Debout devant la lourde porte de chêne, ses menottes lui entaillant les poignets et la pluie dégoulinant sur son corps trop mince, collant ses cheveux et ses haillons sales à sa peau pâle et couverte de chair de poule, Draco Malfoy avait peur.
Oui, le prince de Serpentard, le mangemort haï qui, de l'avis de toute la population anglaise, aurait dû être condamné à mort, avait peur.
Peur de ce qui l'attendait derrière cette porte : après trois années passées à Azkaban il avait peur de le revoir, lui, Potter.Cela faisait trois ans que la guerre était finie, cela faisait aussi trois ans que le survivant se terrait dans son manoir.
Tout le monde sorcier le cherchait, ne pouvant comprendre pourquoi leur sauveur n'était pas avec eux pour fêter sa victoire et la fin de la guerre. Toutes les portes lui étaient ouvertes, le pays était à ses pieds, il était leur héros, considéré par tous comme un demi-dieu.
Il était supposé se réjouir et enfin profiter de la vie, du moins, c'est ce que tout le monde pensait.
Beaucoup lui en voulait et l'acusait de les avoir abandonné, de fuir ses responsabilités.Mais en vérité il était tout simplement furieux.
Cela faisait trois ans qu'il ne décolérait pas, au point de ne même plus savoir contre quoi était dirigée sa fureur. Il y avait tellement de raison qu'il ne parvenait pas à s'y retrouver et son isolement n'arrangeait rien; il se perdait dans cet océan de haine dont il ne savait plus comment sortir.Néanmoins ce matin-là, alors qu'une épaisse brume blanchâtre tentait de s'infiltrer dans sa maison par les moindres interstices, il avait une cible précise pour un de ses accès de rage coutumier.
Pourtant l'épaisse enveloppe de parchemin marquée du sceau du ministère paraissait bien innocente, mais son contenu l'était moins : il informait tout simplement Harry que, dans le cadre du nouveau programme ministériel de réinsertion des anciens mangemorts, il aurait le plaisir de la responsabilité de Draco Malfoy en personne pendant trois semaine. Plaisir non refusable bien entendu.
Malfoy, sa némésis, allait devoir venir vivre avec lui dans son manoir, son sanctuaire !Il l'avait acheté après la guerre, ne voulant pas retourner au 12 square grimaud qui non seulement était une maison immonde qui respirait la magie noir mais qui lui rappelait aussi de mauvais souvenirs et dont l'adresse était connue de trop de monde.
C'était une bâtisse élégante de trois étages de style victorien dont la myriade de minuscules tourelles semblaient autant de flèches prêtes à éventrer le ciel des étranges décorations qui en ornaient les pointes.
C'était un des nombreux points qui faisait regretter à Harry d'avoir choisi une maison sorcière, car non contentes d'aller de franchement étranges à carrément laides, ces petites statues étaient aussi incroyablement bruyantes pour leur taille et adoraient donner leur avis sur tout et n'importe quoi (surtout si cela ne les regardait pas).
Les multiples pièces et escaliers mouvants, les miroirs parlants et autres sorcelleries dont Harry se serait bien passé n'arrangeaient rien et lui faisait parfois oublier qu'il avait quitter Poudlard.Mais c'était malheureusement le cas : finit le temps où il était élève, entouré de ses amis et des professeurs qui étaient sa seconde famille.
Il soupira et posa son front contre la vitre glacé, espérant soulager le mal de crane qui commençait à s'installer.
Cela faisait bien dix minutes que la vieille sonnette avait retentie mais il n'était toujours pas décidé à descendre ouvrir, préférant continuer à contempler le parc qui entourait sa propriété.C'était sa fierté, depuis qu'il vivait seul il s'était découvert une passion pour le jardinage, une des rare chose à pouvoir apaiser sa colère même si ce n'était que temporaire.
Il en aurait d'ailleurs bien eu besoin de suite mais pour sortir il aurait dû passer devant la silhouette tremblottante que ses yeux tentaient désespérément d'éviter.
Il continua donc à observer la nature luxuriante qui l'entourait à perte de vue.
VOUS LISEZ
Rédemption
FanfictionTrois ans après la fin de la guerre, Harry, perdu dans les méandres de ses souvenirs, est incapable de tourner la page. Il mène une existence de reclus jusqu'à ce qu'une lettre l'informe que, dans le cadre du programme ministériel de réinsertion d...