Lotus of the Breath

Chapitre 14

Ma mère était là.
Face à moi.
Les mains crispés sur la table, le teint pale et elle me regardait droit dans les yeux.
Enfin...
Enfin...

Je pris une inspiration en essayant de retenir mes émotions.

" Bonjour maman."

Elle ne répondit pas.
Elle sanglota à nouveau pendant de longues minutes et moi, je la contemplai en train de pleurer.
Cette fois, elle ne pleurait pas pour les impôts, pour mes conneries, les notes de ma petite sœur ou bien les papiers de divorce avec mon père...

Pour moi. Elle pleurait pour moi.
C'est horrible, mais j'avais tellement envie de sourire. C'était si rare.
Mais la douleur, la réalité de mes souffrances, me rappellait à l'ordre.

J'étais là pour qu'on sorte d'ici , pour que ses monstres comprennent qu'ils n'avaient rien gagner du tout. Je voulais reprendre la parole mais ma mère se redressa. Ses yeux me regardaient droit dans les yeux puis me fuyait.

" Excuse moi chéri. Tu..."

Je lui faisais peur. Ses mots m'atteignirent comme un couteau dans la poitrine. Je gonflais la poitrine. Je savais que mon visage était défiguré par les expériences et les médicaments.

" Je comprends. Dis-je dégouté .

- Ils... Tu as beaucoup souffert."

J'affichai un faux sourire.

" Ne t'inquiète pas. Ça ira.

- Ah je m'inquiète... C'est terrible...Tu as tellement maigri... Est-ce qu'il te donne à manger ?

- J'ai une perfusion qui est sensé me nourrir donc je ne ressens pas vraiment l'envie de manger.

- Je suis sans voix...

- C'est normal... J'ai tellement de choses à te demander, et je ne sais même pas par quoi commencer.

- Moi aussi.

- Si on commençait par la date de sortie ? Je veux sortir le plus vite possible. Mais si ils veulent te causer des problèmes, je suis prêt à aller vivre ailleurs.

- Jaden, je ne veux pas de problème. Je ne veux pas que tu es de problème.

- Justement donc, si tu veux, je déménagerai. Ok, j'ai envie de savoir pourquoi et qui exactement m'a dénoncé, Claudia et puis savoir... Mais je m'en fiche. Si je dois partir sans réponse, je partirai loin.

- Je ne comprends pas Jaden.

- Comment ça tu ne comprends pas ? Il faut bien que je vive quelque part non ?

- Mais Jaden ?

- Mais quoi ?

- Mais moi Je ne veux rien signer mon coeur."

Mon visage pâlit.
Avais-je bien compris ?

Mon coeur se mit à battre très fort.
Mes jambes se décrochèrent presque.
J'avais l'impression de m'évanouir.
Je fermai les yeux .

" Maman ? Qu'est-ce que tu as dit ?

- Je ne veux pas que tu sortes de là, Jaden. Choisis. L'armée, la science ou la mort. Dit-elle froidement. "

Je resta muet, pétrifié.

" Je ne peux pas te permettre de sortir. Te revoir c'est revoir ton  père .

- Maman... Tu me fais une blague...

- Jaden, ton père est mort du cancer !

- Et alors ?

-  Son cancer c'était à cause de cette saleté de respiration sous l'eau ! Je ne veux pas te voir mourir dans mes mains comme ton père. Non !

- C'est faux ! Il est mort d'un cancer du colon !

- Non... Ton sort est déjà scellé. Tu ne peux pas vivre avec cet capacité. Et maintenant révélé, ça ne sert à rien de vouloir sortir d'ici. "

Cette fois, j'entra dans une colère noire. Elle n'avait pas l'air de comprendre ! Je sauta sur la table, l'attrapais par le col et l'etrangla à la gorge.

"  T'es même pas fichu de me regarder en face ! C'est quoi cette mère indigne ? Tu vas laisser crever ici ? Impossible ! 

- Lache moi Jaden ! Je suis ta mère !

- Ma mère ? Quel mère ? Non mais je plaisante... Tu as une idée de tout ce que j'ai enduré ici ? De tout ce qu'on m'a fait ?

-  De toute façon tu vas mourir ! Comme ton père  !

- Il est mort de son cancer !

- Non ! Tu ne sais rien ! Il est mort à cause de ça !"

J'eus l'impression de tomber des nues tandis que ma mère continue de pleurer en suffoquant . Je nageai en plein délire c'est sûr. Je la relâcha brutalement.

" Il est mort de  cet capacité. Et je ne t'ai jamais rien dit. Ni à toi mais seulement à son chirurgien. Il est le seul au courant. Parce que personne ne devait savoir ! Il est mort de cette saleté ! Alors Non ! Je préfère que tu meurs dans les mains de l'Etat ! Pas dans mes bras ! Je ne veux pas te voir mourir !

- Alors tu te dégonfle et tu préfères me voir mourir ici ? C'est ce que grand-mère t'a appris ? "

Une gifle s'envola dans mon visage. C'est comme-ci le temps s'était arrêté.
Ma mère respirait de plus en plus fort. Comme-ci la colère montait en elle.
J'étais en plein délire...

-  Il voulait que tu nages ! Voilà ! Tu as réalisé ton rêve ! C'est fait ! Tu n'aurais rien pu faire de plus ! Je voulais que tu profites avant de mourir ! Tu es content ? Maintenant , c'est comme ça ! Tu as cet malformation ! Et tu sais quoi ! Si tu sors d'ici, tu mourras d'une mort lente et douleureuse.

- Tu crois qu'ici c'est mieux ?

- Je le revois encore. Autour de toutes ses machines, ses poumons se remplissant d'eaux et même parfois d'urines... Je le revois se noyer et m'appeler. Toutes ses doses de somnifères, tous ses rendez-vous chez le psychologue... Et me voilà qui devait tout reprendre parce que j'apprends que monsieur Jaden de 6 ans à cet capacité.

- Qu'est...

- Est-ce que tu imagines un instant ma vie Jaden ? Ma vie pendant 2 ans ? Face à tout ses personnels médicaux qui ne pouvaient rien faire pour moi. Tu savais que j'ai fais une tentative de suicide ? Oh... Voir même deux. Tu sais vivre avec un tel secret et commencer à être accusé de tueuse par la belle-famille ça donne des séquelles !

- Maman...

- Donc tu comprends mon fils. Je ne veux pas de ça pour toi. Que diras t-on bientôt dans les journaux ? Parce que si tu veux savoir, tu passes dans tout les magazines. Et tu sais quoi ? Ni pour toi, ni pour moi ce serait bien que tu reviennes. Je t'aime jusque là . Jusqu'à ce point. "

J'eus le sentiment que ma mère s'éloignait dans la pénombre. Comme-ci c'était une personne étrangère qui s'adresse à moi. Des frissons me prirent de haut en bas.
Elle se lèva soudain et elle recula dans l'obscurité, frôlant la porte de sortie . Je tituba vers elle.

" Maman !!

- Je ne peux pas !

- MAMANNNNNNNN !!!!

- Adieu chéri !!!

- MAMANNNNNNNN !!!

- COUPEZ LES COMMUNICATIONS !!"

Je me précipita vers ma mère mais la lourde porte se ferma vigoureusement devant moi.

Les lumières s'éteignirent une fois pour toute. Je resta bouche bée.
Pétrifié.
Je n'avais rien compris.

Maman était parti.