#11

476 19 55
                                    

On était partis se coucher sur les coups de trois heures du matin. J'avais constaté que ma couchette était au dessus de celle de Nek et en face de celle de Josh. Les rideaux de cette dernière étaient tirés depuis un bon moment. Je ne tardai pas à m'endormir.

Quelques heures plus tard, je fus réveillée par le vrombissement du moteur. Nous étions en route pour le festival suivant. Je me retournai dans l'espoir de me rendormir, mais impossible de trouver le sommeil. Dans  une des couchettes, de petits ronflements se faisaient entendre. J'étais prête à parier que c'était Josh. Tout à coup, je sentis des coups faisant trembler le mur du bus.

Des murmures de faisaient entendre. Ça venait d'en dessous. C'était Ken. Voyant qu'il continuait à parler dans son sommeil et de plus en plus fort, je me redressai. Au moment où je voulus descendre de ma couchette il se redressa en hurlant. Je me précipitai en bas de l'échelle et je m'agenouillai à côté de sa couchette. Il me regarda. Il était en sueur et des larmes striaient ses joues. Il les essuya en espérant que je ne les ai pas vues avant .

"Ça va, Ken?"

Il me regarda, un peu perdu, avant de répondre avec un sourire aussi faux que le cul de Kim.K:

"Oui, va te recoucher."

Son ton était plutôt froid. Je n'insistai pas. Je me redressai et m'avançai vers lui. Je déposai un bisou sur sa joue, me voulant réconfortante. En me redressant complètement, je pris mon lit sur le haut du crâne. Je me reculai les yeux fermés les mains appuyés sur la tête en jurant le plus silencieusement possible. Ken ricana:

"C'est ça de vouloir faire mère Theresa... "

Je lui fis un magnifique doigt d'honneur et je remontai sur ma couchette.

"Bonne nuit, Nekfeu!"

Il répondit par un grognement. Je ne cessai de me retourner dans mon lit. Je ne parvenais pas à me rendormir après le hurlement sinistre de Ken. Une demi heure plus tard j'entendis du bruit. Ken bougeait. Je ne voyais rien à part son ombre à cause de mes rideaux. Il tendait une main vers moi. Ah nan, il renonçait. Il allait partir. Non?

"Emmie? Tu dors?"

Je ne pris pas la peine de répondre. J'ouvris le rideau et je vis un faible sourire éclairer son visage.

"J'arrive pas à dormir."

Sans un mot, je descendis de ma couchette. Je me retrouvais face à lui. Je saisis sa main et me dirigeai vers le petit salon. J'allumai la télé en prenant le soin de couper le son, puis la PlayStation. Je dis à Ken:

"Choisis le jeu que tu veux, je reviens."

Je partis dans la mini cuisine et en revint avec des mikados et des chamallows sous le bras et deux chocolats chauds dans les mains.

On commença la partie. On jouait en silence, comme si on n'avait besoin de rien. Au bout de quelques minutes, Ken coupa la console et mit BFM toujours sans le son. Il sirotait vaguement son chocolat chaud.

"Regarde... ils font les oufs, comme si tout allait bien dans le monde, mais c'est faux."

Je ne dis rien. Je continuai à observer l'écran comme lui le faisait. Il n'avait pas tord et j'étais bien placée pour le savoir. Le silence s'installa de nouveau mais il n'avait rien de gênant. Nous étions assis par terre, dos au canapé avec un mètre de distance entre nous. Je me sentais étrangement bien. D'un coup il lança.

"C'était la femme parfaite... la femme de ma vie... enfin je pensais..."

Sa voix avait un peu déraillé à la fin. Je ne le regardais même pas. J'attendais la suite sans dire un mot.

SquaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant