7. Pierre 2/2

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Je l'ai suivi sans vraiment me poser de questions sur le fait que c'était une bonne ou une mauvaise chose. J'avais besoin de sortir, de prendre l'air, même si ça impliquait d'être avec le grand frère d'Hazel. 

-Deux limonades s'il vous plait 

Evidemment, aux Etats-Unis la consommation d'alcool avant 21 ans est prohibée. Je ne vais pas dire que j'en ai jamais bu, en fait, lorsque nous sommes chez Hillary ou chez Nate c'est simple. Même chez Jules, ou chez moi, mais Rosaliah nous ramène toujours à l'ordre. 

-Aller raconte moi 

-Non. Tu es le frère de mon ex, tu vas tout lui répéter 

-Hazel et moi ne nous adressons pas la parole Pierre 

Ce détail m'avait échappé. Lorsque nous étions en primaire, Hazel et Marlon étaient inséparables, puis au collège, ils s'étaient déchirés, au lycée je n'en parle même pas. Hazel insultait son frère tout le temps, Marlon l'ignorait lorsqu'Hazel tentait de faire des efforts. On n'a jamais su ce qu'ils s'étaient passé entre eux, mais on en a toujours déduit que c'était à cause de Timothy. Marlon et lui sortaient ensemble depuis la troisième, exactement lorsqu'Hazel a commencé à changer. 

-Pourquoi vous ne vous parlez plus? 

Il pose son verre et se tient droit sur sa chaise. Il me regarde un instant avant de se concentrer sur la table en bois devant laquelle nous sommes assis. 

-C'est compliqué 

-Nous avons toute la soirée, tu me racontes et je te raconte ensuite 

-C'est du chantage 

-Un peu. Je souris de mon plus beau sourire avant de poser ma tête sur ma main, je le regarde, attendant qu'il se décide à parler. 

-Avant, nous étions inséparables, j'adorais ma sœur et je m'étais juré de toujours la protéger. Nous sommes arrivés au collège, je me posais beaucoup de questions sur moi-même, et lorsque j'ai commencé à sortir avec Tim j'en ai parlé avec Hazel, c'était ma petite sœur, s'il y avait bien quelqu'un qui pouvait bien ne pas me juger c'était bien elle. Je me suis trompé. Elle a hurlé que je n'étais qu'un monstre, que ce n'était pas normal d'être comme ça et que je ne méritais pas de vivre. Elle s'est mise à me frapper en hurlant que je la dégoûtait, qu'elle comprenait mieux pourquoi je pouvais être si proche d'elle. Elle m'a sorti tous les plus gros clichés sur les gays. J'ai voulu me foutre en l'air après ça. Lorsque mes parents m'ont demandés pourquoi j'avais fait ça, j'ai dis que c'était parce que j'aimais les garçons. Ils se sont regardés et ont éclatés en larmes en me serrant fort contre eux. Ils m'ont dit que je n'avais pas à me cacher ni à avoie honte avec eux, que j'étais leur fils et qu'ils m'aimeraient toujours peu importe qui j'aimais, peu importe qui j'étais. Ils ont vu notre relation avec Hazel se dégrader, ils ont vu leurs enfants se déchirer. Hazel ne me laissait même plus approcher Ian, notre petit frère, elle lui disait que j'étais malade, qu'elle ne savait pas si c'était contagieux mais qu'il fallait faire attention. Ian avait dix ans. J'en avais quatorze, Hazel treize. Et c'est horrible pour un gosse de quatorze ans de savoir que son frère et sa sœur ne veulent pas lui parler, qu'ils le considèrent comme un monstre. Nos parents n'ont rien vu, ils ne comprenaient pas, mais n'osaient pas poser de questions. Puis Mia, notre grande sœur est rentrée de l'université de New York pour les vacances, elle a tout compris, elle a expliqué à Ian qu'il ne fallait pas avoir peur, ni même me détester pour ça, il a changé, il a compris. Hazel a continué à me détester, et nous en sommes toujours là maintenant. Mia ne parle plus à Hazel et Ian essaye tant bien que mal de lui faire comprendre que je ne suis pas quelqu'un de mauvais. Je ne pensais pas que l'homophobie pouvait être si forte, surtout venant de ma sœur, elle n'aime pas Timothy et disparait de la maison chaque fois qu'il y entre. Nos parents ont arrêtés de se battre depuis longtemps, et moi... Moi je crois que je me suis habitué au fait qu'elle soit comme ça. Elle a mon pardon depuis longtemps, et je me suis juré de la protéger de tout, même si ce n'était pas ce qu'elle voulait. 

Sur la vague de nos sentiments Où les histoires vivent. Découvrez maintenant