Changement

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Je me réveille tranquillement mais je suis rapidement éblouie par le soleil alors je me retourne brusquement en grognant dans mon oreiller. Je tombe nez à nez avec Sylvain qui respire fort ce qui me fait lâcher un léger rire. Je le sens bouger et je me retourne dans l'autre sens par peur qu'il me voit en essayant de me retenir de pouffer de rire.

Je me saisis de mon téléphone et check les quelques notifications que j'ai reçu pendant la nuit, même si la majorité sont sans grande importance, mon attention se porte sur un message que j'ai reçu pendant la nuit.



De Anli :

Je t'ai vu sourire derrière ton viseur pendant le concert. On ne le fait pas à moi...


Je relis plusieurs fois le message n'ayant pas compris à quoi il faisait référence. Une fois que j'avais saisis le message un rire s'échappa de ma bouche. Je ne savais pas à quoi Ob avait pensé en m'envoyant ce message, mais en tout cas il ne pensait pas comme moi, et cela me faisait bien rire. J'entendis Sylvain se lever du lit, je me retournai une énième fois pour enfin lui faire face. Il était de dos, assis sur le lit, en tee-shirt et caleçon, je laissais mon regard se déplacer sur le physique de mon compagnon de chambre. Je souriais bêtement en repensant au message d'Obwan.

Sylvain se retourna et heureusement pour moi il ne m'avait pas vu. Il me sourit et partit à la douche. Pendant ce temps je préparais mes affaires pour aller me laver. Un silence régnait rapidement brisé par la voix de Sylvain qui chantait comme un barge dans la douche. Je ne pouvais plus me retenir de rire et celui-ci le remarqua en boudant :


« Mais à quel moment tu te fous de ma gueule ?! Et en plus à ce que je sache, dans le van, tu chantais comme une folle, non ?

-Mais pas du tout, je ne me moquais pas. J'admirais ta belle voix stridente sous la douche... dis-je en continuant de rire »



Et bizarrement, dès que ces quelques mots furent prononcés, le message d'Obwan me revint en tête. Mon rire se stoppa instantanément faisant stresser l'homme sous la douche.



« Eh, Ari ? ça va ?

-Ah... euh... ouais désolée je réfléchissais

-Tu m'as fait peur putain, j'entendis un rire s'échapper de la salle de bain, évite de recommencer hein ?

-Ouais t'inquiètes pas »


Quelques minutes plus tard, il sortit de la salle de bain en serviette laissant son torse nu. Je ne pus m'empêcher de le regarder brièvement. Mais le message d'Anli continua de me hanter, je pris rapidement mes affaires et m'enferma dans la salle de bain morte de honte, je ne sais vraiment pas pourquoi d'ailleurs...

[...]

Sylvain et moi étions prêts à sortir mais les autres loustiques, qui avaient fait un peu trop la fête hier soir, dormaient encore. Nous avons donc décidé de sortir se balader tous les deux dans Orléans, visiter un peu et tout. Nous sommes dimanche matin donc comment dire qu'il n'y a pas foule dans les rues. Nous avons décidé de se poser sur l'herbe dans un parc en mangeant des churros au Nutella. Et pour une fois ce n'est pas moi qui avais insisté pour prendre le Nutella, même si je n'ai pas prôné le contraire...

Il me parlait des anecdotes de ses concerts avec les gars. Plus il me racontait ses histoires, plus mon rire s'accentuait et je commençais à pleurer de rire. Le temps passait sans que nous nous rendions compte, et cela allait bientôt faire une heure qu'on parlait de tout et de rien. Vinsi reçue un message de Pauline qui nous demandait de revenir à l'hôtel car on devait reprendre la route pour la prochaine date. On se leva et rentra à l'hôtel en continuant de se raconter des anecdotes sur nous.

Arrivés à destination, les gars avaient déjà mis nos affaires, qu'on avait déjà préparé, dans le coffre du mini-bus. On se plaça tous à l'intérieur, Rémi et Vinsi à l'avant, Vincent et moi à l'arrière et Obwan au milieu.

