N•4

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Le téléphone d'Inko sonna. Celle-ci ne décrocha pas. Aujourd'hui, elle était au travail et elle n'avait une pause que dans quelques heures. Inko n'avait pas pris de congés pour son plâtre. Elle ne sentait pas vraiment handicapée par son entorse. En plus de cela, son travail ne lui demandait pas de se déplacer. Elle jeta un coup d'œil au téléphone pour s'assurer que ce n'était pas Izuku qui avait essayé de l'appeler. En regardant l'écran, elle découvrit que c'était Toshinori Yagi qui avait essayé de la joindre. Inko regarda autour d'elle pour vérifier que son chef n'était pas là et tendit la main pour que son téléphone portable sorte de son sac, grâce à son Alter.

Moi:
Désolée, je suis au travail, je ne peux pas répondre.

Monsieur Yagi:
Oh pardon... je ne voulais pas vous déranger. Je rappèlerai plus tard !

Elle déposa son portable sur son bureau, pour se concentrer à nouveau sur son travail. Cinq minutes plus tard, Inko reçut un autre message. Elle sourit devant son écran.

Monsieur Yagi:
Je me demandais... vous travaillez dans quoi ?

Moi:
Euh... pourquoi vous voulez savoir ça ?

Monsieur Yagi:
Bah vu que vous êtes au travail, je voulais savoir dans quel domaine vous étiez. Je vous imagine bien travailler comme bibliothécaire, juge ou infirmière... enfin, je ne sais pas trop !

Moi:
Vous êtes totalement à côté de la plaque monsieur Yagi.

Monsieur Yagi:
Oh... je vois que je suis toujours aussi mauvais en devinette !

Moi:
Je suis secrétaire. Et vous, vous travaillez dans quel domaine ?

Monsieur Yagi:
Je suis prof à mi-temps. Et je ne suis pas très doué. Je suis un très mauvais pédagogue.

Inko rangea son téléphone dans son sac. Si elle continuait cette conversation, elle finirait par se faire prendre. Quand c'était Izuku qui l'appelait, elle avait l'autorisation d'utiliser son téléphone mais sinon, c'était interdit pendant les heures de travail et Inko respectait toujours les ordres. Elle se dit qu'elle reprendrait sûrement cette conversation plus tard. Puis, elle se demanda si ce n'était pas déplacé de texter un homme. Inko était une femme respectable et elle ne voulait pas se donner un mauvais genre. « Après tout, c'est lui qui me parle, je ne fais que répondre » tenta-t-elle de se rassurer. Finalement son chef se pointa à son bureau et lui dicta un courrier à rédiger. C'est ce qu'elle fit aussitôt. Un peu plus tard, elle nota le rendez-vous d'un riche commerçant américain, dans l'agenda électronique. Quand elle prit sa pause pour prendre le déjeuner, elle s'aperçut qu'elle avait déjà quatre appels manqués. Elle mangea en vitesse et rappela le numéro.

-Allô ?
-Je vous ai manqué ?, rit-elle.
-Comme je ne savais pas quand vous auriez votre pause déjeuner et que j'ai dis que je rappellerai... bah... je l'ai fait !, répondit-il avec son habituel ton enjoué.
-Vous disiez que vous étiez un mauvais pédagogue, pourquoi ?
-Eh bien... je me suis reconverti dans ce métier, il y a peu, donc je rame encore.
-Ça ne doit pas être facile... je vous plains.
-Oh mais ça va ! Je trouve ça amusant.
-Amusant ? Je ne crois pas que nous ayons la même conception de ce mot.
-C'est une expérience comme une autre, vous savez. Sauter dans l'inconnu, ça me connaît.
-Vraiment ? Moi, ça me terrifie.
-Vous êtes de nature plutôt angoissée, pas vrai ?
-Je dirai plutôt que je suis... soucieuse...
-Vous vous rendez compte que ça revient à dire la même chose ?

Inko rit pour toute réponse. D'aussi loin qu'elle se souvienne, elle avait toujours été très stressée pour tout et ça ne s'était pas arrangé avec les années. En plus de cela, elle avait du mal à encaisser des chocs émotionnels et pleurait souvent pour pas grand chose. Un trait de caractère qui pouvait parfois faire fuir.
Toshinori, assit sur son canapé, souriait, le regard fixé sur le cadre photo en face de lui. En quelques sortes, la voix d'Inko l'apaisait. « Le rire de cette femme est une bénédiction » pensait-il. Depuis quand n'avait-il pas eut un vrai fou rire ? Depuis quand n'avait-il pas eut une vraie conversation qui ne portait pas sur son apparence de héros ?

