Chapitre 10

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Un mois s'est écoulé depuis l'altercation chez moi. Un mois, et toujours aucune nouvelle de Brett.
Mes parents se sont réconciliés, ou du moins font semblants, sûrement pour ne pas que j'y pense de trop.
Yeleen et Leo ne m'ont plus approché, et je n'ai pas eu de nouvelles de la créature. Tant mieux.
Mais je ne me suis jamais sentie aussi seule de ma vie. Depuis un mois je me contente de suivre les cours, de rentrer chez moi, faire mes devoirs et dormir, alors autant dire que j'ai la vie la plus monotone qui puisse exister. Ah, non, j'ai oublié : j'ai suivis sept entraînements de Lacrosse, et je vais sans doute réintégrer l'équipe dans très peu de temps, quitter le banc des remplaçants définitivement.

- Franklin, ressaisis-toi !

Je secouais ma tête et pris une profonde inspiration. Nous étions en plein entraînement de Lacrosse, et le coach m'avait mise en attaque. Il s'apprêtait à siffler pour signaler le début du match. Je fis tourner ma crosse entre mes mains avant de me mettre en position. Dès que le coup de sifflet retentit, tous les joueurs s'agitèrent et la balle disparue dans la crosse d'un de mes coéquipiers. Le coach voulait nous entraîner à fond avant le prochain match, qui devait avoir lieu dans un mois à peu près, alors il nous faisait travailler dur.

À un moment, la balle atterrit dans mon filet, et j'eue une poussée d'adrénaline suffisante pour courir jusqu'au but, en esquivant les adversaires qui voulaient me faire tomber, tirer et marquer.

Puis, au loin, une silhouette se dessina petit à petit. Il s'agissait de la silhouette d'un homme grand, une carrure assez musclée je dirais, mais surtout, de la silhouette de Brett. Écoutant mes pulsions, je lâchais ma crosse et fonçais à toute allure vers lui. Il ouvrit ses bras et je sautais dedans. Il resserra l'étreinte, frottant mon dos de manière affective et réconfortante. Après de longues minutes dans cette position, nous nous décollions l'un de l'autre. C'est alors que j'ôtais mon casque, et ma main fit seule le trajet jusqu'à sa joue. Le bruit de la gifle avait retentit dans tout le stade, laissant Brett stoïque. Il me fixait droit dans les yeux, et un sourire étira ses lèvres. La claque que je venais de lui assener m'avait légèrement soulagée, mais ce n'était pas suffisant du tout, j'avais besoin de réponses.

- Tu étais où durant tout ce temps ? crié-je.

- Em...

- Peut-être que tu ne veux pas en parler, mais tu n'avais pas le droit de m'abandonner pendant plusieurs mois ! Alors, certes, ce sont tes affaires, mais j'avais au moins le droit à un petit message de temps en temps ! Tous les matins je regardais dans le journal, priant pour ne pas voir ton nom dans les avis de décès ! Psychologiquement c'était insoutenable !

Il entoura mes poignets que je n'arrêtais pas d'agiter entre ses doigts, me provoquant une décharge dans tout mon corps. Il me fixait droit dans les yeux, et me dit d'une voix calme et apaisante :

- Je suis désolé, Em, je ne voulais pas t'inquiéter. Mais je suis de retour maintenant, et je ne compte plus partir.

Il me reprit dans ses bras, et j'humais son odeur qui m'avait tellement manqué. Les choses finissent finalement par s'arranger. Enfin, j'espère...

Mon père avait des choses à faire, il ne pouvait donc pas me récupérer après les cours, mais avait demandé à un de ses amis de venir me chercher. En rentrant chez moi, je ne revais que d'une chose : prendre une douche après l'entraînement que le coach nous a fait avoir.

- Voilà ma grande, tu es devant chez toi, dit Emilien, l'ami de mon père.

- Merci.

Il me frottait la tête avant de me laisser sortir de la voiture. Je lui fis un geste amical de la main et le vehicule disparu au bout de ma rue.
Je poussais ma porte d'entrée, sauf que je trébucha sur quelque chose. Un sac.

- Je suis rentrée !

Des pas précipités se firent entendre. Ma mère arrivait vers moi, un manteau sur le dos, suivie de mon père. Tout deux avaient un air grave affiché sur le visage.

- Em, assieds toi s'il te plaît, me dit calmement mon père.

Je balançais mon sac de cours sur le sol et m'installais dans le canapé. Mes parents, eux, restaient droits comme des piquets.

- Bon, je vais aller droit au but, dis ma mère, je vais partir pour un petit bout de temps.

- Quoi ? Mais pour combien de temps ?

- Je ne sais pas, une semaine, un mois.

- Tu pas où ?

- Je me suis prise une chambre d'hôtel, pas très loin.

- Attends, mais pourquoi est-ce que tu pars ?

Mes parents se regardèrent, et mon père baissa les yeux pour fixer le sol.

- Entre ton père et moi, ça ne va plus. On ne fait que de se disputer ces derniers temps, alors on s'est mit d'accord, je pars quelques temps, histoire que les choses s'arrangent.

Je me frottais les cuisses avant de me relever.

- Bon, très bien. Previens moi avant de partir pour que je puisse te dire au revoir.

Je me dirigeais vers les escaliers quand ma mère me dit :

- Je vais partir, mais je suis assez déconcertée par... Ton comportement, je pensais que tu serais un peu plus secouée.

- C'est vrai que votre annonce a de quoi foutre un coup, seulement voilà, je relativise. Je me dis qu'en partant, tu te rendras compte que tes mensonges et tes cachotteries te feront perdre ton mari et ta fille. Alors peut-être que tu te décideras enfin à être honnête avec nous.

Je lui fis un bisou sur la joue pour la saluer, et filais en direction de ma chambre. Je m'affalais sur mon lit, fixant le plafond. Je ne saurais même pas dire si son départ est une bonne chose ou non. Ce que j'ai dis à ma mère, je le pensais, mais le fait de savoir qu'elle va vraiment partir... Ça me rend malgré tout très triste.
Le retour de Brett, la hausse de mes notes, ma réintégration dans l'équipe de Lacrosse... Je pensais sincèrement que les choses allaient s'arranger, pas que j'allais tomber encore plus bas avec un éventuel divorce...
Je balançais mes pieds dans le vide, fouettant l'air. Mon père apparu dans l'encadrement de la porte de ma chambre, je me redressais donc, afin de lui faire face.

- Je voulais juste voir comment tu allais.

- Ça va, d'un côté ça me soulage, maman était devenue une des sourxes principales de mon stress, mais elle va me manquer.

- Je comprends.

Il s'approcha et se mit assit à côté de moi.

- Alors, les cours ?

- Ennuyeux, pour changer.

Il poussa un petit rire.

- Brett est revenu. Je l'ai giflé, et ça m'a fait du bien. J'espère qu'un jour il me dira où il était.

- Tu en as marre des secrets, je présume.

- Pas des secrets, des cachotteries, rectifié-je.

- C'est normal. Bon, je vais aller faire à manger, je t'appelle lorsque c'est prêt.

Il se relevait et disparu dans le couloir. Dès que le bruit de ses pas fut suffisamment éloigné, je me relevais, me dirigeais vers mon mur, pris une profonde inspiration et frappa une fois dedans, puis une deuxième, puis au bout d'un moment, je cessais de compter.

Before the PackOù les histoires vivent. Découvrez maintenant