Chapitre 11

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Deux semaines ont passé depuis le départ de ma mère, et rien n'a véritablement bougé.

Je suis en cours de français, notre prof essayant de nous faire prononcer les « r ». On ne croirait pas comme ça, mais ce n'est pas si facile.
Mais mon attention se tournait vite vers la fenêtre de la salle de classe, qui montrait le stade de foot, où la classe de Brett était en train de suivre un cours. Récemment, j'ai pris une nouvelle résolution : oublier définitivement Brett. Je dois me forcer, je n'ai pas spécialement le choix. Ils couraient tous autour du stade quelques fois, avant de prendre un ballon de foot et se diriger vers les cages.
Je gardais les yeux rivés sur les joueurs, jusqu'à ce que Brett entre dans mon champ de vision. Sans raison apparente, il retira son tee-shirt, mettant sous ma vue son corps parfait. Je dû me faire violence pour détourner le regard. Je reportais mon attention sur le cours.

- Mademoiselle Franklin, dit la prof, pouvez-vous lire le texte A, s'il vous plaît ?

Je tentais de prononcer correctement les mots, mais ma langue fourchait de temps en temps, transformant certains mots. À la fin de ma lecture, la prof reprit son cours, tandis que je laissais mon esprit penser au match qui aura lieu dans deux semaines. Ce soir j'ai un entraînement, et j'espère de tout cœur que le coach va me réintégrer dans l'équipe ! Ça fait des mois que j'attends ça, et je suis enfin sur le point d'avoir ce que je veux !
Il est vrai que j'aurais pu réintégrer l'équipe plus tôt, mais j'avoue ne pas avoir fournis les efforts suffisants pour remonter les notes.

Dès que l'heure de cours fut finie, je me précipitais hors de la salle de classe, prenant une grande inspiration. Je m'adossais à un mur et me laissais glisser le long, jusqu'à me retrouver au sol. Je mis mon sac sur mes genoux, sortis une feuille et un crayon de papier, et commençais à dessiner. J'avoue ne pas trop savoir ce que je fais, mais on va dire que mon instinct guide ma main. Soudain, une personne apparue devant moi. Je ne relevais pas la tête, étant trop absorbée par ma tâche.

- Je ne savais pas que tu avais des talents en dessin.

Leo. Il s'agenouillait à côté de moi, regardant mon chef d'œuvre.

- Un loup ? me demandait-il, interloqué.

- Je les ai toujours trouvé fascinants. Quand on y pense, les loup créent une véritable société, à travers les meutes. Ils choisissent un chef et lui obéissent, certain peuvent se rebeller et tuer le chef pour prendre sa place... Un véritable coup d'Etat !

- Pourtant, les abeilles et les fourmis aussi font ça, et tu ne les trouve pas plus fascinantes pour autant.

Je posais mon crayon et relevais ma tête vers lui. Mes yeux entrèrent en contact avec les siens, et un petit sourire se dessina au coin de ses lèvres.

- Oui, mais vois-tu, je trouve qu'un loup est sacrément badass !

Je souris et lui fis un clin d'œil.

- Je pensais que tu allais m'envoyer bouler, dit-il.

- Je t'avoue que j'ai pensé à le faire. Mais je n'ai pas envie d'envenimer les choses entre toi et moi. Je t'aimais bien, avant. Tu étais un bon pote. C'est juste que tu n'as pas toujours fait les bons choix.

- Je comprends ta réaction, Emeraude, et je te promets, non, je te jure ! De te dire la vérité un jour.

- D'accord, Leo, mais en attendant ce jour, je ne te ferais pas confiance.

Il soupira.

- Arrête de soupirer, dis-je.

- Excuse moi, mais tu ne comprends pas que c'est pour ton bien qu'on ne te dit rien !

- Pour mon bien ? T'es au courant que ma mère est partie de la maison à cause de cette histoire ? Alors, désolée de te le dire comme ça, mais tu ne sais pas ce qui est bon pour moi. Maintenant, si tu veux bien m'excuser, je vais partir car tu empiètes sur ma bonne humeur.

Je réunis mes affaires avant de me lever et de me diriger vers la cours. Bon sang, ils ne vont jamais me laisser tranquille ? C'est vrai, quoi, ils ne peuvent pas comprendre ? Ils sont démunis d'empathie ?
Je m'installais derrière les gradins du stade, un endroit qui est confortable, en plus d'être à l'ombre. C'est vrai que l'air de ce mois de Mai est assez étouffant, c'est presque insupportable par moment ! Alors, avoir un peu d'ombre fait énormément de bien.
Je regardais les dessins que j'avais griffonné ; certains ne ressemblent pas à grand chose, tandis que d'autres sont assez bien réalisés. Peut-être que si je prenais plus de temps pour dessiner, j'arriverai à développer un certain talent ?
Des bruits de pas se faisaient entendre derrière moi, comme si quelqu'un approchait.

- Emeraude ?

Je relevais la tête pour regarder Leo.

- Encore toi ? Qu'est-ce que tu me veux ?

- Écoutes, j'en ai plus que marre de devoir te mentir, de ces disputes entre nous, alors je vais tout te raconter, même si ça doit m'attirer les foudres de Nora.

Je ne pus m'empêcher de lever les yeux au ciel sous l'appelation "Nora", mais mon cœur se mit à battre la chamade à l'idée que j'allais enfin connaître la vérité.

- Je t'écoutes.

- Alors voilà : ta mère, Yeleen et moi sommes des chasseurs de loups-garous.

Je le fixais droit dans les yeux quelques secondes avant d'eclater de rire.

- D'accord, très bonne blague, et en vrai, c'est quoi votre secret ?

- Emeraude, je viens de te dire la vérité.

- Ah, d'accord, excuse moi je pensais que tu étais sérieux quand tu me disais que tu allais me révéler la vérité.

Je ramassais mes affaires avant de me relever.

- Emeraude, c'est la vérité.

- Bon, d'accord, maintenant je vais rentrer chez moi, en espérant qu'une fée ne va pas m'importuner sur le chemin !

- Je vois que tu n'as pas perdu ton sarcasme...

Je tournais les talons avant de rentrer chez moi.

Ellipse de deux semaines

J'étais allongée sur mon lit, contemplant le plafond. Je balançais mes pieds dans le vide tout en étant sur mon téléphone, consultant mes réseaux sociaux.

- Ma puce, m'appelait mon père, tu peux descendre deux minutes s'il te plaît ?

Je m'exécutais alors, pensant qu'il voulait me parler du match de ce soir. En effet, quelques jours plus tôt, le coach était venu me trouver pour me dire ces mots exacts : « Franklin, je te réintègre dans l'équipe. ».
Arrivée au rez-de-chaussée, assise dans le canapé du salon, ma mère. Dès qu'elle me vit, elle se leva, sa valise à ses côtés.

- Maman ?

Cela faisait deux semaines que je n'avais pas eu de ses nouvelles, à vrai dire, je n'en avais pas pris.

- Ma chérie, je rentre à la maison. Et je vais avec ton père, ce soir, pour voir ton match.

Je dû prendre quelques secondes avant de réaliser ce qui venait de se passer, avant de me précipiter vers elle. J'entourais mes bras autour de sa taille, et elle posa son menton sur le sommet de mon crâne. J'humais son odeur, ne me doutant pas que c'était la dernière fois que je le faisais...

Before the PackOù les histoires vivent. Découvrez maintenant