À corps ouvert

Chapitre 6 : « Mon démon »

Je t'en veux, une colère en moi qui ne disparaît pas, ni ne diminue, malgré mes diverses tentatives de solutionner le problème.
Pourquoi dois je continuellement subir au fil de ma vie autant de difficultés? J'ai l'impression d'avoir vécu plusieurs vies en une. L'impression d'avoir été une sacré garce dans mes autres vies pour vivre
ce que je vis depuis presque 32ans.
Je suis née après 8ans de relation entre mes parents. Une union semblable à mon propre mariage. L'amour n'était pas le mot avec lequel on aurait pu associer mes parents.
Maman voulait défier son père, papa je crois qu'il s'est dit pourquoi pas, ils se sont mariés, jeunes, trop jeunes.
Papa était incapable de gérer de l'argent, maman aussi je pense même si elle a toujours prétendu le contraire. Papa buvait, beaucoup trop.
Deux échecs professionnels ont suivi ces noces. Malgré cela, ils décident de faire un enfant : moi!
Et pourtant je n'ai que six mois quand maman prend la décision de demander le divorce et de partir. Avec le recul d'aujourd'hui, je la soupçonne très sérieusement d'avoir voulu une petite fille pour pouvoir « jouer à la poupée ». Maman n'a jamais réellement grandit au final. Elle est restée une enfant et le restera toujours.
Papa n'avait plus de domicile, le divorce a mis une dizaine d'années, et maman n'avait pas de sous, alors c'est marraine qui m'a élevée mes premières années. Ma marraine, ma bonne fée, le seul ange que j'ai pu rencontrer.
Et puis un jour maman a rencontré un monsieur, dans mes plus lointains souvenirs c'est lui que j'ai toujours eu pour figure paternelle. Il avait deux grands enfants, qui étaient pour moi mon frère et ma sœur peu importe le sang, le lien qui nous liait était bien plus fort!
J'ai eu une enfance formidable, des ballades à cheval, des animaux, une jolie maison, ma famille que j'adorais, ma jolie petite école, mon village, ma campagne.
Un jour tout a basculé. Je savais qu'ils se disputaient beaucoup. Je savais que lui n'était pas toujours fidèle, mais je ne voyais pas à quel point ma maman était malheureuse avec lui. Elle m'a annoncé notre départ, notre déménagement qui allait se faire au petit matin pendant son absence dans le plus grand secret. Nous sommes dimanche, au marché, il fait froid mais ensoleillé. Elle m'annonce que je ne dors pas à la maison ce soir, que je vais chez parrain le temps qu'elle ne déménage en cachette. Que je peux dire au revoir à ma sœur qu'elle a mise au courant mais que je peux rien dire à Personne d'autre. Je ne comprends rien, et comme un robot je fais ce que maman attend de moi. Elle m'explique simplement que l'on va faire de la collocation dans une nouvelle maison avec un ami à elle, un collègue lui aussi.
Le lendemain mon parrain joue avec moi je vois bien que l'on me cache quelque chose, j'entends une voiture, je me jette à la fenêtre, une voiture se stationne, c'est maman! Un monsieur sort par la portière conducteur. Il contourne la voiture, enlace ma mère, et l'embrasse amoureusement. Je referme le rideau. Parrain me fait un sourire d'encouragement et là sonnette retenti. Ils sont à la porte. Maman me le présente sans préciser leur relation et on repart à trois dans cette nouvelle vie.
J'ai plusieurs trous noirs et je ne sais plus comment ils ont fini par me dire qu'ils étaient ensemble.
La première année n'est pas catastrophique bien que du jour au lendemain j'ai dû fermer un chapitre de ma vie sans l'avoir vraiment compris. Mon « papa », mon « frère », « ma sœur », ma maison, nos animaux, la campagne,...
Une maison en ville, pas de jardin mais une petite terrasse entourée de murs de dix mètres de haut. Plus d'amis à proximité, ne plus pouvoir jouer dehors en sécurité, un beau père froid même glacial! Un gars hors du temps, avec un air aux « Beetles ». Avec des valeurs et des normes de nos arrières grands parents. Un célibataire taiseux qui habitait toujours chez ses parents du haut de ses 38ans.
Il a installé une distance entre ma mère et moi de jalousie de notre complicité et notre fusion. C'était l'époque où je vivais à travers ma mère et pour ma mère pour son bonheur. J'étais ce qu'elle voulait que je sois.
Une année est passée et la question de l'enfant en commun se posait vu l'urgence de leurs âges. J'étais ravie. Maman est tombée enceinte. J'me souviens vaguement un épisode de pertes de sang à la maison mais jamais elle n'a parlé de grossesse gémellaire. Elle a peut être perdu ce second bébé ( dans l'hypothèse où il a réellement existé...) au tout début de sa grossesse car jamais dans la famille il n'a été question d'autre chose que d'une seule petite fille.
Maman accouche avec 7semaines d'avance, elle fait la pré-éclampsie. A savoir qu'elle a toujours prétendu avoir eu des jumeaux, avoir perdu le garçon qu'elle avait nommé Tom, avoir accouché de ma sœur a 6 mois de grossesse, que ma sœur était à la limite de la mort,... il n'en est rien, le dossier médical de ma sœur ne donne pas la même version. Chose que ma sœur a pu entendre de ses oreilles. C'était une prématurée avec les soucis classiques qui en découlaient, elle été transfusée oui, son état n'était néanmoins pas aussi catastrophique que maman l'a toujours prétendu.
Sa naissance a tout bouleversé. Son père m'empêchait de la toucher, d'avoir un lien avec elle, de manger en même temps que lui, de mettre du chauffage dans ma chambre, de regarder la télévision en bas,... et j'en oublie. Il m'a fait payé les dettes que lui a dû payer que mes parents avaient fait ensemble, prétextant que ce n'était que là faute de mon père biologique et que vu que j'étais sa fille je n'étais pas mieux. Père biologique que j'ai vu quelques fois dans mon enfance, maman a fait en sorte et de manière filoute qu'il ne me voit pas, et lui n'a pas sembler bon de s'intéresser à moi ou de se battre pour m'avoir.
Je rencontre un garçon plus vieux, j'ai 13ans et demi et lui 18. Un ami d'un cousin, un gentil. Mon premier amoureux et amant. Maman me laisse le fréquenter pour m'éloigner des tensions familiales. Je pars un an dans un centre pour jeunes obèses, ma plus belle année. On se séparera à la fin de cette période.
Je rentre à la maison et l'ambiance est toujours aussi tendue. Puis je rencontre un second garçon de 11ans mon aîné, maman accepte cette relation aussi, elle le connaît puisque il a été son prof de néerlandais quand elle prenait des cours du soir.
Un jour je rentre de l'école, ma clef ne rentre plus dans la serrure. Il l'avait changée. Il m'a demandé de partir ce jour là et j'avais 16ans. La police m'a expliqué que je devais aussi porter plainte contre maman pour m'émanciper. J'ai refuser de lui nuire et ma marraine a accepté de m'héberger.
Ma bonne fée...
J'ai vécu avec elle un bon moment, jusqu'au jour où je me suis rendue compte qu'elle n'avait aucune aide pour me nourrir et qu'elle se privait de viande pour m'en laisser. Rapidement j'ai trouvé du boulot et j'ai arrêté l'école pour m'installer seule et laisser ma marraine en paix.
Ma vie de « grande » commençait !
J'ai fais de la collocation avec une collègue que je venais de rencontrer. On s'adorait et je n'ai que de bons souvenirs avec elle. On bossait pas mal et on sortait énormément ensemble. Des boîtes de nuit, des restos, des p'tis amis,.... j'ai profité de ma jeunesse, je ne regrette rien. Je ne suis jamais tombée dans les drogues dites « dures », j'ai essayé quelques petites choses mais sans grandes gravités.
Puis un jour j'me suis sentie mega épuisée et cette fatigue ne passait pas, j'étais toujours réglée et sous anneau vaginal, mais ma colloc me persuade de faire un test de grossesse. Négatif. Les semaines passent mais mon état ne s'améliore pas. Je décide d'aller voir mon généraliste. Il soupçonne la mononucléose mais coche néanmoins la case pour mesure mon taux d'HCG bien que je lui ai expliqué le test négatif.
Il m'appelle trois jours plus tard il a deux nouvelles une bonne une moins bonne.
La moins bonne? J'ai la mononucléose.
La bonne? Je suis enceinte... très enceinte...
Le choc...
J'appelle le père pour lui annoncer... il est en CEFA, ce jour là au boulot sur un toit, il a frôlé l'accident de travail...
Le lendemain mon ventre s'était fort arrondis et rdv gynécologue programmé.
L'éventualité de l'IVG fut rapidement écarté vu la grossesse déjà bien avancée.
Je ne me sentais pas prête, j'étais morte de trouille. Moi maman?