Save me n°47

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Je reculais, il avançait. J'avais peur, je crois... Je ne sais pas. J'ai la sensation que j'ai laissé toutes mes fonctions quelque part et que là, je suis incapable de réfléchir. 

-Jungkook...

-Minho...

Il rit, encore. 

Il ne sembla pas le moins sur monde étonné par le fait que je sache son identité. 

-Tu croyais m'échapper, après la fin des cours au lycée, tu croyais que j'allais te laisser t'en sortir comme ça ? -il enleva son masque.

Jimin avait raison, il est devenu massif, il a changé mais on reconnait ses traits de visage. 

-J'espérais.

Je n'avais parlé de ça à personne, pas même à Jimin. Je ne voulais ni en parler, ni y penser, faire comme si ce moment n'avais jamais eu lieu... Parce que j'avais honte.

Je reculais, encore, et il avançait, toujours un peu plus près. A force de reculer comme ça, je voyais mon espérance de vie se raccourcir dangereusement, à un moment, j'allais heurter quelque chose, et à se moment là, je ne pourrais plus reculer et il finirait par m'atteindre.

Mais je reculais quand même. Je reculais de lui pour me rapprocher de la mort un peu plus à chaque fois...

Je regardais autour de moi, la cuisine était hors d'atteinte, par conséquent les couteaux aussi. Il n'y avait pas d'autre arme, et le sac, il était dans la chambre, ce n'était même pas la peine d'y penser.

-Tu espérais que je te laisse tranquille, mais c'est complètement stupide Jungkook. -je sais, pas après ça- Ce jour là, il est gravé dans ma mémoire comme dans la tienne n'est-ce-pas ?

-Comment je pourrais oublier ça hein ? -dis-je avec une vois pas très assurée.

-Tu ne peux pas... Et tant mieux.

J'avais envie de vomir. Je crois que je suis à deux doigts de mourir...

Je ne veux pas me rappeler ce moment affreux, peu avant la fin des cours, quand il m'avait attrapé à la pause, traîné derrière le bâtiment avec sa main sur ma bouche et mon nez qui m'empêchait de crier, de respirer...

Quand il m'a plaqué contre le mur et que sa langue a forcé un passage jusqu'à ma bouche, la violant de toute part. Je me rappelle de ses mains qui passaient sous ma chemise avec brutalité, puis après, plus rien...

Puis quand j'ai enfin repris conscience, il était en dessous de moi, j'étais assis sur son bassin, il avait le nez cassé, des bleus et des plaies partout. Il était comme mort...

Je lui secouais l'épaule mais il ne bougeait plus, je me penchais sur lui, il respirait. Mais c'était juste, son cœur battait lentement, vraiment trop lentement. Je me suis relevé, les jambes tremblantes. Mes mains, elles étaient couvertes de sang, mais pas le mien. J'ai paniqué et je me suis enfui en tenant mon pantalon d'une main, il m'avait retiré ma ceinture...

Je me suis promis ce jour là que je ne frapperais plus personne, je ne voulais pas avoir à refaire face à ce frisson d'horreur, quand j'ai pensé une demie seconde que j'avais battu quelqu'un à mort. 

-Pourquoi tant mieux ? -demandais-je.

J'avais peur. Je ne pourrais plus me défendre comme à l'époque, je ne peux plus lever la main contre qui que se soit, c'est devenu un automatisme... Je reculais encore, la distance entre lui et moi se réduisait aussi vite que celle entre moi et le mur...

-Parce que j'ai une revanche à prendre. -il retira son manteau et le balança dans la pièce- Tu m'a laissé pour mort ! Je veux avoir ce pourquoi j'ai passé des mois à l'hôpital ! -cria-t-il.

Je heurtais le mur.

Il sourit et retira son t-shirt. Il avait des cicatrices, anciennes... C'est moi qui ai fait ça ? 

-Regarde un peu ton œuvre Jungkook, avant que je ne te fasse la même chose ! -je me crispais un peu plus. 

-Ne fait pas ça Minho...

-Je vais me gêner tient ! -il balança son t-shirt sur mon visage- Tu sais quoi ? Non tu ne sais pas bien sûr, comment aurais-tu su, que le type qui a faillit mourir sous tes coups a été dans un coma de trois semaines, qu'ensuite, j'ai dû faire de la rééducation, que pendant tout ça, j'ai dû consulter un psychiatre ? Comment l'aurais-tu su ? 

-T-Tu allais me violer Minho ! -criais-je à mon tour.

Les larmes floutaient mes yeux. Je ne dois pas pleurer, c'est pour les faibles, je ne dois pas pleurer ! 

-Je n'allais pas te violer, j'allais te faire l'amour Jungkook... Mais plus maintenant.

Il ne dit rien de plus et sourit bizarrement avant de se jeta sur moi. 

Une vague de coups de poings me mit à terre, puis des coups de pieds... Je ne sais plus vraiment se qu'il s'est passé, j'ai réussi à me déconnecter, comme avec Yoongi. Je voyais le visage de Tae sous mes paupières. Il me souriait, c'était rassurant...

Je me souviens, à un moment, j'ai ouvert les yeux, je ne voyais pas très bien, c'était flou, mais je reconnaissais la baie-vitrée à côté de moi, je voyais les quelques lumières de la ville dans le coin de mon œil, puis j'ai bougé mes pupilles, je les ai bougé sur le poids que je sentais sur moi. 

C'était lui, même avec les larmes et les coups, je reconnu son visage. Je voulu lui dire d'arrêter, quitte à le supplier, quitte à y laisser mon âme et surtout mon corps mais... Je n'arrivais pas à parler.

Maintenant que je remarquais, je n'arrivais plus à bien penser, je ne sentais plus l'oxygène entrer et caresser mes poumons... Je me sentais léger et lourd à la fois. 

Et là, je sentis un contact nouveau, comme si il venait d'arriver mais qu'il était depuis tout à l'heure, je ne sentais plus rien, rien à part ce contact. Ses mains, autour de ma gorge, qui se resserraient de plus en plus, jusqu'à me faire suffoquer, jusqu'à me faire oublier mon nom, oublier, tout oublier... 

Tout oublier sauf son visage, ce soir là, dans la chambre, avec le clair de Lune qui se baladait librement dans ses cheveux et qui caressait son doux visage... Mais je le savais, je l'avais prédit... J'avais dit que même aux portes de la mort, quand j'aurais oublier le monde et même ma propre existence, son visage serait encré dans ma mémoire comme gravé au fer rouge sur mon cerveau.

Et puis j'oubliais, j'oubliais tout, et mes yeux se fermèrent sur les lumières de la ville, sur cette vue que j'ai cherché pendant des années. Puis une fois mes yeux fermés, quand il ne restait plus que son visage pour me tenir compagnie, quand je ne sentais plus ses mains, ni son poids sur moi, ni la douleur, ni même mon propre corps, son visage était là, souriant, comme au premier jour, quand je l'ai aperçu dans le hall de l'entreprise, les mains dans les poches et un sourire au lèvres...

Il était si beau...

Et puis je ne vis même plus son visage, son souvenir se fanait dans mon esprit.

Maintenant, mon esprit ne me tient même plus compagnie...

I'm fineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant