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Tu t'approchas de la paire de gamins qui s'étaient retranchés dans un coin, parlant à voix basse. Je pouvais les comprendre. Ils étaient tous comme ça, la première fois.
Il fallait dire que l'orphelinat et sa gouvernante n'étaient pas des plus accueillants. On était nombreux. Les pièces étaient sobres et crasseuses. On n'accordait pas un gros budget aux maisons d'enfants perdus en Sokovie. On les mettait à l'écart et on faisait comme s'ils n'existaient pas.
En plus, tout le monde ici parlait des dialectes différents. Il fallait un peu de temps pour s'habituer au russe de l'administration.
Aussi loin que mes souvenirs portaient, je n'avais connu que ce foyer un peu froid. Je n'avais peut-être que onze ans et n'étais pas la plus âgée mais j'étais celle qui avait passé le plus de temps ici.
Des enfants, j'en avais vu passer. J'avais toujours eu facile à communiquer et bientôt j'avais assimilé toutes les langues qui passaient à ma portée, au point que je servais parfois d'aide interprète aux gouvernantes. Malgré tout, je m'étais toujours sentie douloureusement seule.
Alors, je mis mon masque de confiance et plaquai un sourire un peu narquois sur mon visage en m'approchant négligemment des nouveaux, mes mains dans les poches.
-Bienvenue, petits novices, dans mon humble demeure. prononçai-je d'un ton grave, avec une petite révérence. Ce château peut paraître un peu nul de l'extérieur mais c'est une façade! Il regorge de passages secrets et d'entourloupes qui permettent de découvrir des choses... intéressantes. Ou d'avoir plus de frites le jeudi. On peut vivre d'étonnantes aventures ici, il suffit d'un peu d'imagination et ces murs se couvrent de couleurs ! Si vous acceptez d'être mes partenaires de crime... euh, d'aventure, alors je vous guiderai avec joie. Je m'appelle Y/N L/N, à votre service. finis-je en tendant ma main.
Le garçon brun me regarda avec méfiance et cacha sa sœur aux yeux effrayés derrière lui.
-Comment parles-tu notre langue ? Et on connaît les enfants de ton espèce. Tu vas nous débourser tout ce qui nous reste avant de nous abandonner. Non, nous nous en sortirons très bien tous les deux.
