Que veux tu - Yelle
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Penny détestait Quentin. Il n'avait jamais croisé quelqu'un qui dissimule si mal ses pensées, il chantonnait du Taylor Swift dans sa tête, et il pensait à voix si haute que Penny ne faisait parfois qu'entendre que lui. Mais là, définitivement, il allait vomir.
Quentin venait de couronner Eliot. Il avait tenu à cette cérémonie débile, et tout son esprit hurlait des choses débiles. L'admiration qu'il avait pour Eliot, pour commencer, la confiance qu'il avait en lui. Quentin ne mentait pas, ses mots sortaient comme dans sa tête, pour lui Eliot méritait d'être roi plus que n'importe qui d'autre, et il ferait un bon roi, parce que c'était Eliot. C'était lui qui l'avait guidé dans Brackebills, c'était lui qui avait été là pour lui assurer que s'il était renvoyé, il viendrait mettre des couleurs dans sa vie. C'était encore lui qui l'avait intégré dans les Physiques. Eliot était important pour Quentin, et tout son être le hurlait et Penny avait mal à la tête. Ce gars allait le tuer à crier aussi fort ses sentiments à l'intérieur de son crâne, au lieu de simplement les dire.
C'était plus fort que Penny, alors qu'Eliot et Quentin se tenaient les mains, alors qu'ils se regardaient avec tant d'intensité, il avait envie de crier « baisez, et arrêtez de m'emmerder avec vos pensées niaises ». Il n'en fit rien, mais ses yeux levés au ciel voulait tout dire.
Il était un peu tranquille, lorsqu'il entendit à nouveau Quentin dans sa tête. Penny crut qu'il allait casser quelque chose. Ce mec c'était le fanboy d'Eliot, ou bien quoi ? Comment pouvait-il penser si fort qu'Eliot sentait bon? Qu'il aimait être dans ses bras ? Qu'il aurait voulu ne jamais le lâcher ? Qu'il avait peur de le perdre, de ne plus jamais le voir ? Penny cogna le mur en fasse de lui, s'il pouvait tuer Quentin, ce ne serait que de la légitime défense.
Quentin avait l'air mélancolique et Penny grinça des dents :
– Oui je sais qu'il te manque, si tu pouvais te concentrer sur la mission là ?
Quentin avait rougit, Penny avait dû prendre sur lui pour ne pas lui en coller une, mais ce fut vraiment dur.
Penny avait vraiment d'autres choses à penser plutôt que supporter cet insupportable Quentin dont toutes les pensées s'échappaient de sa tête. Et c'était de pire en pire. Plus Quentin était avec Eliot, et plus il semblait penser fort, comme si ses sentiments décuplaient son incapacité à garder en lui tout ce qu'il ressentait. Et le sort dont ils avaient été victimes en s'asseyant sur les trônes avait fait tout bizarre à Penny. Pas parce que la fine équipe ne rêvait plus que de s'entretuer, mais parce que pour une fois la tête de Quentin paraissait totalement vide.
Et Penny se rendit compte que ce n'était pas si agréable que ça ce silence.
Il préféra régler les choses quand même. Quentin ne ferait jamais le premier pas, il avait trop peur, il se sous-estimait beaucoup trop, et même s'il était mortellement chiant, quelque part très profondément au fond de lui, Penny l'appréciait. Eliot était pareil dans un sens, manquant de confiance en lui, incapable de faire le premier pas.
Penny savait que Quentin se mentait en disant aimer Alice, et il voulait lui faire comprendre. Alors il le mit devant le fait accomplis, et comme la subtilité n'était pas son fort, Penny prit à part Quentin et lui dit très franchement :
– Tu sais, si vous baisiez, tu te sentirais mieux.
– Alice ne veut pas qu'on se remette ensemble, dit Quentin.
– Je ne parle pas d'Alice, idiot. Je parle de celui que tu aimes réellement.
Quentin était resté bouche bée. Et tout à coup tout s'était mélangé dans sa tête.
– Tu devrais apprendre à te protéger des gens qui peuvent lire tes pensées, abruti.
Et sur ces douces paroles, il le laissa planté là, complètement ahuri et perturbé.
Mais Penny avait appuyé sur le bouton qu'il fallait et Quentin commença à se remettre en question. Au final, quand il voyait Eliot, il ne faisait que penser à quel point il le trouvait beau, à quel point il adorait son style, à quel point il admirait son intelligence, sa magie, sa force, le son de sa voix tellement apaisant, et tout le reste. Quentin n'était plus amoureux d'Alice, il était tombé amoureux d'Eliot.
Arriverait-il à lui dire ?
Penny se dirigea vers Eliot, et tout de go il lâcha :
– Je peux te partager les pensées de Quentin si tu veux, mais je crois que tu ferais mieux de lui demander ce qui le tracasse par toi-même.
Eliot le fit.
Et enfin, enfin, ils se roulèrent des pelles et rejoignirent une chambre du château.
Penny pensait être tranquille ensuite. Quelle erreur.
Quentin continua de penser fort. Mièvre, mièvre, mièvre. Il aimait Eliot de tout son foutu cœur, de toute sa foutue âme, et patati, patata.
Stupide Quentin.
Fin.
L'autatrice : encore une fois j'ai écris cette sans avoir vu toute la série. Mais la scène du couronnement était si belle, et Penny me fait tellement rire, que je me suis dis que ce serait sympa de le faire agir pour aider Quentin et Eliot.