Chapitre 4 : « J'ai mal à ma mère »

61 0 0
                                    

Dans mes cours de cadre de secteur non marchand j'ai eu des cours inutiles, certains vraiment barbants et loin d'être passionnants. Mais s'il y a bien quelque chose que j'ai appris c'est que dans certaines situations il faut pouvoir choisir la moins mauvaise des solutions, simplement parce qu'il n'en existe ps de bonnes.
Ça m'a tellement aidé, parce que si au final cela semble simple, et bien dans le concret ça aide à poser ses choix quand ceux ci deviennent compliqués.
Je l'ai appliqué. J'ai choisi de sortir ma mère de ma vie quotidienne. Qu'elle ne touche pas, ni de loin, ni de près, à ce que je suis en train de construire.

Maman a un idéal en tête.
Pour maman, le regard des autres est primordial, on doit avoir une belle carrosserie même si le moteur est HS,
On est fort on ne tombe pas,
Pas le droit à l'échec,
L'avis de maman et le seul qui compte,
Le choix de maman est toujours le bon.

Cette pression que j'ai toujours ressentie ou je devais être ce que maman avait prévu que je sois.

Avant mes enfants maman était mon idole, mon modèle. Impossible de vivre sereinement en sachant que je l'avais déçue. Et visiblement je l'ai souvent déçue. Ha non! Quand elle avait un public, elle aimait vanter mes mérites. Fière de sa fille qui se battait et réussissait, SA fille :) Maman, un monstre d'égoïsme. Un rien matérialiste, et aucune identité si ce n'est que s'approprier celle des gens avec qui elle vit.
Maman ment beaucoup dans n'importe quelle situation. Aucune vérité n'est bonne à dire. Une habitude de vie de toujours modifier les faits même dans des banalités.
Longtemps devant elle je me suis forcée à sourire, à faire comme elle trouvait que c'était mieux de faire. Jusqu'à changer mes habitudes du quotidien pour éviter le petit pic. Puis un jour, être ce que je n'étais pas m'est devenu insupportable. Alors j'ai changé deux trois choses, je les ai faites comme je l'avais décidé. Mais cela fut interprété comme une forme de rébellion contre ma mère... elle n'avait de nouveau rien compris aux douleurs de sa fille. Un jour j'me souviens, je lui avais dis qu'elle devait me laisser faire même si je devais me planter j'apprendrais de mes erreurs. Je me souviens aussi lui avoir expliqué que même si on avait des points de vue différents on pouvait s'aimer on était pas obligée de convaincre l'autre d'adhérer à ses idées.
Sa mémoire abîmée uniquement quand cela l'arrangeait aussi. Les excuses de sa maladie mises à toutes les sauces,...
Maman je ne t'ai plus crue.
Maman tu nous as menti à Manon et moi, les documents médicaux ne mentent pas eux.
Ma vie c'est du flou. Mes racines ne signifient plus rien. Une vie digne du film « The Truman Show ».
J'avais 16ans, il m'a forcée à partir devant toi figée à ta chaise sans aucune réaction.
Tu m'as toujours dit que je pouvais faire mieux, ben oui c'est évident, je fais jamais assez bien que pour que tu t'abstiennes de tout commentaires...
Je sais aujourd'hui que je n'aurai jamais assez d'une vie pour terminer une thérapie.
Maman. Ça me manque... Je gère comme je peux la douleur que je m'inflige en les éloignant de ma vie. Je sais maintenant ou sont mes priorités ainsi que mes objectifs. Et pour y arriver, certaines personnes ne doivent plus y être liés directement.
Maman m'a dit un jour qu'il était temps que je fasse le deuil de l'idée un jour d'avoir un père ou une figure paternelle. Je l'ai pris pour une bonne gifle, mais au final, elle avait raison et c'est même pire, je dois faire le deuil de parents en général. J'ai eu une maman pendant mes dix premières années, celles où j'étais le plus malléable. Une vraie poupée pour elle! Toujours habillée et coiffée au top. Je devais être sage et respectueuse en tous moments. Je l'aimais ma maman.
Jusqu'à mon mariage ! Il plaisait à ma mère, c'était mon ami de toujours, il était stable et fiable, « la carte de la sécurité » m'avait elle dit un jour dans sa cuisine. Puis on avait été amoureux plus jeunes ça allait forcément repartir.
On s'est mariés. Il m'a donné deux magnifiques enfants mais j'ai perdu mon ami et j'ai été longtemps malheureuse.
Ce serait réellement maintenant que j'aurais envie de me marier. Et pas pour la fête ou les autres. Se marier même à deux en cachette. Protéger notre intimité et notre bonheur. Mais s'engager cette fois pour mes convictions les plus profondes, les sentiments les plus sincères. J'espère qu'un jour je serai sienne à jamais. Qu'on se le promettra ensemble. Je sais que c'est le dernier homme de ma vie, je sais que aimer ainsi on peut pas aimer deux fois aussi fort. Et j'ai aimé des hommes. Certains très fort. Je ressens physiquement l'amour que je lui porte. Il a changé ma vie.

À corps ouvert Où les histoires vivent. Découvrez maintenant