L'été de tes 18 ans. {BxB}

Epilogue

« ...raison de la mort des deux jeunes adolescents reste toujours un peu vaste. D'après les proches d'une des deux victimes, ce serait un suicide collectif. Cependant, les parents de Malo Sanchez, une des deux victimes, affirment que leur fils venait de fêter ses dix-huit ans et n'avait aucun problème. De plus, Elio et lui avait une relation et étaient les jeunes les plus heureux. Seulement en apparence. Elio Stuck, atteint de bipolarité, aurait eu des envies suicidaire récurrentes, et nous pensons que son petit ami aurait tenté de le sauver et ce serait noyer. Son geste reste volontaire. Nous reviendrons sur cette affaire quand nous aurons plus de détail. Maintenant nous allons passer à la météo... »

Mon père éteind la télévision et je le vois essuyer une larme du coin de l'oeil. J'essaie de retenir les miennes et sors, un paquet de cigarettes à la main. Depuis l'accident, je fumes au moins un paquet par jour. Si Malo me voyait, il me sermonnerait sûrement. Mais la nicotine agis sur mon stresse.
Deux semaines qu'ils parlent encore de cet accident. Après tout, il ne se passe jamais grand chose dans cette ville.
Je retrouve Ben, lui propose une cigarette, qu'il ne refuse pas, et nous roulons en silence jusqu'au lieu du drame. Ils ont mis un grillage, le temps de faire une barrière plus grande et une multitude de fleurs sont déposé sur le rebord. Je n'y tiens plus et éclate en sanglot. Malo était mon meilleur ami. Il venait d'avoir dix-huit. Il n'avait pas le droit de mourir maintenant. Il venait enfin de connaître l'amour. Il méritait d'être heureux. Et il aimait la vie. Je sais qu'il a tenté de sauver Elio. Il me l'a dit, lors de notre soirée. Je l'aime. Et je ne l'abandonnerai jamais. Il a tenu sa promesse. Il a l'habitude de tenir ses promesses. Pour une fois, j'aurai aimé qu'il ne le fasse pas. Je suis sûr qu'Elio doit être furieux de là où il est. Ils doivent sans doute se disputer, au paradis. Quant à moi, je suis encore en vie, et je n'ai rien pu faire pour empêcher ça. Ce sentiment de culpabilité ne me quittera plus.
Pourquoi la vie prend-elle les meilleures en premier?
Malo, on avait encore tellement de choses à faire, à decouvrir, à deux. Tu te souviens, de notre liste? Rénover le hangar. Celui derrière chez moi. On a commencé. Il ne nous restait plus qu'à le meubler, mettre l'électricité, l'eau courante. On n'aurait eu notre maison. Notre putain de maison à deux. Et s'enfermer dans un magasin? Tu te rappelle? Se teindre les cheveux? Se faire la boule à Z! Acheter un pisicine gonflable pour la mettre dans ta piscine. Putain, on avait toute la vie devant nous, et tellement de choses à accomplir, mec!
Je garde les meilleurs souvenirs avec toi, tous les étés. On ne se voyait pas souvent, pas aussi souvent que j'aurai aimé. Tu me disais que tu n'étais pas super sociable dans ton lycée, mais moi, je voyais une personne différente chaque année. Qui pourtant était le même. On a grandit ensemble, tu étais comme mon frère. Et...putain! Tu venais d'avoir dix-huit ans, merde quoi! C'était la belle vie, les boîte de nuit, l'alcool, les meufs. Mais surtout, t'aurai pu venir nous voir plus souvent. Et maintenant...plus jamais. C'est dur de ce dire ça. Que je ne reverrai plus ton visage. Que je n'entendrai plus ton rire. Tes blagues de merde. Tes conseils à la con.

-putain...

Mes sanglots ne s'arrête plus. Depuis combien de temps je n'avais pas autant pleurer?

-ça va aller., me rassure Ben.

Ben a le même âge que Malo, et ça fait quatre ans qu'on se connait. Même s'il n'était pas là depuis le début, il compte beaucoup pour Malo et moi.

-c'est de ma faute. Ce soir là...il m'a appelé, j'étais en train de dormir et...

Je sais que je cherche à me justifier, mais ce qui est fait est fait. Je n'aurai pas du faire la fête jusqu'à tard dans la nuit. Si je m'étais couché plus tôt, j'aurai entendu mon téléphone sonner, et j'aurai pu répondre. J'aurai pu les sauver. Si seulement...

-ce n'est pas de ta faute. Sinon, moi aussi, je suis en tord. On est tous en tord.
-mais...je suis son meilleur ami, il m'a appelé, il savait, il voulait me prévenir, et...

Je n'arrives plus à parler, tellement je pleure. Il prend mon téléphone et la voix de Malo résonne dans la nuit silencieuse et froide.

Ahaha, tu m'as eu cette fois. Putain, dix ans que t'as la même messagerie et je me fais avoir aujourd'hui! Putain, la lose.........En fait, je ne sais même pas pourquoi je t'appelle..... Qu'est-ce que tu aurais pu faire, hein? Le temps que tu arrives, ça sera fini. Tu ne sais pas de quoi je parle, n'est-ce pas? Pas grave. En fait, je suis plutôt rassuré que tu n'ai pas répondu. Je n'aurai pas assumé d'entendre ta voix, je pense. Je voulais juste te dire que...je t'aime, t'es mon meilleur ami, mon frère, mon tout. Tu...désolé, je ne devrais pas pleurer. Mais...Je t'aime, toi, Ben, mes parents, tes parents, toute ma famille, Leïla et même Marion. Je vous aimes tous. Vous avez été les meilleurs rencontre de ma vie. Voilà. Je ne sais pas quoi dire. Dis à mes parents qu'ils ont été les meilleurs parents du monde, que je leur dois tout, que je suis tellement désolé de leur faire autant de peine. Il ne me mérite pas. Et toi, ne pleure pas. Souris, continue de sourire pour moi. Je ne voudrais pas te causer trop de chagrin. Ce qu'il se passe, c'est qu'Elio va se suicider. Je le sais. Je vais aller le sauver. Enfin, le sauver, c'est un grand mot. Mais, je ne l'abandonnerai pas. Je ne peux pas. Et...putain Elio!

On l'entend balancer le téléphone et courir. Je vois la main de Ben trembler. Cette messagerie, j'ai du l'écouter en boucle, comme un disque rayé. Juste pour entendre encore la voix de Malo. On entend des voix au loin puis le bruit d'un plongeon et rien. Le vide. Ton vide. Ta place, dans nos vie, qui ne sera plus qu'un vide. Ce que tu laisse derrière toi. Tu me laisse. Tu avais le monde à tes pieds, ta nouvelle vie d'adulte. Et Elio, j'ai découvert quelqu'un de sensible, d'amoureux, de joyeux. Toi aussi tu avais la vie à tes pieds. Ce n'étais que le début, les gars. Le début d'une vie heureuse. Mais elle s'est arrêtée. L'été de tes dix-huit ans.