Chapitre 7

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Dans le fond du jardin se trouvait un grand chêne blanc au pied duquel il y avait un banc de pierre. Bien que l'air se rafraîchissait, il faisait doux et, avec les filles, j'allais souvent m'y asseoir.

Je n'aurais su expliquer pourquoi je ressentais ce sentiment mais j'étais désormais certaine de pouvoir faire confiance à Marilynn et Malya. C'est pourquoi je décidai de tout leur expliquer au sujet de l'Interfector et de moi-même dès que Mari me le demanda.

Lorsque j'eus terminé, l'air me paraissait plus froid, le vent plus fort et le ciel semblait s'être assombrit. C'était comme si j'avais trahi l'Interfector en racontant aux filles toute notre histoire et que tout l'univers voulait me le faire payer.

Malya et Marilynn, après m'avoir réprimandé pour m'être faite avoir si vite par les beaux yeux du puissant Prestidigitateur, parlèrent entre elles des possibilités quant au fait que je ne sois pas une Enchanteresse.

J'entendis du bruit et je vis les garçons au loin, dans les jardins de la Tour Bleue, jouer au ballon. Il était si facile de passer de notre côté au leur : une petite centaine de mètre nous séparaient. Seulement, puisqu'il s'agissait de la partie consacrée à l'Interfector, personne n'osait la franchir. Je me demandais ce qu'il pourrait arriver aux personnes qui tentaient de passer d'un côté à un autre.

Les filles m'avaient dit que les garçons assisteraient sans doute au duel. Comment viendraient-ils ? Par le jardin de la Tour Principale ? ou bien par un passage qui m'était inconnu ? Maës serait-il là ? Que penserait-il de moi ? Il me manquait tellement.

-Eh qu'est-ce qu'il y a ?

Malya essuya une larme qui coulait sur ma joue. Je ne m'étais même pas rendue compte que je pleurais.

-Je pensais à mon frère, dis-je simplement.

Mon amie me regarda tendrement.

-Tu ne parles presque jamais de lui. Pourtant, tu as l'air de tenir énormément à lui parce que quand tu fais allusion à lui, tes yeux s'illuminent et ton sourire s'agrandi.

Comme je ne disais rien, elle continua :

-Tu sais, j'avais un frère, moi aussi. Des soldats de l'Interfector sont venus chez nous pour le recruter et il s'est opposé à eux. Malgré leurs demandes de le suivre, il résistait, disant ne pas vouloir rejoindre un démon en quête de pouvoir. Tout le monde sait que ce n'est pas un homme bon. Pourtant, tout le monde s'évertue à lui cirer les bottes et à lui parler comme à un sain. Et personne n'ose crier cette putain de vérité. Alexis, lui, il l'a fait.

Un moment, elle regarda dans le vide.

-Mon frère est mort, ce jour-là. Les soldats ont reçu l'ordre de l'abattre, j'en suis certaine. Ils n'en ont rien dit, évidemment. Ils ont prétexté un accident. Il me manque, finit-elle, une larme coulant sur sa joue.

Je ne savais pas quoi lui dire. J'étais consciente que des gens mourrais tous les jours. Que beaucoup de ces morts avaient un rapport avec l'Interfector. Mais la mort d'un être cher ne peut être comparé avec rien au monde, tout simplement parce qu'elle ne devrait même pas exister.

-Ton frère doit beaucoup te manquer, me dit Mari. Parle en parce que si tu laisses ce vide en toi, l'Interfector l'utiliseras contre toi comme faiblesse. Ne lui donne pas d'occasion de te faire du mal.

-Je te le promets. J'espère vraiment le voir ce soir. Non pas pour qu'il me voit battre cette Pervinca, mais pour qu'il voie que j'ai changé. Que je suis devenue plus forte que jamais avec mes pouvoirs.

C'est fou comme une simple pensée, un simple geste peut faire toute la différence. Il m'avait juste suffi de penser à briser le sort pour que je puisse accéder aux escaliers. Je ne comprenais plus rien. J'étais bel et bien celle que Mari et Mal pensaient que j'étais : une Prestidigitatrice, une Magicienne de l'Ombre.

Très vite, je me retrouvai dans le jardin pour mon duel avec Pervinca. J'avais senti le regard interrogatif de mes deux amies sur moi tout le long du trajet mais je n'avais pas envie d'aborder le sujet du je-suis-prestidigitatrice-alors-que-c-est-impossible.

Quand on m'avait annoncé que beaucoup de personnes seraient là, je n'avais pas imaginé en voir autant. C'était noir de monde. On m'avait annoncé la moitié de l'école mais j'étais certaine qu'il y en avait plus. Tous regroupé en un cercle autour de Pervinca et moi. Quelques étudiants se tenaient à l'écart, probablement en train d'entretenir un sort de silence afin de n'être entendu par personne d'autre que ceux qui étaient dans cette zone.

Je regardais autour de moi, cherchant mon frère, mais je ne le vis pas. Il devait probablement être sur le chemin, avec tout ces garçons qui venaient de par le jardin de la Tour Principal. Rapidement, le silence s'installa et une grande personne, tout de noir vêtue s'avance entre Pervinca et moi. Sa voix masculine semblait étrange et son vissage était caché par l'ombre de sa grande capuche.

Les manches de sa longue robe revenaient sans cesse sur ses poignets mais ça ne semblait pas la gêner le moins du monde. Qui que cela ait pu être, ce Magique ne voulait pas être reconnu.

-Bienvenue, chers amis, à ce duel qui, ce soir, oppose Mesdemoiselles Pervinca Tullia et Virgine Fortès. La première a convoqué la seconde pour venger son amie, Regina. Quelque chose à dire, mesdemoiselles ?

-Je vais te détruire, pesta Pervinca.

Je ne dis rien et personne ne sembla s'en accommoder.

-Bien, fit l'inconnu. La première au sol a perdu et fera ce que la gagnante voudra.

Quelques rires se firent entendre dans la foule. Je ne voyais toujours pas Maës.

-Que le combat commence ! 

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 21, 2019 ⏰

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Virgine, tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant