2.Un réveil à la Brasseniti

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La brise du matin s'écrasa contre les fenêtres de l'appartement plongé dans la pénombre.Elle aurait bien voulu s'infiltrer à l'intérieur,caresser les corps des deux amants,se permettre de faire le tour de la luxueuse villa B.Mais le couple,devinant peut-être ses intentions,demandait toujours à ce que les volets soient fermés avant qu'ils ne s'endorment les soirs.Alors irritée,la brise chaque soir,soulève toutes sortes d'objets légers qu'elle vient frapper contre les fenêtres.Mais rien à y faire!Elle se résignait simplement au lever du soleil,sans que le couple ne se doute de la lutte acharnée qu'elle mène chaque soir contre lui.Des bruits de pas et les cris d'un enfant réveillèrent bientôt la villa endormie.Lydia ne voulait pour rien au monde,perdre les dix minutes de sommeil qui la séparaient de 7h du matin.Mais que peut-elle contre une décision d'Eduard?

Edouard son dernier,se faufila dans le lit du couple et déjà s'amusait à tirer les cheveux de sa mère en frappant d'une main sur la joue de son père tout en criant:<<Debout!!Papa debout!!Maman debout !!>>.Bien qu'irritée,Lydia avait appris à ne pourtant point lancer de jurons au début d'une nouvelle journée.Elle savait que le secret d'une journée réussie réside dans la manière dont on l'aborde.Elle a d'ailleurs su l'enseigner à son époux également.Elle sourit donc malgré elle,décidée à gagner cette nouvelle journée ;se tourna sur le dos et pris son fils entre ses bras.Elle le couvrit de baisers chauds.Elle voulu l'entendre rire,car si les réveils d'Edouard constituent sa première épreuve de la journée,son rire en est également la solution.Le rire de son fils l'a toujours mise de bonne humeur.Arthur ouvrit les yeux à son tour en entendant Edouard rire.Il sourit.La beauté de ce tableau, mère et fils serrés l'un contre l'autre,elle essayant de contenir son fils hyperactif et lui tentant de se dégager de l'étreinte de sa mère en riant.Arthur se tourna à son tour sur le dos.Edouard s'échappa alors des mains de sa mère et vient s'asseoir à califourchon sur le bassin de son père.Lydia se retira des draps,fit le tour du lit et vint embrasser son époux.Elle se dirigea ensuite vers la salle de bain,faisant intérieurement comme à son habitude,son exercice de développement de soi.Une fois dans la salle de bain,elle s'arrêta face au miroir,sourit à la magnifique femme quelle y vit,tira la langue,fit des grimaces telle une petite fille et se mit à rire.Puis silencieusement, pendant que l'eau coule sur son corps,elle débuta sa litanie interne de:

<<Je suis la meilleure chef d'entreprise,écrivain, entrepreneur et oratrice de tous les temps!Mon objectif est de marquer dans chaque esprit de ce siècle,mon passage,court fût-il!Je suis celle qui change l'histoire.Je suis de celles qui osent penser.Je suis une arme de justice et de paix forgée par Dieu pour la gloire de Dieu.Je suis une référence pour les générations futures.Je suis bénie et toute personne qui me rencontrera durant cette journée ne voudra que me bénir.Avec mon sourire je désarme l'inflexible et les opportunités frappent à ma porte.Je compte,et le plus important à mes yeux est de rappeler aux autres,qu'ils comptent également.Puisse le père, bénir les voies>>.

Elle a eu très jeune, l'occasion de connaître le pouvoir de la pensée positive et celui de la parole dite avec foi et ne manquait jamais de les appliquer dans n'importe quel domaine de sa vie.Elle a toujours voulu être heureuse et l'est réellement.Son bain fini,elle se mit enfin à penser aux milles et une choses prévues pour la journée.Sa secrétaire téléphonerait d'un instant à l'autre pour encore lui réciter son programme de la journée.Elle en oubliera encore la majeure partie et reporterait plus d'un d'entre eux.Quand elle revient dans ses appartements, Édouard n'y était déjà plus et Arthur était près de ses armoires.Il choisissait certainement sa veste noire de la journée.

