Lui parce que sa femme s'était laissée aller avec un vieil ami
Moi juste parce que j'en avais envie
Et aussi
Parce que j'aimais ça
Et parce que personne ne m'attendait nulle part
Ou ne se laissait aller avec quelqu'un quelque part
Nous avions tous les deux besoins de nous saouler ce soir là
Alors je l'emmène dans ce bar
Le gout de Manon
Car je connais le mec derrière le comptoir
Et parce que le vin y est bon
Et nous n'étions pas les seuls à avoir besoin de nous saouler ce soir là
Il y avait du monde
Pour la plupart des femmes
D'une quarantaine d'années
Légèrement alcoolisées
Un peu paumées
Je ne me souviens pas des autres clients qui se trouvaient à côté
Le barman et les serveurs aussi avaient besoin de se saouler ce soir là
La vie semblait une masse de personnes qui avaient besoin de se saouler ce soir là
Il me racontait ses histoires, nous buvions du rouge
Tandis que les femmes derrière, bougent
Comme bougent leurs filles
Dans des mouvements moins ondulés mais similaires
Et pareil, elles se maquillent
Ainsi qu'elle se coiffent et s'habillent
Ainsi même qu'elle s'abiment
Et elles ont la même tristesse
Dans leurs yeux
La même détresse
Et la même paresse
Toutes deux
Ce n'était pas bon endroit pour nous qui avions besoin de nous saouler ce soir là
Alors il m'emmène, à son tour, dans un bar
Dont j'ai oublié le nom
Et où il n'y avait personne
Et la barmaid était con
On lui commande deux rhum
Sans qu'elle pense à nous encaisser
Nous vidons nos verres d'une traite
Puis, profitons d'une cigarette
Pour partir sans payer
En chemin l'épicier turque avait lui aussi besoin que l'on se saoule ce soir là
Alors on s'arrête pour lui acheter des bières
Et il n'y avait que
Le son grésillant d'un match de foot sur une vieille télévision
Le bruit continu et régulier de la ventilation
Ainsi que celui de la caisse enregistreuse
Qui résonnait dans la cellule
Et en sortant les étudiants qui trainaient dehors n'avaient pas forcément besoin de se saouler
Ce soir là
Si ce n'est pour le désir d'oublier que c'est grâce a papa qu'ils achetaient leur vodka
Si ce n'est pour le désir d'oublier que c'est au détriment de maman qu'ils ne rentraient plus
Le week-end
Sur les conseil de mon ami nous suivîmes le mouvement
Et je me sentis alors incroyablement mal
Mais heureusement il y avait cette bière
Et cette cigarette
Et mon cerveau me criait de rentrer
Mais mes jambes continuaient d'avancer
Car elles aussi
Avaient besoin de se saouler ce soir là
L'ivresse est un des besoins de l'Homme
Au même titre que l'argent
L'amour
Et le sexe.
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Les poèmes liquides
PoesíaNous étions dans ce pub À flâner entre le Billard Et la Tireuse à bière Dans des allers-retours incessants Et la vie semblait se contenter de La taille d'une queue Et la la vie semblait tenir dans Un verre de cinquante centilitres Et c'éta...