Chapitre 15

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Derrière un hublot, le visage en larmes de ma mère s'effaçait progressivement avec deux gardiens la raccompagnant vers  l'extérieur.

La porte d'entrée s'ouvrit brusquement devant moi.
Je n'avais pas de mot . Je ne pouvais plus bouger. 
Étais-je abandonné ? Perdu ? Déçu ? Heureux ?
Ohlala j'eus envie de rire. Ahahah ! Une envie de rire. Ahahaha ! J'allais mourir ici. Oh , quel bonheur !
Je me suis mis à éclater de rire, d'un rire bruyant et accablant qui résonnait sur chaque mur.
Et puis, Je ne sais pas . Le silence.
Mes yeux se broyaient de larmes .
De grosses larmes.
C'est tout ce que je pouvais faire.

Pleurer et comprendre. J'avais compris.
Mes yeux gonflaient.
J'avais compris...

J'étais un monstre. 
C'est ça, un monstre...

" Je te raccompagne en cellule ?"

Le gardien m'observait avec son air froid. J'avais froid, je tremblai. Je fis un mon plus beau sourire osseux .

" Avec plaisir . "

***

" Tu peux entrer dans ta cellule . "

Je sursautai. J'étais si absorbé dans mes pensées que je n'avais pas  vu que le gardien m'avait raccompagner à ma propre cellule.

" À quoi tu penses ?"

Oh... ça c'était bien une question qu'on ne m'avait pas posé depuis longtemps !

Le gardien me jeta un regard pédagogique, sensé être pleins d'attention. J'ignorai son visage.

" J'aimerais être exécuté.

- Tu es sûr de ta décision ?

- Oui. J'ai envie de mourir. C'est mieux non ? "

Il recule. Ma réponse le surprend peut être. Il finit par souffler.

" Ta décision sera entendu dans la journée par le commandant. Tu peux attendre dans ta cellule."

Il ouvrit la porte et me fit entrer.
Ma cellule est sombre. Le froid du sol glaçait la plante de mes pieds .
À gauche,un matelas sale et perlé de bouloches blanches .
Au dessus de ma tête, une lampe à peine éblouissante et sur la droite une table en bois face à un tabouret.
J'observai la pièce où j'allais finir mes jours, l'air perdu.

Moi qui venait à peine de commencer ma vie...

Par ailleurs, pour simple décor, il y avait  une simple bouteille d'eau sur la table et une assiette en acier vide pour mes repas. Mes derniers repas.
Une simple bouteille Cristalline.
Une simple bouteille d'eau.

Le garde ferma brutalement la porte derrière moi.
De l'eau. Pourquoi ça me semblait tant curieux d'en voir à présent ?

Je restai concentré sur cet bouteille d'un litre. J'étais peut être en train de devenir fou. Ce n'était pourtant pas la première fois que je voyais une bouteille d'eau quand même !
Si banale...
Si intriguante...

Je titubai,  jusqu'à elle . La bouteille est maintenant sous mon nez.
Qu'est ce qui m'intriguais autant ?

Je ne savais pas. Ce n'était rien que de l'eau , sans bulle , sans odeur, et sans artifice. La seule chose de vrai dans cette endroit diabolique.

C'était la chose la plus précieuse qui me restait au monde. Je posai mes yeux sur le plastique.
C'était littéralement comme-ci je plongeai a l'intérieur de la bouteille. Comme à la piscine, comme à la mer.

Je posai une main derrière pour créer une ombre.
Et là, je souriai.  J'avais l'impression de plonger plus profondément.  Ses vibrations de l'eau qui m'atteignaient,  les vagues brusques ,la profondeur, les bateaux , les poissons...

Nager comme un poisson .
Tout était vrai.
Juste un poisson .
Pourquoi j'avais soudain cette vague de nostalgie ?

Il fallait que je me rende à l'évidence.
J'avais envie de nager . L'eau me manquait terriblement. Pas pour frimer, ni être célèbre, ni par pour faire des compétitions, ni même pas plaire à mon père.
L'eau me manquait. Tout simplement.

J'avais comme le sentiment d'être un poisson qu'on avait laissé rôtir vivant au soleil

Je voulais être dans l'eau.
C'était là ma place.
Quel histoire horrible et pourtant c'était bien la mienne.

L'angoisse montait soudain dans ma poitrine .
Je saisis  la bouteille , l'ouvris et la renversa dans mes narines. Mais mon nez débordait d'eau, l'eau ne s'evacuer pas et ne immense toux me prit alors dans la gorge . Je toussai et crachai.
Le sang se répandait dans ma bouche.
Je jeta la bouteille , m'attrapant le cou tandis que la toux m'arrachait les tripes.
Pendant de longues minutes.
Puis alors , la toux s'arrêta.

Je restai assis au sol , dans le silence et cette fois mes larmes...
Je me mis à pleurer.
A vraiment pleurer.

Je ne pouvais pas utiliser ma capacité.
Je ne nageai pas c'était donc impossible . C'était évident. Ici, même cela,  je ne le ressentirai plus jamais  . J'étais réellement sans défense, sans amis , sans famille ...
Je n'avais plus rien.

Lotus of the BreathOù les histoires vivent. Découvrez maintenant