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La faim dans le monde, le réchauffement climatique, la fonte des glaciers, la misérable taille de mes seins et tous les autres problèmes du monde, étaient les cadets de mes soucis. La seule chose qui me préoccupais dans l'immédiat, c'était Mohammed et le scanner qu'il avait à la place des yeux. Il était assis, en face de moi, en train de me sonder depuis une bonne demi-heure. Il me faisait ce regard; vous savez, celui du daron qui souhaite transmettre toutes les insultes dans sa tête par télépathie, à son gosse qui a fait une connerie. Moi, je faisais tout pour éviter son regard, question de survie. Il allait me faire caner avec son regard de la mort là!

"Emmie!"

Ok, j'avoue: j'ai sursauté fort. Genre vraiment fort. Mais attendre que Mo en colère parle, c'est plus flippant que les screamers dans les films d'horreur. Tu sais que ça va venir, tu sais que ça va faire mal, mais quand ça arrive, tu flippes quand même ta mère.

"Mes explications. Je les veux. Et tu as intérêt à me répondre honnêtement!"

Bon, je sais pas dans quel délire il est parti, mais une chose est sûre: il est sur une autre planète. Il a carrément cru qu'il était un mauvais flic dans un polar raté. Je finis quand même par acquiescer.

"Est-ce que tu as couché avec un des gars ici présents?

- Non

- Est-ce qu'un gars ici t'a draguée?

- Non

- Pourquoi tu as dormi avec Gringe et pas un autre des gars?

- Parce que c'est lui qui m'a ouvert la porte en premier...."

Il me lança un des regards les plus flippants que j'ai croisé. J'avais l'impression qu'il ne me croyait pas du tout. Je tentai un bref sourire en relevant un peu le regard avant de renfoncer ma tête dans mes épaules.

"Il ne s'est rien passé, sexuellement parlant, dans cette chambre d'hôtel?

- Non, putain!"

C'est bon je le sentais plus du tout là...

"Même pas les préliminaires?"

Je soufflai. J'étais chez les flics: c'était officiel.

" Non, il n'y a putain de rien eu et il n'y aura putain de jamais rien avec Gringe.

-Même pas un bisou? "

A cette question, je détournai le regard en tentant un faible non, mais Mo crama direct que je mentais. Je fermai les yeux en le sentant se tendre.

" L'enculé! Putain, j'vais le fumer!", siffla-t-il.

Il continua sur sa lancée:

" Et Orel ? "

Putain, mais c'est affreux! Il ne s'arrêtera donc jamais?

"Absolument rien!", répondis-je excédée.

" Bon, c'était pas le sujet de base..."

Ah bon? Je trouve que j'm'en suis déjà pris plein la gueule, pourtant. Il finis par poser la question fatidique.

"Pourquoi Ken était dans ton lit, hier soir?"

Vous connaissez la technique de l'autruche? Moi je suis une pro. C'est à dire que je vais totalement esquiver la question en remettant la faute dur un autre, Ken en l'occurrence!

"Ça, tu te débrouilles avec lui. Moi j'ai rien demandé."

Après tout, c'était la stricte vérité.

"Et ce matin?

- Même réponse? C'est bon? Je peux y aller?

- Nan!"

SquaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant