Squa

#22

Je jetai un coup d'œil à Ken qui soupira et rentra dans le bus. Je coinçai la cigarette entre mes lèvres et rangeai mon briquet. Je ne l'allumerai pas, c'est une promesse, mais il y a quelque chose de réconfortant à avoir ce petit tube entre les lèvres, comme si j'avais un temps soit peu le contrôle. Bien sûr, je sais que ce n'est pas le cas mais l'illusion est agréable.

Josh s'assit en face de moi. Je le regardai et attendis qu'il commence à parler. Son regard n'annonçait rien de bon. Il prit une inspiration et dit:

"Ça ne peut pas continuer comme ça Mimie. Je vais rentrer à Paris. Comme ça je nous installe à l'appart et je te laisse avec tes rappeurs en papier mâché."

Je restai sans voix. Il poursuivit :

"Je m'entends pas avec les gars. Ils ne m'aiment manifestement pas. Et je supporte pas de te voir te frotter à eux comme un chien se frotte à son maître. C'est pas toi Mimie, tu n'es plus toi."

Je vis rouge. Il ne pouvait pas me juger, pas lui.

"On en a parlé avec Caro et Thomas d'ailleurs. Ils sont d'accord avec moi: à suivre ces bâtards de rappeur tu t'es perdue. Au début j'étais heureux de te voir sur scène, mais je pense qu'avec le temps t'as confondu la scène des festivals avec celle d'un strip-club."

Je me levai d'un coup.

"Mais c'est quoi votre putain de problème à tous là? Vous comprenez pas quoi dans mise en scène? T'as pas le droit de me juger Josh ! Pas toi ! Non ! T'as pas le droit !" commençais-je à hurler.

"Tout ce que je dis, c'est que notre Mimie n'aurait pas fait ça! Là je la reconnais pas ma partenaire de toujours ! Ma Mimie, elle n'aurait jamais rouler du cul pour allumer des festivaliers ! Elle, elle aurait jamais et je dis bien jamais, finit dans le lit d'un mec comme Ken! Elle n'aurait jamais fait la pute notre Mimie ! "

Je restai sans voix. Jamais je n'aurais cru qu'il m'insulterai comme ca, qu'il irai aussi loin, qu'il me renierait à ce point. Je sens le sang quitter mon visage. Mes mains tremblent légèrement, je suis comme engourdie.

"Vois la réalité en face Mimie! T'es devenue grave là. Donc je rentre avant de me sentir responsable de ta puterie. On se verra à l'appart. Sans eux. Et s'il te plait, essaye de pas chopper le SIDA en route, j'ai pas les moyens pour un enterrement."

Je lui assenai une baffe en sentant les larmes perler. C'en était trop. La porte derrière moi s'ouvrit et Mekra et Fram m'attirèrent à eux avant que je ne recommence. Fram cria:

"T'es sérieux mec? C'est ça un frère ?! Putain depêche toi de te casser, avant qu'elle te casse la gueule ou que je m'y colle sale bâtard ! "

Mekra me maintenait fermement. Les larmes coulaient abondamment sur mes joues. Josh entra dans le bus et en ressortit tout aussi vite avec sa valise. Avant de partir il se retourna et siffla:

"Gwen serait tellement déçu de toi!"

Je vis soudainement encore plus flou. Mekra dût me soutenir. Il me posa doucement par terre. Mon coeur lui était serré, il me faisait mal. Les larmes roulaient toujours sur la peau se mes joues.

J'étouffais. L'air manquait. Tout semblait trop grand. Trop monstrueux. J'entendais vaguement Mekra chuchoter à mon oreille.

"Mimie... calme toi. C'est pas grave, il est juste dans un mauvais mood. On est là nous."

Je percevais les mouvements autour de moi. Je sentais qu'on me touchait mais j'avais mal. Mes yeux étaient voilés par les larmes.

Soudain une lumière vacillante apparut devant mon regard. Une voix parvint à mon oreille.

"Emmie... regarde... la flamme du briquet est là. Il n'est pas déçu. Il est fier. Tu joues devant 80 000 personnes avec nous. Tu chantes, tu danses, t'es drôle. Tout va bien, óla kalá."

La voix était grave et douce. C'était agréable. Mon attention était focalisée sur la flamme qui dansait devant mes yeux. Une main saisit la mienne et me donna le briquet. J'entendis vaguement la voix s'adresser aux autres.

"C'est fini. Elle va se calmer toute seule. Il y en a un qui reste avec elle, mais loin."

Je restai assise par terre, le briquet allumé devant moi. Je ne sais pas combien de temps ça a duré.

Je finis par me relever. J'entrai dans le bus. Tous les gars étaient silencieux dans le salon. C'était étrange. Ça ne leur ressemblait pas. Mo s'approcha et dit:

"On doit aller au festival suivant pour demain. Viens on va regarder un film."

Il me donna la télécommande de la télé et me laissa choisir le film. Mon choix se porta sur dirty dancing. Ce n'est pas mon film préféré mais j'ai toujours bien aimé les films de danse. Les gars faisaient des commentaires sur tous les faits et gestes de Bébé. Doums finit par dire:

"Bébé elle danse moins bien que Mimie."

Remarque qui fit exploser de rire l'assemblée et qui malgré mon mal être me fit esquisser un léger sourire vers mon blackos préféré. Ce qui le fit sourire de plus belle.

Puis le silence revint, tout aussi pesant, et le malaise s'installa à nouveau. À la fin du film Ken soupira:

"En tout cas c'était bien pourri. Qui peut croire à ça."

Je le regardai droit dans les yeux et dis:

"Qu'est ce qui n'est pas crédible? Les scènes de danse? L'histoire d'amour? Le fait que deux êtres différents doivent évoluer ensembles? Qu'une fille innocente découvre la vie? Hein Ken, c'est quoi la couille à ton avis ?"

Il me fixa méchamment.

"Tout! Il n'y a rien de réel. Ça n'arriverait jamais dans la vraie vie. Serieux c'est vraiment un film de merde pour les ados en manque d'affection."

Je levai les yeux au ciel, je crois que j'ai eu mon quota pour la journée, et après avoir embrasser (sur la joue, je précise, qu'on aille pas me dire que je fais la pute.) tous les gars, je partis me coucher. La journée m'avait exténuée. Enfin, la moitié de la journée car nous n'étions qu'au milieu de l'après-midi. Je m'installai dans ma couchette et repensait à tout ce qui s'était passé. Josh était parti. Il me détestait probablement. Comme Ken d'ailleurs. Mon pilier dans ce bus était redevenu comme au premier jour. Imbouffable. Ils avaient tous insinué que Gwen ne serait jamais fier de moi. Quelque part je me demandais si moi aussi je ne devais pas partir. Ce tourbillon de pensées me donna la nausée. Je tombai presque de ma couchette et je courus au toilettes vider le contenu quasi-inexistant de mon estomac. Je sentis une main saisir mes cheveux et caresser mon dos.

"Mimie... ça va aller... demain on voit Pal. C'est les Eurockéennes. Tu seras même pas obligée de monter sur scène. Si tu veux on te laisse dans la fosse. Ou le bus."

Peu à peu je me calmai. Mo continuait de me frotter le dos. Je me relevai et tirai la chasse. Je me rinçai la bouche et parti boire un verre d'eau et manger un reste de spaghettis froid dans le frigo. Je sais que c'est étrange mais mon frère faisait souvent ça. Quand j'étais petite, je voulais l'imiter mais ma mère me l'interdisait toujours. Alors il m'en donnait en cachette.

"T'étonnes pas d'être malade si tu manges de la merde."

Je fusillai Ken du regard avant de lui lancer une pâte à la gueule en guise de réponse. Framal lui balança une tape derrière la tête avant de lui aussi se prendre un regard noir de se dernier. Je finis par remonter me coucher et rejoindre le pays des rêves le plus rapidement possible.

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Bonsoir à tous!

Avec Flo on va reprendre un peu d'activité maintenant que les vacances arrivent!

Qui est allé voir les étoiles vagabondes? Moi j'ai pu mais pas Flo. Franchement c'était une pure bombe ce film.

Et l'album? Vous en pensez quoi? Moi je pense que c'est le meilleur et je suis pas quelqu'un qui pleure avec la musique mais là il m'a mis en pls. (L'impression qu'il est dans ma tête u know) Bref!

Enjoy

Les sorcières de luxe