Lady Lydia

1.The perfect Lady

-J'ai ecrit le rôle parfait pour toi,murmura une voix à l'oreille de Lydia.
Elle se retourna pour voir qui celà pourrait bien être. Elle ouvrit légèrement la bouche comme pour prononcer des mots,mais aucun n'en sortirent. Elle resta ainsi,interdite,face à lui qui ne bougeait pas,se contentant d'afficher un magnifique sourire. Lydia le scrutait,il la regardait. Elle n'était apparemment pas encore prête de sortir de sa torpeur. Il lui prit la main et posa un baisé sur le revers. Elle sourrit légèrement d'abord,puis bientôt montrait toutes ses dents trop blanches. Le voir lui,son vieil ami,là,face à elle,à cette soirée où elle n'avait guère envie de venir, c'était la chose la moins évidente en ce soir d'Avril. Elle le prit dans les bras sans mot dire et le serra fort contre elle. Il pouvait sentir les battements du cœur de son amie, tellement elle le serrait fort. Il étouffait légèrement mais évitait bien de le lui faire remarquer. Il voulu la laisser profiter à fond de ce moment. Il connaissait sa grande sensibilité,émotive comme elle est quand elle se retrouve avec des personnes de son entourage.Elle lui a manqué !Tant manqué !
Sans le relâcher,Lydia sursurra:<<Mais où étais-tu donc passé depuis toutes ces années ?>>.Il ne répondit pas.Elle se détacha alors pour le regarder dans les yeux.Elle réclamait une réponse.
-"Je m'amusais,tu me connais",fut toute sa réponse.
-Celà ne m'étonne pas venant de toi,répondit-elle en riant.
Un homme en costard blanc s'approcha bientôt des deux amis qui n'arrêtaient pas de rire en se faisant des blagues sur leur physionomie peinte par le temps.Il passa un bras autour de la taille de Lydia et lui pose une bise discrète sur la joue droite.Elle sourrit.Elle n'avait pas besoin de voir qui s'était.Son odeur lui est familière.
-Arthur,je te présente Claude.Claude, Arthur mon époux.Claude et moi avions fréquenté le même collège et peu après la même université.Je ne l'avais plus vue depuis près d'une vingtaine d'année et voit,il est là,c'est incroyable ! s'exclamait Lydia toute excitée.
Claude la regardait souriant.Arthur était plutôt étonné de voir son épouse afficher autant d'excitation en public.Elle semblait avoir oublié qu'ils étaient en public, entourés de personnalités populaires qui jouent la carte de l'indifférence face à tous,mais sont très curieux en réalité et font attention à chacun des gestes des autres.Et Lydia déteste ce genre d'endroit.Elle est la première quand il s'agit de faire des dons aux Gala de charité mais ce qui l'insupportait, c'était les discussions,tout le bavardage inutile qui s'en suit.Toutes ces photos d'elle qu'on prend à son insu,elle n'aimait vraiment pas celà,mais elle l'aime bien trop lui, Arthur,pour le laisser sans compagne durant toute une soirée.Arthur aimait à sortir en compagnie de Lydia.Il vénérait presque sa femme.Il en était fière partout.Fièr et amoureux.Lui,il est le mari,l'époux et peut-être l'homme pour la vie de Lydia H.,plus connue sous le pseudonyme de "Lady Lydia",nom de l'émission qu'elle présente.Une sorte d'Oprah Show.La planétairement connue "Chef d'entreprise-Entrepreneur-Ecrivain et Oratrice",Lydia H. ,devenue depuis dix ans déjà,Mme Lydia Brasseniti.Combien de fois durant ces dix dernières années ne s'est-il pas réveiller la nuit pour la regarder dormir?N'a t-il pas durant des heures regarder son certificat de mariage,se félicitant d'avoir fait une belle prise?N'a t-il pas répété à la télé que son succès,il le devait en partie à cette belle et charmante femme qu'il affectionne tant?Cette femme dont l'élégance vestimentaire n'a d'égale que son élégance verbale.Il se sent et s'est toujours senti important aux côtés de son épouse,la mère de ses deux enfants.Ils avaient tous deux magnifiquement réussis leurs carrières en étant l'un pour l'autre un soutien moral important.Ils ont toujours été très proche et malgré les petites broutilles qui survenaient d'un temps à l'autre,ils arrivaient toujours à s'en sortir indemne car la communication a toujours existé entre eux.Comment le contraire aurait-il pu arriver de toutes façons ?Lydia maîtrise si bien les relations sociales.N'est-elle pas écrivain et Oratrice ?Elle savait mettre ces facultés à l'avantage de son couple.Une femme avisée comme on en rencontre peu.Il n'aurait pensé à se marier si elle n'avait existé.Il raterait l'occasion de faire une belle affaire.