Pauline avait pris le train pour rentrer en urgence à Paris à la maison de disques, je me retrouvais donc seule entourée de ses quatre fous même si je soupçonne Sylvain d'être moins dingue que les autres et d'être plus de mon côté, dans le côté des sages.

Ça faisait quelques minutes que nous avions pris le départ pour la prochaine date : Le Havre. C'était une petite ville sympatoche du nord de la France qui m'avait, pendant longtemps, attirée. Même s'il faisait froid l'atmosphère qui y régnait m'apaisait, mais c'est finalement Sarlat qui avait gagné mon cœur.

Vincent commençait à s'endormir sur moi, sa tête sur mes jambes. Il avait l'air si tranquille que j'avais envie de lui faire des petites papouilles dans les cheveux. Alors que je m'apprêtais de poser ma main sur son cuir chevelu, le message d'Obwan me revint en tête et je reposai ma main assez brusquement sur le siège. Ce message me hantait, j'en avais plus que marre et il fallait que je comprenne pourquoi Ob avait dit ça.



Message à Anli :

On peut parler à la prochaine pause, ton message me torture l'esprit.



Je mis mon téléphone dans ma poche, et regarda le paysage. J'entendis un petit rire étouffé de Anli qui venait sûrement de lire mon message. Il me regarda, joua avec ses sourcils et sourit de plus belle. Je pus lire sur les lèvres : « je le savais », suivit d'un clin d'œil.



« Tu ne sais rien, puisqu'il n'y a rien, dit-je à haute voix

-Mais oui c'est cela... dit-il avec un air pas convaincu

-Bah oui, pour être candidat, il faut déjà avoir un dossier et surtout faudrait avoir l'envie de postuler. Ce que je n'ai pas...

-On en reparle bientôt quand tu seras admise... »


Aucun des garçons ne pouvaient comprendre de quoi on parlait, et c'était plutôt drôle d'ailleurs, mais Anli et moi comprenions bien la métaphore et il jouait bien, ce qui avait le don de m'énerver.



« Tu veux postuler quelque part ? demanda Sylvain

-euh non... euh enfin... si. Je cherche une école pour la suite de mes études. »


Je voulais tuer Anli qui me regardait du coin de l'œil avec son air victorieux.



« Bah c'est cool tout ça !

-Ouais ! euh on peut mettre de la musique ?

-Euh ouais pas de soucis... »


Je sentais une pointe d'incompréhension dans sa voix, mais il mit la musique quelques secondes plus tard. Je sentis Vincent se réveiller et se redresser à l'entente de la musique. Il hurla les paroles qui passaient avec sa voix encore toute endormie ce qui fit rire tout le mini-bus. L'ambiance était revenue et tout le monde chantaient. Un deuxième message vient me sortir de ma séance intensive de karaoké.


Message de Sylvain :

Ça va ? Tu ne m'as pas semblé bien tout à l'heure...


Message à Sylvain :

Oui t'inquiète c'est juste Obwan qui me chari sur un délire


Je regardai Sylvain un moment ce qu'il remarqua avec le miroir du pare-soleil. On se fixa quelques minutes en s'interrogeant du regard mutuellement.

Il s'inquiétait pour moi et je trouvais ça mignon. Les garçons, en quelques jours à peine, devenaient une sorte de deuxième famille. Je les aime bien en fin de compte, et je sens déjà que, quand je vais devoir les quitter dans 9 jours, ça va être plus que compliqué de revenir à ma « vie d'avant ».

Je me posai un peu mieux dans mon siège et fixa le paysage qui défilait sous mes yeux, je laissais mon esprit divaguer à ma soirée d'hier. Mais mon cerveau ne pouvait s'empêcher de penser à Sylvain et à son inquiétude qui me touche...

Je déteste Obwan d'avoir retourné mon cerveau.

Sylvain (VSO)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant