Chapitre 14

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Grandir ce n'est pas uniquement en âge, disparaître ce n'est pas seulement fuir, vaincre ce n'est pas spécialement avoir raison.

Erika... Erika... Erika.

Erika... Erika... Erika.

Cela fait si longtemps qu'elle n'a pas entendu ce prénom qui lui est propre. Du moins venant de lui. Avec cette voix, cet enthousiasme, ce besoin de... De quoi en réalité ?

C'est le prénom dont il se servait pour l'interpeller, pour lui demander quelque chose de sérieux, même pour le gronder. Pour lui dire qu'il l'aimait, qu'il avait envie d'elle. Qu'elle était belle, qu'il était fier d'elle.

Entendre Erika était meilleur que "Babe" ou mon amour. C'était le nom le plus affectueux qu'il pouvait sortir de sa bouche. Quand elle était triste, il suffisait qu'elle l'entende pour craquer et ensuite être soulagée, oublier.

Oui son père lui a octroyé son prénom à lui mais au féminin sauf que Bashir méritait plus de l'appeler ainsi. Selon elle...

Après tout ce temps, c'est revenu de façon si surprenante. Coup de bol... Chez son amie, alors qu'elle rentrait du travail. Après s'être fait draguée par ce vendeur...

Mais quelle importance !

-Je... Bonsoir. Sort Yoyo en se reprenant.

Les enfants avaient déjà ramassé les sacs de shopping pour voir ce qui se cachaient à l'intérieur.

-Ndeye Sophie, Fily! Tonne la maman, allez dans votre chambre. Les adultes doivent discuter.

Elles s'exécutent. Pendant que Bashir se rassoit, Ndella arrache carrément des bras de Mayram la petite Dali. Celle-ci ouvre la bouche puis se retient de dire quoi que ce soit.

Erika se pose à côté de Demba en silence. Un silence qui contamine tous les autres.

Il comptait devenir interminable jusqu'à ce que la doctoresse, Mme Ndiaye en ait marre.

-Je n'accepterai pas que tu passes la nuit ici. Qu'est-ce que tu fais chez moi ?

-Ndella...

-Ne prononce pas mon prénom je t'en prie. Je me suis gardée de faire usage du tien.

-Excuse-moi... Reprends le marin.

-Alors là il est culotté le gars. (Elle rigole nerveusement) Kholal (regarde) ne m'énerve pas. C'est à Yolande que tu as fait du tort, mon amie tu entends. Et puisque sous sommes une même personne, aujourd'hui elle ne s'adressera pas à toi. Considère que c'est avec moi que tu vas communiquer. Tu as cinq minutes pour exposer alors parle vite avant que je ne change d'avis.

-Ndella, ce n'est pas la bonne solution. Il vaut mieux les laisser discuter tous les deux et éviter de s'en mêler. C'est plus délicat que ce que nous avons tous pensé. Intervient Demba.

-C'est ton opinion ? ( il dévoile un visage d'incompréhension) ,J'ai demandé si c'était ton opinion Demba.

-Oui.

-Alors garde la pour toi. Vous êtes chez moi et je ne laisserai pas ton frère se comporter n'importe comment avec ma Yoyo. Ce qu'il a à dire, soit il le dira devant nous tous soit il ne parlera plus. À vous de choisir.

D'un signe discret, Bashir demande à Demba de le laisser gérer.

-J'ai été marabouté. Dit-il de but en blanc.
Il poursuit puisqu'elles n'ont rien commenté.
C'était Papa. Il l'a fait avant mon mariage avec Aziza afin que je sois en bons termes avec ma mère. Quand je l'épousais je n'étais pas maître de mes actes et tout ce qui s'en est suivi. Je ne savais pas ce que je faisais quand je te quittais Erika. Je n'ai pas été au courant de la maladie de notre Dalanda et plus tard la tragédie qui s'en est suivie. Je suis une victime. Peut-être pas autant que vous mais sache que tout est de la faute de mes parents. Je ne peux pas t'expliquer en détails ce qui s'est passé. Même moi certains m'échappent. Je suis vraiment désolé Babe... De t'avoir laissé subir tout cela toute seule. Tu dois certainement me détester mais c'est parce que tu ignores ce qui s'est réellement passé. Tu n'aurais pas dû connaître la cruauté de cette famille, on aurait dû sortir de leur vie depuis le début. Là, regarde-moi. Vois comme je ne suis plus le même. Ils m'ont détruit. Ils ont disloqué ma famille. Ils nous ont séparés. Mon plus grand regret reste le fait que je t'ai infligé tout cela inconsciemment.

Cocktail molotov Où les histoires vivent. Découvrez maintenant