trois | scars

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scars : étant donné qu'il est employé ici dans son sens le plus littéral, c'est facile à comprendre je pense :')

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Hellooo !
J'espère que ça va bien :D
Bref, on est au troisième jour donc au troisième prompt, j'ai essayé au maximum de faire des textes un peu mignons pour cette week mais bon, comme vous vous en doutez, c'est pas facile avec ce genre de prompt :') j'ai quand même essayé, dites moi si ça vous fait trop vomir des arc-en-ciel djdj
Sinon, merci à KuroiIkari22, LilyCathy0, Calymonade, trenchaholic, angelwhiteinblack, _Aka-kun_, Suika-Mia, CristalPersonne et Mamar106 pour leurs votes/commentaires et bonne lecture :)

attention : ce texte contient de légers spoilers sur l'arc ADA vs Port Mafia (le tout premier) et sur le film Dead Apple, ainsi que de légères mentions de torture psychologique et physique (mais c'est du hurt/comfort donc ça finit bien !).

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O3 – SCARS

Atsushi avait toujours eu conscience des cicatrices d'Akutagawa. Il savait qu'elles étaient présentes, omniprésentes même. Sur le plan physique ou sur le plan moral, Akutagawa était un homme brisé, qui avait volé en éclats et dont les morceaux s'étaient recollés de manière imparfaite, couturant de cicatrices sa peau et son cœur.

Pendant longtemps, il avait eu peur de ces cicatrices et de ce qu'elles signifiaient. Il avait été effrayé par les blessures qui les avaient causées, et les souvenirs qu'il garderait ancrés en lui.

Akutagawa avait tenté de les lui cacher au début, ces cicatrices. Il avait essayé de ne pas les lui montrer, même si Atsushi les avait déjà entraperçues, derrière la haine et le désir de reconnaissance que le mafieux avait manifestés. Très vite après leur première rencontre, il avait pu voir ces marques du passé.

Plus tard, bien plus tard, il avait pu les comprendre. Il avait pu leur associer, à chacune, une cause. Parfois, elles provenaient de l'abandon auquel il avait fait face alors qu'il était jeune. D'autres fois, elles provenaient de tout ce qu'il avait enduré lorsqu'il avait rejoint la mafia portuaire. Si Atsushi pouvait s'identifier à la première cause, il était démuni face à la deuxième. Il savait que, même avec tous les efforts du monde, il ne pourrait jamais imaginer ce qu'Akutagawa avait enduré au sein de la mafia.

Certaines cicatrices également, les matérielles surtout, venaient aussi de ce qu'il avait connu lors de ses diverses missions. Celles-là aussi, Atsushi ne pouvait pas vraiment imaginer ce qui les avait causées.

Atsushi savait aussi qu'il en avait causé certaines. Lorsqu'ils s'étaient battus, sur le porte-conteneur de la mafia, il lui avait infligé nombre de blessures qu'il regrettait. La première fois qu'il avait vu celles-ci, ces cicatrices de blessures que ses griffes avaient causées, il avait été submergé par la honte. Son petit ami l'avait rassuré, lui avait dit que ces blessures n'étaient rien à part des marques du passé, et qu'il n'y faisait même pas attention. Le détective était persuadé qu'il s'agissait d'un mensonge, mais ce mensonge lui faisait quand même du bien. Il lui permettait d'oublier à quel point il avait pu blesser la personne qui était aujourd'hui l'une des plus importantes pour lui.

Akutagawa, lui, n'avait pas conscience des cicatrices d'Atsushi avant de se rapprocher de lui. À ses yeux, au début, le jeune homme n'était que l'une de ses cibles, un jeune homme doté d'un pouvoir qu'il devait capturer. Une tête mise à prix. Une récompense qu'il devait apporter la mafia.

Il pensait que le jeune homme aux cheveux gris était une personne bien différente de lui. Une personne qui ne savait pas, et ne saurait jamais ce qu'il vivait ou avait vécu. Alors, quand il avait appris que le tigre-garou était un orphelin comme lui, il avait été surpris. Il ne pensait pas que le gris et lui avaient cet aspect de la vie en commun.

Il avait aussi été surpris la première fois qu'il avait vu les cicatrices que portait Atsushi sur son corps. Elles étaient différentes des siennes, évidemment, et pourtant si semblables. Il s'agissait aussi de marques qui témoignaient de la violence qu'il y avait eu dans leurs vies.

En apprenant à connaître le jeune homme, Akutagawa avait appris les causes de ces cicatrices. C'était au cours de toutes les années qu'il avait passées dans son orphelinat qu'il avait reçu toutes ses cicatrices visibles physiquement, lorsque les responsables le punissaient, lorsque ses camarades le rejetaient. Les autres, les cicatrices invisibles, venaient des conséquences de ces mauvais traitements, de ces rejets injustifiés à ses yeux. Les expériences de Shibusawa, et le crime qu'elles avaient poussé Atsushi à commettre, avaient aussi abîmé l'enfant qu'il était à l'époque, et l'adulte qu'il devenait aujourd'hui.

Alors, non, les cicatrices d'Atsushi n'étaient pas comparables aux siennes. Mais elles créaient un autre point commun entre eux : ils portaient tous les deux les marques de leur passé, des marques qui ne quitteraient jamais leur peau. Des marques qui leur rappelleraient jour après jour ce qu'ils avaient vécu, comme si leurs souvenirs ne suffisaient pas.

Comme s'il fallait les faire souffrir un peu plus, en leur laissant des stigmates qui, parfois, de manière presque surnaturelle, devenaient douloureux à nouveau. Sans la moindre explication logique, juste pour raviver leurs souvenirs, pour serrer un peu leur cœur et abîmer un peu plus leur esprit.

Akutagawa se souvenait des longues nuits d'insomnies passées à revivre les moments les plus douloureux de sa vie. A se repasser encore et encore des souvenirs qu'il aurait voulu oublier. Pendant plusieurs années, au moins une fois par semaine, il ne parvenait pas à fermer l'œil de la nuit, hanté par ces souvenirs.

Atsushi aussi, auparavant, ne pouvait parfois pas dormir lorsque les responsables de son orphelinat revenaient peupler son quotidien, lui répétant inlassablement qu'il n'avait pas le droit de vivre et qu'il n'était qu'un monstre. Et, malgré ses tentatives de se persuader qu'ils n'étaient que le produit de son imagination, lorsque cela arrivait, il était sûr de ne pas se reposer de la nuit. Seule la lumière du jour pouvait les faire disparaître.

Ces nuits sans sommeil avaient longtemps peuplé leur quotidien, mais ils avaient fini par y trouver une échappatoire. Lorsque les adultes de l'orphelinat d'Atsushi venaient se moquer de lui, la présence rassurante et inquiétante en même temps d'Akutagawa parvenait à les chasser. Et lorsque le passé de Ryunosuke revenait le hanter, le sourire d'Atsushi chassait même les plus terribles de ses souvenirs.

Atsushi et Akutagawa avaient peu de points communs. Bien au contraire, ils étaient plutôt opposés ; leur caractère, leur manière d'être, même leur apparence physique les présentaient comme de parfaits contraires. Mais parmi les rares similarités qu'ils avaient, il y avait leurs cicatrices. Ces marques, terribles symboles de leur passé, qui avaient pourtant permis de les rapprocher, et même de s'aimer.

LES DÉMONS QUI SONT EN NOUS - 𝘀𝗵𝗶𝗻 𝘀𝗼𝘂𝗸𝗼𝗸𝘂Où les histoires vivent. Découvrez maintenant