MURDERER LOVE

Chapitre 1

- Enfin !

Ma meilleure amie se posa lourdement sur le canapé. Nous venons tout juste de finir d'installer les meubles ; Maggie et moi avons emménagées dans cet appartement au centre de New-York il y a quelques jours à peine.

Au début j'étais un peu réticente à l'idée de quitter l'Oregon pour venir habiter avec elle, quitter nos petites habitudes n'était pas facile, laisser ma famille et les quelques amis que j'avais m'ont rendus triste mais dans le fond, avoir la chance de prendre un nouveau départ quand tout part en vrille, n'est-ce pas ce que tout le monde recherche ? Nous n'avons pas cette chance tous les jours.

Et puis, mon frère vit ici, à New-York. Ça me permet donc de me rapprocher de lui.

Quand j'ai appris qu'Adam, mon frère aîné avait un cancer des poumons l'an dernier, alors que j'étais aussi loin, ça a été comme un choc, en même temps qui pouvait s'y attendre ? Il a toujours eu une bonne hygiène de vie et était un grand sportif. Les premiers temps ont été durs, personne ne savait comment se comporter, s'il fallait faire comme si tout allait bien ou alors passer les journées à s'apitoyer sur son sort. Depuis, il est sur liste d'attente pour une greffe mais on a malheureusement toujours aucun résultat. Malgré tout j'ai encore espoir, parce qu'il est mon pilier, une partie de moi. L'idée de le perdre me parait surréaliste.

Nous avons toujours été très proches même lorsque qu'il a quitté Portland pour vivre avec sa copine New-yorkaise qu'il a rencontré lors d'un voyage là-bas. Alors ça a été une évidence pour moi de choisir cette ville pour tout recommencer et être plus proche de lui.

Quelque part je m'attache un peu trop à cet espoir qu'il soit guéri miraculeusement. Non seulement il est ma famille, mon sang, mais il a aussi été le seul à me sortir du cercle infernal dans lequel je suis rentrée il y a quelques années. C'est un événement qui nous a beaucoup plus rapproché qu'avant.

Nous avons déjà perdu notre père, le perdre lui me détruirait bien plus encore.

-Je vais me doucher, lâchais-je après un long silence

- Ok ma belle ! Cependant sérieux Cristal, cette fois évites de prendre toute l'eau chaude, dis la grande brune alors que je m'engageais vers la salle de bain.

-T'inquiètes ! je lui envoyais un bisou avec ma main et m'enfermait dans la pièce.

En entrant, je ne pus m'empêcher de regarder la jeune femme se présentant face à moi dans le miroir. Depuis mon départ, mes longs cheveux colorés en blond de nature bruns ont légèrement poussé, ma peau est pâle, j'ai toujours eu des formes plutôt rondes pour mon mètre soixante, on remercie d'ailleurs les soirées pizza et bière avec mes amis de la fac avant que je ne demande mon transfert ici, mais le sport me permet de garder une certaine forme. Quant à mes yeux bleus, ils n'ont plus le même éclat qui rendait mon regard lumineux comme il y a encore un an.

En sortant de la salle de bain environ vingt minutes plus tard, vêtue d'une serviette, Maggie me tomba dessus.

-Bon Cris prépare toi, ce soir il faut absooooolument fêter notre arrivée et comme on n'a pas eu le temps cette semaine avec l'emménagement, on se fait ça ce soir !

Je restai un instant interdite face à la brune au teint hâlé devant moi.

-Quoi ? demandais-je perdue

-Bon en gros : tu te pré-pa-reuh ce soir on soooort. Répéta-t-elle lentement

-Mag' c'est bon je ne suis pas attardée mais je te signale que demain j'ai cours alors merci mais non merci. Ce week-end pourquoi pas ?

Je commençais à me diriger vers ma chambre.

-Non non non ce week-end tu sais très bien que je ne suis pas là et que je le passe à gérer des crapules - c'est sa façon sympathique de dire qu'elle fait du babysitting- donc c'est maintenant ou jamais. Allez, sérieusement en plus depuis Kyle tu sors à peine et ça ne s'arrange pas avec ton frère.

Je me stoppai net, ressentant une légère tension s'installer.

Rien que d'entendre ce prénom sortir de la bouche de mon amie me fit frémir. Kyle est de l'histoire ancienne, je ne veux pas me souvenir des atrocités que j'ai vécu avec lui.

-Ok désolée, dit-elle en voyant le malaise s'installer, mais tu l'as dit toi-même : nouveau départ, donc on oublie la dépression tout ça et toi tu redeviens la petite fêtarde que t'étais. En plus demain tu ne commences pas avant 10h, c'est ce que tu m'as dit.

Elle fit la moue.

Je soupirai.

-Bon très bien, mais, cette fois tu évites de finir sur le bar totalement déchirée et on rentre avant la fermeture.

-Oui maman, dit-elle suivi d'un clin d'œil.

Et me voilà une demi-heure plus tard en train d'ajuster ma robe noire, dos nu arrivant mi-cuisse, simple mais efficace, laissant apparaître mon tatouage sur la cuisse gauche et celui sur mon poignet droit cachant les cicatrices laissées par un monstre. J'enfilais ensuite mes talons. Mes yeux sont légèrement maquillés de mascara et d'un coup de crayon tandis que mes lèvres sont colorées de rouge bordeaux. Pour ce qu'il en ait de mes cheveux, j'ai décidé de les laisser détachés et lissés.

Maggie arriva dans le salon vêtue d'une robe rouge montrant sa taille de guêpe ; ça fait quinze ans qu'elle danse, portant des talons noirs. Elle a attaché ses cheveux en chignon parfait et a mis en valeur ses yeux d'un marron clair grâce à un trait d'eye-liner parfaitement réussi, du mascara et du fard à paupière plutôt brun alors que pour ses lèvres elle les a recouvertes d'un gloss à peine remarquable.

-On y va, tu es prête ? demanda la danseuse depuis l'entrée.

-Oui, j'arrive, dis-je en attrapant ma pochette et ma veste en cuir.