-Tu pourrais bien porter celle d'hier tu sais?lui lança t-elle moqueuse.On ne les distingue pas l'une de l'autre.Elles sont toutes noires!

-Ça ma belle vois-tu,c'est une affaire d'hommes,répondit-il en prenant un air supérieur.Les fins connaisseurs feront la différence.Occupe toi plutôt de tes culottes.

-Mes cullotes?fit-elle en riant.Je t'aurai donné quelques conseils vestimentaires si tu étais gentil garçon -Tout en parlant,elle se rapprocha de lui et il lui saisit les lèvres-,mais comme tu veux jouer les "Papa Wemba",je te laisse te saper tout seul.
Ils se mirent à rire.

-Ton ami,tu le revois aujourd'hui à quelle heure ?continua Arthur.

-Qui ça Claude?Il a dit qu'il m'appellerait pour convenir du lieu et de l'heure.Pourquoi?

-Lidine et sa sœur organisent l'anniversaire de "Ma Tao" ce soir.Elles nous y convient.Je veux donc m'assurer que tu seras bien là à vingt heures.Demain c'est samedi,nous pouvons donc y amener les enfants.

-L'anniversaire de "Ma Tao"?fit-elle surprise.Quel âge a t-il au juste ce vieux ?s'enquit-elle.Il doit être immortel cet homme!!

Arthur partit d'un grand rire.Il s'était posé exactement la même question quand la nouvelle lui est parvenue.Ma Tao,ce bon vieux Ma Tao,l'homme le plus drôle qu'il connaisse.Il semble être à l'épreuve du temps ce vieux renard.Ce vieil homme dont la sagesse se marie si bien avec son apparence reposée.Lent à la parole,prompte à l'écoute, c'était comme disait l'autre,une de ces personnes qui restent à tout jamais coincer dans leur jeunesse.Elles semblent plus s'amuser que les jeunes eux-mêmes et gardent ce sourire narquois et ce regard absent en toutes circonstances.Mais à quoi peuvent-elles bien prendre autant plaisir ?Au passé?Au présent ?ou à l'instant futur ?Mais d'où leur vient cette joie qui ne les quitte jamais ?Ces vieilles personnes toujours gaies même au milieu des plus grandes agitations.Un jour, Arthur lui demanda:<<Mais dites moi Ma, pourquoi êtes-vous toujours souriant,et sans aucune raison souvent ?>>.
Il resta un moment silencieux comme s'il n'avait pas entendu la question.Arthur se demandait justement s'il fallait la lui reposer ou juste se taire et le laisser à ses rêveries.Mais le connaissant,il se doutait bien qu'une réponse trop poussée, beaucoup plus réfléchie que celle dont il a besoin lui sera donnée.

-Pourquoi ne sourirais-je pas?demanda finalement le vieil homme.

-Ne faut-il pas avoir une raison pour sourire ?Ou un souvenir drôle ?

-Si j'attends d'avoir un souvenir drôle pour sourire,je vivrais alors dans le passé.Si j'attends une raison pour sourire,je serai alors désagréable tant qu'elle ne se présentera pas.Le sourire n'est-il pas la carte d'invitation à la discussion que nous envoyons aux autres ? Quand il ne te faudra aucune raison extérieure ou intérieure pour sourire et même rire, même la mort te craindra.
Il se mit à rire puis ajouta:"Vois!Ne suis-je pas toujours vivant ?"

Arthur eu un sourire gêné.Il n'y comprennait pas grand chose, comme d'ailleurs maintenant encore il n'en sait que peu et celà grâce à sa femme.Elle,elle comprennait bien mieux ces choses que lui.Elle enseignait même ces choses.Difficile donc de ne pas en garder un peu.Mais lui,il aime vivre,il a toujours aimé celà.C'est naturel chez lui.Il a de la douceur et qu'importe toutes ces choses ?La vie est bien trop courte pour travailler à celà,pensait-il.

Lady LydiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant