Chapitre 10

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Il arrive qu'on fasse des mauvais choix quand on est triste ou en colère mais il paraît que l'amour est un remède à tout.

-Ce n'est pas cela Matar. Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit. Disait Ndella en se redressant.

-Je mens ? S'offusque Son mari.

-Cheu ! S'exclame-t-elle.

-Je peux te poser une question Ndella ?

-Vas-y !

-Tu m'aimes toujours ?

-Tu oses en douter Matar ? Le fait que je sois contre le fait de tout laisser ici pour prendre les enfants et venir près de toi n'a rien avoir avec mon amour pour toi. Tu es conscient de ce que tu représentes pour moi.

-Si je t'ai posé cette question c'est parce que je n'arrive pas à comprendre ce refus catégorique. Beaucoup de femmes aimeraient rejoindre leur mari émigré mais toi, tu as cette chance et tu la refuses.

-Je t'ai fait part de mes raisons.

-Je t'ai dit que c'est la dernière fois qu'on en parle chérie. Je suis désolé d'avoir menacé de prendre les enfants, j'étais énervé et bref... Je regrette. Penses y s'il te plaît. Je sens que tu ne m'as pas tout expliqué.

-C'est ta mère.

-Développe.

-Je n'ai pas le coeur à la laisser seule ici. La relation que j'entretiens avec ta mère ne t'est pas inconnue. En plus, elle est tellement proche des enfants. Quand je vais travailler c'est elle qui les garde et elle a même du mal à les voir s'en aller. J'adore cette femme. Elle a fait de moi la dame forte que je suis devenue. J'oublie parfois que je suis orpheline grâce à elle. Je me dis que si je m'en vais alors ce sera comme une trahison. Certes tes soeurs sont près d'elle mais moi je ne me vois pas vivre loin d'elle.

Matar écoutait avec attention son épouse.  Qui d'autre que lui peut comprendre ce qu'elle est entrain de lui expliquer. Maman Sophie lui a présenté Ndella il y a quelques années. Elle ne voyait qu'elle comme belle-fille parfaite et elle a eu raison. L'ayant récupéré dans la rue alors qu'elle comptait y passer la nuit,  mis à la porte par des membres de sa famille paternelle qui ne voulaient plus d'elle sous leur toit. Elle était accroupie dans un coin d'une station d'essence, un sachet bleu cachant deux ou trois robes. Ses chaussures étaient sous ses aisselles, le regard vide. Sophie Gaye revenait d'une cérémonie quand elle l'a vu, cherchant des cartons pour allonger son petit corps dessus. Elle l'a interceptée. Au début, Ndella ne parlait pas, elle  a cru qu'elle était muette mais dès qu'elle a utilisé le mot police dans une phrase, elle a crié un non catégorique. Après moult négociations, elle a accepté de venir chez elle. Propre et repus, elle lui a fait boire un médicament pour mieux dormir. Un matelas gonflable lui a été prêté. Le lendemain, elles ont discuté avec sérénité. Et jusque là, elles sont plus que mère et fille. Maman Sophie l'a chaperonné dans ses études et sa relation avec les autres. Ses filles étaient juste adorables avec elle. À Saint-Louis, elle fait la médecine et c'est durant sa dernière année qu'elle lui a proposé un mariage avec... Matar. Elle était stupéfaite. Il le voyait comme un frère voire un oncle. Intérieurement, Ndella était certaine que sa maman de coeur ne se trompait que rarement dans ses décisions, en plus elle avait confiance en elle. Le mariage a été célébré. Une nouvelle vie, deux personnes jadis amis ou se considérant comme frères issus du même ventre se voient obligés de changer de comportement. Essayer de devenir un couple. Un travail de longue haleine. L'amour est arrivé bien plus tard, faisant d'eux des âmes soeurs. Matar fut promu par son entreprise dans une organisation internationale à Genève. Séparés par le boulot mais pas leurs sentiments. Matar venait tous les six mois passer une trentaine de jours avec sa famille. Avec leurs deux bouts de bois, ils respiraient la joie de vivre.

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