Chapitre 3 : « Mon autre »

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Deux années que l'on se tournait autour,
toujours dans le respect. Un « je t'aime » envoyé par erreur et le début d'une véritable histoire d'amour.
Je devais faire le point dans ma vie de femme mariée, il fallait que j'essaie, au moins pour les enfants. J'ai essayé, jusqu'à nos dernières vacances ou je voulais m'éloigner de lui pour ne me consacrer qu'à ma famille, et où pas un seul instant il n'a quitté ma tête. J'ai su en rentrant que j'étais tombée amoureuse. J'me souviens m'être dit « ben merde alors! J'suis dans de beaux draps moi maintenant... ».
Et là dans ma tête j'allais partir avec les enfants, ma soeur, mais seule, il me fallait préparer ma rupture, mon départ ; tout allait littéralement changé désormais. Je ne voulais rien entre nous je ne pouvais pas cacher un truc pareil aux gens que j'aime. Mais on se voyait, on se parlait, puis ses parents faisaient souvent le lien sans le savoir, sa maman, la fameuse bonne fée ! Oui je suis tombée amoureuse du fils de ma collègue. Je ne pensais pas qu'à l'âge adulte on pouvait avoir de tels papillons constamment dans le ventre pour quelqu'un, c'était un truc d'adolescent ça ! Ha ben non. L'adulte aussi peut aimer aussi fort que l'enfant et surtout de manière aussi vraie et évidente.
Mais je me savais en danger, amoureuse donc fragile et naïve. Je devais m'assurer qu'il m'aimait aussi avec la même force pour ne pas tomber de haut.
Mais il m'aimait, moi, mon vrai nouveau moi :)
Avec mes galères, mes casseroles, ma vie d'avant, mes enfants, ma famille pas toujours très juste, il m'aimait et voulait former un « nous ».
Jusqu'au jour où on a craqué... il neigeait, je refusais ton invitation de passer la nuit chez toi suite aux intempéries, je n'ai pas voulu mais tu m'as volé un baiser... je n'en ai pas dormi de la nuit, tu m'as manqué ces heures là. Le lendemain je suis revenue, quelques heures. En partant tu m'as poussée contre le mur et m'as embrassée. Jamais on ne m'ava embrassée comme cela, avec autant de fougue, de passion, d'amour, d'impatience de pleinitude.
Pendant une dizaine de jours on s'est cachés. Des moments volés. C'était nos moments à nous et tout cela fait aujourd'hui partie de nous parce qu'on étaient les seuls à partager cela.
Puis j'ai dû faire ma grande annonce, mon mari, nos familles, nos amis, nos enfants,...
Quel déchirement de voir dans leurs yeux la déception...
Avoir le sentiment de tuer mon ex mari n'a pas été chose aisée non plus. Mes amis m'en ont voulu, beaucoup, certains me manquent, d'autres pas.
Je passe l'épisode des dernières fêtes de famille ensemble avant de tout faire exploser. Un désastre, j'ai été jugée et ma plus vieille amie a refusé d'admettre que j'étais plus heureuse ainsi.
La préparation administrative du divorce, la séparation de la maison et la garde alternée de cette dernière. Je faisais ma valise deux fois par semaine... mais il a fallut passer par là.
Puis la recherche d'une grande maison! Pour nous tous!
On en pouvait plus de vivre ainsi mais il a fallu passer par là. Tout le monde à morflé, lui, moi, nos enfants, nos familles,...
Et puis un jour ce retard de règles... cette décision de faire partir ce petit « nous » arrivé par surprise. Les complications médicales imprévues qui s'en sont suivies, un curetage sans anesthésie. Une douleur physique innommable, un déchirement psychique qu'il nous a fallu gérer... et ce regret peu de temps après...
La culpabilité d'avoir volé une vie, de détruire celle de mes proches, tout ça par égoïsme au final...
Mais il était là, il est resté à mes côtés m'a soutenue et on a tenu bon ensemble.
Et là le choc... l'ascenseur émotionnel, le drame d'une vie.
Mon grand garçon m'annonce avoir été victime de viol par son propre cousin du côté paternel...
Je suis morte ce jour-là. Tout s'est éteint en moi.
Mon niveau de culpabilité maternelle était à son plus haut niveau.
S'en sont suivies toutes les démarches judiciaires qui sont découlées. L'incompréhension des proches, le manque de soutien. L'impression d'abandon.
Puis ma soeur, comme ma fille, ma fierté... a décidé de ne pas me suivre. Sans explication, sans un aurevoir, sans un « je t'aime ». Les reproches de ma mère et son mari sur ma gestion financière et la probabilité que j'ai pu profiter ou voler l'argent de ma soeur. Toutes ces inventions pendant la crise que mon fils et moi vivions. Aucun respect de la situation, aucune empathie. Chacun ses petits problèmes qu'il disait le beau-père.
C'était la goute d'eau. Je leur ai dis ce qu'ils avaient envie d'entendre et j'ai prié pour qu'il partent vite. L'arrivée de mes ex beaux parents m'ont sauvée de l'enfer où je me trouvais et les horreurs que j'entendais. Même eux, n'ont rien compris... ce jour là j'ai su, j'ai su que je ne voulais plus de ma mère dans ma vie. Cette mère nocive et toxique qui n'a fait que m'enfoncer tout au long de ma vie. Celle que j'ai tant admiré et aimé.

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