Partager ses blessures

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Autatrice : lasurvolte (de pseudo) ou mari (mais vous pouvez m'appelez aussi Plectrude si ça vous dit ^^)

Disclaimer : The Magicians ne m'appartient pas, fic basé sur la série.

Atelier sur le discord plume arc-en-ciel sur les chanson : Les blessures qui ne se voit pas - Florent Mothe

***

Quentin avait comme un vide en lui, un trou béant dans son âme, et sa tête s'en rapprochait toujours de plus en plus. Parfois c'était comme s'il était totalement engloutit, plus rien ne fonctionnait, se lever devenait une torture, se coucher un cauchemar, et la vie entre les deux, juste un boulet qu'il traînait. Il avait pensé que découvrir la magie changerait tout, que c'était ça qu'il lui fallait, que le vide se remplirait de tour de passe passe et que pouvoir faire des feux d'artifice avec ses mains le guérirait de sa blessure intérieure. Si c'était si facile, alors aucun magicien ne serait dépressif. Mais pour ce que Quentin en savait, tous les magiciens qu'il connaissait avait l'air de beaucoup souffrir.

Eliot en était l'exemple parfait. Il était comme le Grand Roi des Physiques, personne ne connaissait les meilleurs alcool comme lui, et il avait cette aura qui donnait envie de le suivre partout. En tout cas, ça marchait pour Quentin. Si Eliot lui avait dit « viens on va visiter un volcan en éruption », Quentin l'aurait suivit. Mais malgré ça, il allait mal, il souffrait de l'intérieur, il le cachait derrière son cynisme et sa dérision, mais c'était quand même là. Et Quentin pouvait le sentir parfaitement parce que lui et Eliot résonnaient pareil.

– Je crois qu'Eliot ne va pas trop bien en ce moment, dit Quentin à Alice.

Elle leva un sourcil :

– Tu crois ? Il a plutôt l'air de s'amuser.

– Qui ne serait pas en train de s'amuser avec tout ce qu'il a bu... ?

Alice haussa les épaules. Elle appréciait Eliot, mais elle ne faisait pas vraiment attention à lui. Eliot était spécial, ça ne servait pas à grand-chose d'essayer de le comprendre, alors elle n'essayait pas. Contrairement à Quentin.

Peut-être que c'était pour oublier sa propre souffrance, mais en apprendre plus sur Eliot devint comme une obsession. Il aurait voulu diminuer les peines de son ami. Peut-être que c'était parce qu'il l'appréciait, ou peut-être qu'il se disait que s'il arrivait à soigner Eliot, c'était que lui-même était soignable. Quentin se sentait misérable et égoïste, mais il n'y pouvait rien.

Il alla boire avec Eliot. L'alcool c'était le genre de trucs qui vous faisais perdre la tête, et qui pendant un moment noyait le vide de l'âme. Mais il était toujours là ce trou béant. Toujours. Il n'abandonnait jamais. Peu importe le nombre de verres, de bouteilles qu'ils vidaient.

Les deux hommes se mirent à rire bêtement pour rien, pour rien du tout. Tempe contre tempe, épaule contre épaule. Ils étaient proches. Ils étaient amis.

Quand ils dessaoulèrent le lendemain, les deux se rappelaient de la veille. C'était bizarre, mais c'était bien, ils auraient voulu être aussi proches sans avoir besoin de boire. Eliot se surprenait à avoir envie de raconter sa vie à Quentin, parce que Quentin comprendrait lui. Il le sentait. Mais Eliot se taisait. Quentin se taisait aussi. Ils ne partageaient pas leur souffrance, ils ne disaient rien sur les blessures invisibles. Ils restaient assis l'un à côté de l'autre en silence, en buvant trop.

L'alcool, la drogue, c'étaient des fausses solutions. Ça ne marchait qu'un temps de planer. Ils avaient besoin d'autre chose, l'un comme l'autre, mais sans savoir quoi.

L'amour n'avait jamais rien changé. L'amitié n'avait pas beaucoup amélioré les choses. La magie était une menteuse, une illusion du bonheur.

– Mon père me déteste, marmonna Eliot un soir. C'est le pire père du monde.

Quentin se tut, le laissa parler. Tout à coup c'était comme si Eliot avait ouvert la porte et que tout ce qu'il avait besoin de dire sortait en même temps. Il parlait parlait et tout ce qu'il racontait était un bordel incroyable. Finalement il se tut. Et il se sentit plus léger.

– Tu devrais essayer de te confier Q.

Quentin obéit.

Comme Eliot l'avait fait pour lui, il le laissa voir ses blessures à vif.

Leurs âmes continuaient de résonner entre elles.

– Des fois j'ai envie de disparaître, conclue Quentin.

Eliot posa tendrement une main sur son épaule :

– Je n'ai pas envie que tu disparaisses.

Ils se regardèrent dans les yeux, et ce simple regard suffisait pour dire tous les non-dits qu'ils avaient gardé entre eux. Eliot aimait Quentin, une sorte de coup de foudre qui s'était transformé en quelque chose de plus fort, de plus stable. Et Quentin aimait Eliot, un sentiment qui avait poussé en lui sans savoir à quel moment il avait planté la graine.

C'est Quentin qui bougea le premier, parce qu'il savait qu'Eliot n'oserait jamais. Il appuya sa bouche sur celle d'Eliot. Baiser doux, tendre, tellement simple. Quelque chose qui le mêlait, qui l'emmêlait, et qui faisait un bien fou. Ils n'avaient même pas bu tant que ça pour une fois. Le baiser se transforma, ils perdirent leur hésitation du début, cela devint plus intense, plus fort. Le reste ne les concernait qu'eux.

Quand plus tard Margo les vit main dans la main, elle eut un petit sourire moqueur :

– Et ben enfin, c'est pas trop tôt. Depuis le temps que vous vous tourniez autour, vous en avez mis du temps.

Eliot et Quentin se contentèrent de sourire. Ils avaient mis du temps, mais ils avaient fini par se trouver. Bien sûr, la souffrance et le vide était toujours là, ce n'était pas aussi facile, mais disons qu'ils venaient d'obtenir un délai, un baume. Quelque chose qui faisait du bien au lieu de faire mal, pour une fois.

Fin.

L'autatrice : fic écrite alors que je n'en étais qu'au début de la s2. 

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