-Je reviens à hier, sortit Toshinori naturellement, pourquoi m'avoir demandé si j'aimais les chats ?
-Avant de m'écrouler par terre, vous étiez en train de soigner un chat...
-Vous êtes arrivée à la conclusion que j'aimais les chats, juste en vous basant sur ça ?
-J'essayais juste de créer un sujet de conversation, dit-elle toute penaude.
-C'était bien joué, rit-il. Sinon, oui, j'aime bien les chats. Mais pour l'histoire d'hier, c'est juste que j'ai vu qu'il n'était pas bien donc je me suis senti obligé de faire quelque chose.
-Vous êtes un gentleman... un gentleman pour les chats...

Elle se retint d'éclater de rire. Inko avait l'impression de revivre ses seize ans, du moins l'insouciance de cette époque. Ça ne fut que de courte durée puisque son chef rappliqua pour lui dire qu'il ne lui restait que deux minutes de pause.

-Je suis vraiment désolée, mon chef vient de me dire que je vais devoir raccrocher. Je n'avais pas réalisé que ma pause était presque finie.
-Dommage, j'aurai bien continué de vous parler. Ça m'a fait du bien...
-C'était sympa, oui..., reconnue Inko un peu gênée. Je voulais vous poser une dernière question avant de raccrocher, monsieur Yagi...
-Allez-y...

Son cœur se mit à battre vite. Il avait peur. « Et si elle s'était rendue compte que j'étais All Might ? Pire, qu'elle sache que je bosse à UA et je suis le prof de son fils... », rien que d'y penser, il sentait de sueur perler sur son front.

-Est-ce que vous êtes marié ?

Il faillit s'étouffer de rire. Inko attendit quelques secondes la réponse à sa question. Il fallait qu'elle en ait le coeur net. Elle ne voulait pas communiquer avec un homme déjà pris, ce n'était pas correct. Elle se sentit un peu vexée quand elle comprit qu'il était mort de rire.

-Chassez le naturel, il revient au galop, lâcha-t-il toujours hilare. Ne me faites plus jamais ça...
-C'est important pour moi de le savoir. Vu que nous parlons par téléphone. Je ne voudrai pas vous causer du tord...
-Rassurez-vous chère madame, je suis loin d'être marié et d'avoir une jolie petite famille. Vous ne causerez du tord à personne.

Soudain il se rappela l'existence d'Izuku. « Enfin... à presque personne » voulut-il ajouter. Il n'osa pas le faire.

-Dans ce cas, c'est parfait. Il faut vraiment que je vous laisse, maintenant.
-À plus tard !, s'écria-t-il.

Inko raccrocha. Elle ralluma son ordinateur, puis récupéra son téléphone pour le ranger dans son sac. Sur l'écran s'affichait un message de Toshinori Yagi qui disait qu'il avait été content de pouvoir discuter avec elle. Elle ne lui répondit pas mais elle n'en pensait pas moins. Son chef revint une énième fois.

-Vous avez un petit ami, Midoriya ?
-Vous êtes bien curieux..., souffla-t-elle.
-C'est-à-dire qu'on ne vous voit pas souvent au téléphone. Mais vous avez raison, ça ne me regarde pas et surtout, ça ne m'intéresse pas tant que ça.

Il haussa les épaules et indiqua à Inko toutes les tâches qu'elle devait faire pour l'après-midi. Quand son chef sortit, elle soupira. Elle regretta ce midi au téléphone avec Toshinori. Il arrivait si facilement à la faire rire, s'en était déconcertant.
Pour sa part, All Might sortit de chez lui et se balada dans les rues de Tokyo. À tout moment, on pouvait faire appel à lui pour porter secours à quelqu'un mais pour être opérationnel, il fallait qu'il se préserve. Son temps d'action diminuait de jours en jours. Dire qu'en conversant avec Inko, il avait totalement oublié l'état de son corps affaiblit. Il se demanda alors quand serait la prochaine fois qu'il passerait un coup de fil à la mère d'Izuku.

All Might et... ma mère ?!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant