8. Jules

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Je me réveille péniblement, je n'arrête pas d'y penser. Et si je n'avais pas fait le bon choix? Pierre passe son temps avec Liza, Kyle, Carol et Will. Mais surtout, avec Marlon, le grand frère d'Hazel.
Sa dernière photo Instagram en témoigne. Il sourit, derrière lui, il y a Marlon ses bras autour du cou de Pierre. Ils semblent vraiment heureux, en légende, une phrase qui semble être portugaise que je ne peux pas traduire "Sou o que sou". 237 likes. 11 commentaires.
Je ferme l'application, fou de rage ou de chagrin. Je ne sais plus bien.
Je rouvre finalement l'application et lis chacun des commentaires.

@tmarlooonwise_ : "E eu te amo assim🙃🙈"

@_hillarylian.haynes : "Le plus beau mon chaat❣"

@heatherpy.rhodes: "C'est qui ce beau brun en premier plan? Il semble parfait"

@mtimothyyyanderson_ : "Et le photographe qui est il? 🙃"

@iamlizafitzgerald : "La fille dans l'arrière plan est canon. Mais les mecs devant sont de pures beautés 😍🤤"

@ylian.ph_rhodes22 : "Tu es moche. Les gens qui disent l'inverse sont des menteurs!"

@kylepeters._ : "Cette soirée était géniale! Vous êtes beaux les gars❤"

Pierre n'a pas répondu à un seul de ces commentaires. Comme toujours il le fera au bout d'un mois.
Je ferme l'application et soupire. Il me manque, je ne peux pas le nier.
Heather m'a demandé s'il ne valait pas mieux qu'on se sépare, qu'elle voyait que ça n'allait pas et qu'elle était prête à tout entendre.

Lorsque j'arrive au lycée, j'entraine Heather un peu plus loin afin qu'on discute. Elle a une robe en jean qui lui va très bien, et ses lèvres sont teintées de rouge à lèvres rouge. C'est une des plus belles filles que je n'ai jamais vu. Elle a les yeux aussi foncés que ceux de Pierre, des cheveux bruns bouclés, et un grain de beauté au coin de l'oeil droit, ainsi qu'un autre juste au dessus de sa lèvre. Elle mérite tellement mieux que moi...

-Tu es magnifique Heather
-Je sais que ce n'est pas pour ça que tu voulais me parler, mais merci

Elle sourit faiblement, comme si elle me donnait enfin l'accord de lui briser le cœur.

-Faut que je te dise... Je... En fait c'est pas simple...
-Je t'écoute Jules
-J'ai embrassé ton frère pendant les vacances d'été. Et on a vécu une sorte de petite histoire clandestine pendant quelques temps... Je t'aimais Heather, je t'aime toujours très fort mais... Pourtant j'aime absolument pas les mecs, à part Pierre y a personne que j'ai regardé de cette façon. Je pourrais pas te l'expliquer... Je suis tellement désolé... Je voulais pas te faire souffrir comme ça...

Elle ne bouge pas, ne montre rien. Mon coeur se met à battre très vite. J'ai peur.

-C'est bon ne t'inquiète pas. Je vous ai vu vous embrassez un soir. Pierre n'était pas à la maison, il avait oublié ses médocs, Rosaliah m'a dit qu'il dormait chez toi tout le weekend. J'ai voulu lui apporter. Marysole m'a ouvert, et quand je suis montée la porte de ta chambre était entrouverte... Vous aviez l'air de tellement vous aimez que je suis partie. Je n'ai rien dit. J'ai demandé à Marysole de ne rien dire à propos de ma visite. Je suis rentrée assez chamboulée. Mais ce n'est pas comme si je ne m'y étais pas préparée. Je le savais.
-Tu... Tu ne m'as rien dit... Pourquoi?

Elle sourit et se rapproche afin de mettre le col de ma chemise correctement.

-Je voulais voir si tu étais capable d'assumer. Je voulais voir si tu serais capable de prendre soin de lui, même dans l'ombre. Je n'avais jamais vu Pierre si heureux. Si... Lui. Et puis je ne sais pas ce qui s'est passé mais tout a changé. Il s'est retrouvé à pleurer dans les bras de Marlon un soir, qui a fini par m'appeler parce qu'il s'inquiétait. Je ne pouvais pas sortir de la maison, je lui ai demandé de faire attention à lui. Pierre n'a pas voulu m'en parler, et Marlon s'est fait engueulé pour m'avoir raconté. J'en ai parlé avec Hillary, qui m'a dit qu'elle était au courant depuis le début. C'est pas très pratique d'avoir tous les trois la même meilleure amie hein... Et elle m'a raconté que tu l'as quitté. Pour ne pas faire souffrir tout le monde. Mais regarde... C'est vous que vous faites souffrir là... Je t'aime Jules. Et je ne veux pas que tu fasses souffrir mon grand frère comme ça. Il ne le mérite pas.

Elle pose ses lèvres sur ma joue et me laisse là, rejoignant les autres.
Je n'hésite pas très longtemps avant d'aller à la recherche de Pierre. Je le trouve rapidement. Liza est assise sur ses genoux, Marlon a son bras autour de ses épaules, Kyle est debout face à eux avec Carol dans les bras, et Will semble absent.

Ils me regardent tous un moment, Marlon me fixant de ses yeux verts perçants. Liza me fixe aussi, s'arrêtant de rire, Carol et Kyle ne bougent pas. Attendant certainement que je parle. Pierre a demandé à Liza de se décaler. Il se lève, visiblement énervé, je peux le voir à des kilomètres. Il me prend par le poignet et m'entraîne un peu plus loin.

-Qu'est ce que tu veux?

Si ses yeux étaient la foudre, je serais déjà mort depuis longtemps.

-Faut qu'on parle
-Tu crois qu'on a pas assez parlé? Merde Jules pour qui tu te prends!
-Pour ton meilleur ami
-On em...
-Je sais. Tu le dis à chaque fois
-Je te déteste
-C'est faux. Tu m'en veux c'est tout
-Jules?
-Oui?
-Dégages

Il sert les poings et retourne s'asseoir. Ses amis n'ont rien loupé du spectacle.  Je repars, frustré. Heather et Hillary se regardent avant de me rejoindre.

-Ça ne va pas?
-Il m'a jeté. Je... C'est fini putain!

Je ne pleure jamais, la dernière fois je crois que c'était en CM2, quand Pierre ne voulait plus me parler parce que j'avais refusé de lui donner un morceau de ma brioche au chocolat. On ne s'est pas parlé pendant des semaines, ça me faisait terriblement mal.

Après les cours, j'ai décidé de retenter ma chance, il est avec Liza. Liza qui lui tient la main et qui porte sa veste.

-C'est fini Jules
-Non tu... Pierre excuse moi d'accord? Je suis vraiment désolé!
-C'est trop tard. On s'excuse pas après une erreur. Le mieux c'est de ne jamais la faire.

Je tente de le rattraper. Ma main se refermant sur son poignet. Il se retire sans mal et me tourne le dos. Il commence à s'en aller. Reprenant la main de Liza.
Et merde me voilà à être jaloux. Lorsque je suis rentré chez moi, mes parents ont essayé de me parler, j'ai claqué la porte de ma chambre et je me suis enfermé. Écoutant Saez, celui qui savait parler de tout avec poésie, chose que personne ne savait faire à part lui.

Pierre me manquait, Pierre souffrait, Pierre m'avait remplacé, on avait fait tout ça pour rien, notre histoire avait fini avant même d'avoir démarré. Il ne restait plus qu'à l'accepter.

Sur la vague de nos sentiments Où les histoires vivent. Découvrez maintenant