habituelle, mais d'un rouge sang. Ses crocs étaient terriblement ressortis, et ses oreilles étaient affreusement pointues, mais il avait un air humain. Ses yeux me fixèrent un moment, puis la créature prit une impulsion avec ses pattes arrières et s'élança sur moi. Je poussais une cri de terreur avant d'appuyer frénétiquement sur le klaxon, dans l'espoir que mon père arrive vite. Je fermais les yeux et me roulais en boule sur le siège, protégeant mon corps de mes bras. La portière s'ouvrît en un fracas, et des mains fortes me secouèrent.

- Emeraude !

Je relevais la tête et mes yeux croisèrent ceux de mon père. Il me secouait de moins en moins avant d'arrêter complètement quand il vit que je me calmais.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? me demandait mon père, inquiet.

- J'ai vu... il y avait... une bestiole énorme ! Ça ressemblait à un loup, mais c'était aussi énorme qu'un ours...

- Tu as dû rêver...

- Non, non ! Je l'ai vu ! Et ce n'est pas la première fois !

- Il n'y a pas d'ours dans le coin, mais ce doit être un cougar.

Il me fit sortir de la voiture pour me faire prendre l'air. Je marchais autour de la voiture en respirant profondément. Puis, des marques sur la portière droite -qui est ma portière - attirèrent mon attention. Je m'en approchais et constata qu'il s'agissait de griffes. Je mis mes doigts aux emplacements, et remarqua que ça correspondait, ce ne peut donc pas être un cougar, les griffures étant trop espacées les unes des autres. Mais je ne fis pas la remarque à mon père, il me prendrait sûrement pour une folle.
Une fois calmée, je retournais m'installer sur le siège passager, et mon père me fit un sourire.

- On était censé aller manger dehors, dit-il, mais au vue des circonstances, on devrait rentrer tout de suite.

- D'accord, je préviens maman.

- Non, ça lui fera une surprise.

Il mit le contact et démarra. Sur le chemin, je jouais avec les stations radios afin de trouver une musique qui pourrait me plaire, mais aucune ne correspondait à mes attentes.
Je n'arrêtais pas de ressasser ce que j'avais vu sur le parking. Ce n'était pas un cougar, j'en suis sûre ! J'en avais déjà vu auparavant, et ça ne ressemblait en rien à cette créature. Puis, je me rappelais que j'avais déjà vu de tels yeux, sauf qu'ils étaient jaunes, la fois où Brett et moi sommes sortis en boîte alors que je venais de me faire confisquer mon téléphone, et quand Leo m'avait ramené au lycée durant un match de Lacrosse, je les avais aussi vu. Je ne suis pas folle, j'en ai la certitude, et je suis aussi sûre que c'est ce truc qui agresse les gens et commet tous ces meurtres, pas Brett comme pourraient le penser Yeleen, Leo et ma mère.

Mon père se garait dans l'allée, comme à son habitude. Seulement, une autre voiture était garée pas très loin, voiture que je reconnais puisque c'est celle de Leo. Qu'est-ce qu'il fout là ? Mon père remarqua également la voiture, et dit :

- Alors c'est ça que ta mère avait de prévu ? Elle devait voir ce sale gosse ? Elle préfère passer du temps avec lui plutôt qu'avec sa famille ?!

Il sortit de la voiture en trombe et fonçait vers la porte d'entrée. Je le suivais, mais ne tentais pas de le calmer, étant moi-même sur les nerfs.
Il poussa la porte d'entrée, avant de crier à ma mère :

- On est rentré Nora !

Puis, le regard de mon père s'arrêta net sur quelque chose : la porte de la cave, cave qui est l'un des sujets de dispute de mes parents car elle est toujours fermée à clef, est déverrouillée, quelqu'un est descendu au sous-sol, alors que mon père et moi n'y avons jamais mis les pieds ! Je vis un éclair de fureur traverser ses yeux, et ma mère apparue dans l'encadrement de la porte, suivie de Leo.

- On vit ici depuis vingt ans Nora, et jamais je n'ai su ce qu'était cette pièce. Ce sale môme ne fait même pas partie de la famille, et tu l'autorises à y aller ?!

- S'il te plaît, calme toi, suppliait presque ma mère.

- Alors que ta fille se faisait agresser, lui et toi étiez dans la pièce qui comporte je-ne-sais-quoi puisque tu m'as dit un nombre incalculable de fois que je ne devais pas y foutre un orteil !

- Tu t'es faite agresser ? me demandait ma mère, inquiète.

- Oui, elle s'est faite agresser pas un cougar !

Le visage de ma mère devint livide.

- Un cougar ? Tu es sûr ?

Je tentais d'intercepter le regard de ma mère. Elle sait ce qu'est cette chose, c'est sûr, vu son regard et son ton, elle est au courant.

- Non, c'était énorme comme un ours, mais il n'y en a pas dans la région, alors nous en avons déduit que c'était un cougar.

Ma mère avait réagi, elle sait donc ce que c'est ! Je savais qu'elle savait quelque chose, qu'elle nous cache quelque chose !
Alors je tentais de forcer le passage pour aller au sous-sol, sauf que Leo m'attrapa par les épaules et me décalait.

- Leo, c'est ma maison ! Donc tu vas me laisser y aller.

- C'est ta maison, dit-il, mais je ne te laisserai pas y aller.

- Emeraude, je t'ai dit que je te le dirai quand je te sentirai prête.

- Je suis prête ! m'écrié-je.

- Comment as-tu réagi face au cougar ?

Je ne voyais pas en quoi ma réaction face au cougar pouvait avoir un quelconque lien avec ce qu'elle cache. Sauf si...

- Ce qu'il y a au sous-sol, ç'a un rapport avec le cougar ?

Ma mère ne dit rien.
Mon père soupira, et s'écria :

- Nora, j'en ai marre de ne rien savoir, qu'Emeraude ne sache rien ! Tu as tes secrets, et c'est normal, mais le fait que tout le monde soit au courant sauf nous deux, ta famille, alors c'est que tu vas trop loin.

Il pointa Leo du doigt et dit :

- Je ne veux plus le voir dans la maison, ou près de notre fille.

- Mais tu n'as pas le droit...

- Tu lui as interdit d'approcher Brett, alors je lui interdit d'approcher Leo.

- Mais ça n'a rien à voir, chouinait ma mère.

- Au contraire, Nora, ç'a tout à voir.

Il indiquait la porte à Leo, et lança un regard noir à ma mère.
Ma mère baissait la tête, et verrouilla la porte du sous-sol; elle ne perd pas le nord. Ensuite, elle se dirigea vers l'extérieur, en fermant doucement la porte d'entrée, craignant sûrement que la claquer envenimerait les choses. Mon père partit en direction de sa chambre, me laissant alors seule dans le séjour. Je me laissais glisser le long du mur, me retrouvant assise au sol.
Je fermais mes yeux, et une seule pensée traversa mon esprit : vivement que Brett revienne.

Before the PackOù les histoires vivent. Découvrez maintenant