-Enchanté,dit Arthur en serrant la main de Claude.Il y eut un échange de sourire entre les deux hommes.Arthur aimait bien la gueule du nouvel ami de sa femme.Alors pour relancer la discussion,il essaya:<<Comme ça vous vous connaissez depuis l'Université ?>>
-Ah non,bien avant !répondit Claude.Nous étions dans le même Collège,mais ne nous parlions que très rarement.Il faut dire que votre femme n'était pas si facile avec les inconnus.
À ces mots, Arthur partit d'un grand rire.Il avait sa petite idée de ce dont Claude parlait.
-Tu peux me tutoyer,ce serait plus commode.Quant-à ce dont tu parles,je crois que ça n'a pas mal changé depuis un moment.Tu serais surpris de la voir engagé des discussions avec des inconnus et réussir à leur faire signer des contrats de millions de dollars avant la fin de la soirée même.
Arthur est bavard quand il se sent en confiance.Ce n'était pas pour déplaire à Claude, éternel joueur.Joueur au sens propre comme au sens figuré.Joueur à tous les sens que vous connaissez et à tous ceux qui vous sont inimaginables.C'est le genre de personne amusée par tout et qui utilise tout pour amuser les autres.Le genre de personne qui arracherait un sourire à Hitler,fusse qu'il le paie de sa vie.Son sourire,fait son charme.Il se propage de son être un flux de positivisme que rien ne saurait briser.On ne peut que l'aimer ou tout au moins l'apprécier.Lydia a d'ailleurs toujours trouvé qu'il a une fascinante personnalité, transparent comme l'eau qu'il est, et si imprévisible.Durant tout le temps qu'il parlait,Lydia scrutait ses lèvres.Elle les observait attentivement.Toujours la même moue séductrice.Rien n'avait changé,en tout cas,rien physiquement.Il a toujours été bel homme.Sacré Claude!Plonger dans ses souvenirs,Lydia ne prêtait déjà plus attention à ce que disent les deux hommes.Elle les entendait mais ne les écoutait déjà plus.La vue de cet homme l'a replongée dans sa jeunesse,cette période où elle laissait libre cours à sa folie.Cette folie qui l'a conduite là où elle se trouve à présent.Cette folie qu'elle n'a pas perdue,mais qui s'est comme apaisée.Elle a pris le temps d'en refouler un bon flux et de ne garder que le strict nécessaire pour ambiancer sa vie de famille et ses conférences.Elle se mit à rire toute seule sans même s'en rendre compte.Il lui est venu à l'esprit un souvenir.Alors qu'elle participait à un concours de Miss inter-collèges, pendant qu'elle défilait,elle vit Claude se lever et brandir tout haut une pancarte sur laquelle il était écrit :<<Tu es trop belle pour perdre ton temps à ça.Descend de la scène,je t'offre un verre>>.Il accompagna le tout de sifflement et bientôt la majorité des jeunes présents se mirent à siffler aussi.Elle ne su jamais si c'est grâce à celà,ou si elle le mérite vraiment,mais elle fini première dauphine ce jour là.Une main se posa sur son épaule dénudée.Le contact de cette main chaude la fit revenir à la réalité.Son mari lui posait apparemment une question.
-Quoi? répondit-elle, avant de continuer; j'étais plongée dans mes souvenirs.Cet homme devant toi à fait tant de folies du Collège à l'Université,que je pourrais rester des semaines entières avec cet air stupide à y repenser.
Tous partis alors d'un grand éclat de rire.Des cartes de visite furent échangés,le rire partagé,et il était temps de rentrer.Arthur annonça à sa femme qu'ils devraient être partis dans cinq minutes.
-Quand te reverrai-je?s'empressa alors Lydia de demander à Claude.
-Probablement demain !Tu viens déjeuner avec moi?
-Mais bien sûr,répondit-elle avec empressement.
-Très bien,c'est résolu,je te téléphonerai pour t'indiquer l'heure et le lieu alors.Arthur ne voudrais pas venir avec nous?
-Non,je ne pourrai pas,j'ai beaucoup à faire demain,toute la journée en plus.Vous devez avoir énormément à dire et à vous remémorer,répondit Arthur.