Chapitre 9

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Les bisbilles sont parties intégrantes de la vie en général et la vie de couple en particulier. La différence se trouve dans la manière de les élucider.

-Que fais-tu Barbara ? Demande Éric en entrant dans leur chambre.

La maman de Yolande range son téléphone sous son oreiller puis s'essuie les larmes.

-Rien chéri. Je me suis allongée un moment. Ma cheville me faisait souffrir il y a un instant.

-Tu as appliqué la pommade prescrite par le médecin ?

-Bien sûr et ça m'a soulagé. Répond-elle en esquissant un sourire forcé.

-Tu as pleuré Barbara. Tes joues sont rosies et tu as les yeux larmoyants. Tu es sûre que tu vas bien ?

Elle s'effondre à cause de la question qu'il faut éviter de poser en pareille circonstance. Son mari s'inquiète. Il l'a laissé évacuer toute la tristesse accumulée. Ça lui a pris quelques minutes avant de se débarrasser une fois pour toute de ces larmes.

Elle sort de sa cachette son téléphone, le déverrouille puis lui montre l'image qui s'y trouve.

Éric Dupuy fixe l'image, ne comprenant pas ou refusant de comprendre qui était cette petite merveille pétillante de bonheur avec ce sourire craquant et ses yeux malicieux.

-C'est notre petite-fille Éric. Elle s'appelle Dalanda et elle vient de souffler sa troisième bougie.

-Où as-tu eu cette photo ? Tu es toujours en contact avec Yolande ? Demande-t-il après un long silence.

Sa voix est si empreinte d'émotions qu'il parle tout bas.

-Non c'est mon frère qui me l'a envoyée. Lui, il lui parle très souvent.

-Barbara...

-S'il te plaît Éric. L'interrompt-elle Tu m'en as trop demandé. Yolande est sortie de mes entrailles, elle restera toujours une partie de moi. Elle me manque, je ne peux plus le cacher. Dalanda, c'est notre sang. Ça se voit tellement. Il est vrai qu'on est en désaccord avec notre fille mais tu ne penses pas qu'il est temps de se repentir, d'accepter son choix puisqu'un enfant est né de cette union. Il n'y a plus moyen de lui faire comprendre notre position. Rentrons au Sénégal pour nous réconcilier et devenir la famille soudée que nous étions.

Éric venait de verser sa larme malgré l'incessante retenue dont il a fait preuve. Sa femme se blottit contre lui, il n'arrive pas à retrouver ses esprits. Cette enfant, il la voit même quand il ferme les yeux.

-Tu sais bien que Yolande était ma prunelle. Elle m'a déçu quand elle a tenu à défendre ce pseudo amour qu'elle portait à ce... Je veux qu'elle regrette ce choix et vienne d'elle-même nous présenter ses excuses. Laissons notre fille se casser la gueule, ainsi elle saura qu'il faut respecter et écouter ses parents.

-Cette fois non, pas après presque 4 ans. Et si nous nous étions trompés. José Manuel, mon frère m'a révélé qu'elle est très heureuse dans son foyer. J'ai l'impression que tu souhaites sa chute afin d'alimenter ton ego. Qu'est-ce qui est plus important Éric ? Tu viens de dire qu'elle compte plus que tout pour toi alors accepte. Je regrette ce que nous avons fait. Elle avait besoin de nous et nous l'avons renié. Elle doit se sentir orpheline alors que nenni. J'ai envie de la revoir, Éric. J'ai envie de connaître ma petite-fille. La vie est courte, il faut profiter de ce bonheur que Dieu nous offre et jeter aux oubliettes ces absurdes pensées qu'on a eu tout ce temps.

L'ancien capitaine se lève irrité.

-Débarrasse toi de cette image et ôte de ta tête cette histoire comme quoi nous devons retourner au Sénégal. Ma décision est irrévocable. Yolande Erika n'est plus ma fille.

Cocktail molotov Où les histoires vivent. Découvrez maintenant